Rodhain, Alphonse Hubert Jérôme (1876-1956)

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Médecin et spécialiste en médecine tropicale et surtout en matière de maladie du sommeil. Rodhain est né le 25 janvier 1876 à Herselt et décédé le 26 septembre 1956 à Tervuren.

Parcours et carrière

Jérôme Rodhain étudia la médecine à l’Université de Louvain. Il y rencontra Alphonse Broden, un camarade de classe. Tous deux furent actifs en tant qu’étudiants au laboratoire de Joseph Denys. Rodhain termina ses études de médecine en 1899. Entre 1899 et 1903, il fut actif comme assistant dans le laboratoire bactériologique de Denys. En 1903, Rodhain partit en direction de l’État indépendant du Congo. Il fut encouragé à s’y rendre par Denys et Broden. Ce dernier était depuis 1900 à la tête du tout nouveau laboratoire bactériologique de Léopoldville. Pendant ses premières années dans la colonie, il fut actif en tant que médecin de l’État-civil dans la région d’Ubangi et il participa également à une expédition militaire contre le sultan Djabir, un chef des Zandé.

Dès 1907, il se mit à travailler à l’hôpital pour « indigènes » et à l’hôpital militaire pour la maladie du sommeil à Léopoldville, qui entretenait des liens étroits avec le laboratoire de Léopoldville. À l’époque, il commença aussi à collaborer plus systématiquement avec Broden et ce, surtout en matière de recherche et de traitement de la maladie du sommeil.

Dès 1909, Broden travailla à nouveau pour l’État belge colonial. Il accompagna le Ministre des Colonies, Jules Renkin, pendant son voyage au Congo. Entre 1911 et 1912, Rodhain mena une expédition scientifique à Katanga. Il y fît de la recherche sur la maladie du sommeil et sur la manière dont elle a été répandue par la mouche tsé-tsé. Entre 1913 et 1915, il voyagea dans la région autour de la rivière Uélé, à nouveau dans le but d’étudier la maladie du sommeil.

Durant la Première Guerre mondiale, Rodhain se trouvait à la tête des services de soins de santé de la Force publique, l’armée coloniale, qui était impliquée dans la bataille de Tabora et de Mahenge dans ce qui était autrefois l’Afrique orientale allemande. Il fit du besoin une vertu et étudia entre-temps les maladies des soldats et des porteurs. Après la guerre et un séjour en Belgique, Rodhain devint médecin en chef à Boma et il fut actif en tant que chercheur au laboratoire de Léopoldville. Entre 1919 et 1923, il fut membre de la Commission pour la Protection des Indigènes, un organisme de conseil colonial. Il y co-écrivit un rapport sur la détérioration de la situation médicale et démographique de la population congolaise.

Rodhain était membre d’un réseau belge et international de médecins et de spécialistes en médecine tropicale. Il se rendait régulièrement à des conférences en Belgique et à l’étranger et contribuait à de nombreuses revues médicales. Il visita également de prestigieuses institutions comme l’institut Pasteur à Paris. Il collabora aussi avec des savants étrangers, avec qui il échangea souvent desinformations et desmédicaments. Il entretenait surtout des liens étroits avec les scientifiques français qui effectuaient des recherches et des manipulations similairesjuste de l’autre côté du fleuve Congo à Brazzaville, dans le Congo français. Il reçut aussi des savants étrangers, comme Claus Schilling, un médecin allemand originaire du Togo. Rodhain se montra grand partisan à davantage de collaboration internationale, particulièrement dû au manque de soutien systématique de l’administration coloniale.

En 1925, il mit un terme à sa carrière coloniale et retourna en Belgique. Là-bas, il combina ses recherches et l’enseignement avec la construction d’instituts de médecine tropicale. Il était professeur de protozoologie et chercheur en laboratoire à l’École des maladies tropicales de Bruxelles qui était dirigée par Broden. Lorsque ce dernier mourut en 1929, Rodhain prit la relève. Sous sa direction, l’institut déménagea à Anvers en 1933 et changea de nom (l’Institut de Médecine Tropicale Prince Léopold). Il devint alors le principal centre d’enseignement et de recherche dans le domaine de la médecine tropicale en Belgique. Rodhain dirigea l’institut jusqu’à sa retraite en 1947.

De 1925 à 1933, Rodhain était professeur à l’école spéciale de commerce, qui était rattachée à la faculté de Droit de l’Université de Gand. En outre, il enseignait également à l’Institut universitaire des Territoires d’Outre-Mer. Par la suite, il put à nouveau consacrer plus de temps à ses recherches pour lesquelles il retournait régulièrement au Congo. Il resta très productif, bien qu’il fût souvent affecté par des maladies. Rodhain était membre de nombreux organismes (coloniaux) consultatifs et scientifiques dont l’Académie royale de médecine de Belgique, l’Académie Royale des Sciences d’Outre-Mer, l’Institut National pour l'Étude Agronomique du Congo belge, l’Institut pour la Recherche scientifique en Afrique centrale et la Croix-Rouge de Belgique ainsi que la Société belge de biologie et la Société belge de médecine tropicale. Il décéda finalement à la suite decomplications dues à une maladie qu’il attrapa au Congo.

Travaux

Rodhain publia plus de 300 travaux entre 1903 et 1956. Sa spécialité était le diagnostic et le traitement d’une multitude de maladies présentes dans les régions tropicales, dont la maladie du sommeil, la malaria et les filarioses.

Il découvrit que l’étude cytologique et chimique du liquide céphalo-rachidien permettait d’identifier la maladie du sommeil, ainsi que la fièvre récurrente à poux (FRP). En collaboration avec Broden, il décrivit les différents trypanosomes, des protozoaires parasitaires unicellulaires appartenant au genre Trypanosoma de la famille des Trypanosomatidae , qui causent la maladie du sommeil aussi bien chez les hommes que chez les animaux. Durant ses diverses expéditions, il étudia les mouches qui transmettaient la maladie du sommeil, dont la Glossina Morsitans.

Ensemble, Rodhain et Broden étudièrent et essayèrent également différents traitements tels que les injections de potassium ou encore le traitement à l’arsenic. De plus, ils poursuivirent le développement de la chimiothérapie à partir des travaux du scientifique allemand, Paul Ehrlich. Ils entretinrent de bonnes relations avec leurs collègues allemands et se partagèrent ainsi du matériel. De nouveaux médicaments et traitements expérimentaux et souvent dangereux étaient fréquemment testés sur des patients africains.

En ce qui concerne les filarioses, Rodhain étudia la maladie des vers qui provoquaient ces pathologiesainsi que les différentes formes anatomiques que ces vers pouvaient prendre. Il entreprit donc des études aussi bien auprès des hommes que des animaux. Il mena aussi une autre étude sur la malaria, et plus particulièrement auprès des chimpanzés et des rongeurs. Les études de Rodhain sur les animaux furent facilitées grâce à ses contacts avec le zoo d’Anvers et ses parties de chasse privées. Il fut alors davantage impliqué dans la conception de mesures contre la malaria, et devint président d’une commission formée par le ministère des Colonies afin de les concevoir.

En raison de ces études innovantes, Rodhain est et était souvent vu comme le fondateur de la médecine tropicale. Il critiquait régulièrement la gestion sanitaire de l’État colonial, souvent du point de vue médical, mais aussi parce que les responsables politiques ne l’écoutaient pas assez et ne reconnaissaient pas son expertise à sa juste valeur, à l’inverse des scientifiques étrangers.

Honneurs

Rodhain était membre honoraire de nombreuses sociétés dans d’autres pays, et plusieurs autres sociétés étrangères lui remirent une décoration. Il était membre honoraire de la Société de Pathologie Exotique (Paris), de la Royal Society of Tropical Medicine and Hygene(Londres), de l’American Academy of Tropical Medicine et de l’American Society of Tropical Medicine.

Il reçut la médaille d’or de A. Laveran (Société de Pathologie Exotique de Paris), la médaille B. Nocht (Institut fürSchiffs- und Tropenhygiene à Hamburg), la Mary Kingsley Medal (Liverpool School of Tropical Medicine), la médaille P. Manson (London School of Tropical Medicine) et la médaille Eijkman (Eijkman-Amsterdam Foundation). En 1953, la Faculté de Médecine de Paris lui remit le prix E. Brumpt. Au Portugal, il fut nommé professeur honoraire de l’Institut de Médecine Tropicale. L’Académie royale de Médecine le récompensa également avec le prix quinquennal des sciences médicales en 1941.

De plus, il reçut également de nombreuses distinctions honorifiques militaires et civiles, aussi bien en Belgique qu’à l’étrangerdontle titre de Grand officier de l’Ordre de la Couronne, le titre de Commandeur de l’Ordre de Léopold, le titre de Commandant de l’Ordre de l’Étoile africaine, le titre de Commandeur de l’Ordre royal du Lion, le titre d’Officier de la Légion d’Honneur, l’Ordre du Service distingué (Distinguished Service Order), le titre de Commandant de l’Ordre militaire du Christ au Portugal et la Croix de Guerre belge avec des palmes, ainsi que la Médaille Commémorative des Campagnes d’Afrique.

Ouvrages

Une liste complète des travaux peut être consultée dans: Dubois, A., ‘J. Rodhain, notice nécrologique’, Bulletin des Séances. Académie Royale des Sciences Coloniales, 1 (1957) 159-190.

Bibliographie

  • Dubois, A., ‘J. Rodhain, notice nécrologique’, Bulletin des Séances. Académie royale des Sciences Coloniales, 1 (1957) 159-190.
  • Dubois, A., ‘RODHAIN (Alphonse-Hubert-Jérôme)’, Biographie Coloniale Belge, VI (Brussels 1968) 858-861.
  • Janssens, P.G., ‘Jerome Rodhain (1876-1956)’, Liber Memorialis 1913-1960 (Gent, 1960), volume 3, 293-306 (met bibliografie).
  • Janssens, P.G., ‘Rodhain, Jérôme, geneesheer, hoofdgeneesheer van Belgisch Kongo, hoogleraar’, ‘’Nationaal Biografisch Woordenboek’’ 2 () col. 740-744.
  • Mertens, M., and Lachenal, G., ‘The History of “Belgian” Tropical Medicine from a Cross-Border Perspective’, Revue belge de Philologie et d’Histoire, 90 (2012) 1249–71.
  • Mertens, M., ‘’Chemical compounds in the Congo: pharmaceuticals and the 'crossed history' of public health in Belgian Africa (ca. 1905-1939)’’, onuitgegeven doctoraatsthesis, Gent 2014.
  • Schalbroeck, E., “The Commission for the Protection of the Native Population and Belgian Colonialism”, onuitgegeven doctoraatsthesis, Cambridge 2019.