Difference between revisions of "L’Université belge d'Amersfoort (1915)"
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<br/> Mais pour Collard, l’Université avait un intérêt supplémentaire, comme il l'écrivit dans sa brochure ''L’université belge d’Amersfoort'' (1915). En effet, elle lui offrait l'occasion de développer un projet pilote: un programme d’enseignement fondé sur la liberté totale. Les professeurs pouvaient bénéficier de cette liberté : ils pouvaient créer leur propre chaire et concevoir librement leurs cours, sans être entravés par les manuels scolaires, les traditions et les plans de cours. Mais cette liberté absolue devait aussi être accordée aux étudiants. Ceux-ci ne devaient passer ni tests d'admission, ni examens, et pouvaient choisir leurs cours selon leurs goûts. Selon Collard, l'université n’était de cette manière plus seulement un tremplin vers un gagne-pain ; la science avait de la valeur en soi, tandis que la récompense de l’étude se trouvait dans l'acquisition du savoir. La description de Collard était en contraste frappant avec la réalité de l’Université où les livres et le matériel manquaient, alors que les professeurs et les étudiants vivaient en exil. Collard essayait clairement de tirer le meilleur profit des tristes circonstances dans lesquelles il vivait. En ce sens, l’université était sans doute avant tout un refuge vis-à-vis de l'enfermement et de la réalité quotidienne. | <br/> Mais pour Collard, l’Université avait un intérêt supplémentaire, comme il l'écrivit dans sa brochure ''L’université belge d’Amersfoort'' (1915). En effet, elle lui offrait l'occasion de développer un projet pilote: un programme d’enseignement fondé sur la liberté totale. Les professeurs pouvaient bénéficier de cette liberté : ils pouvaient créer leur propre chaire et concevoir librement leurs cours, sans être entravés par les manuels scolaires, les traditions et les plans de cours. Mais cette liberté absolue devait aussi être accordée aux étudiants. Ceux-ci ne devaient passer ni tests d'admission, ni examens, et pouvaient choisir leurs cours selon leurs goûts. Selon Collard, l'université n’était de cette manière plus seulement un tremplin vers un gagne-pain ; la science avait de la valeur en soi, tandis que la récompense de l’étude se trouvait dans l'acquisition du savoir. La description de Collard était en contraste frappant avec la réalité de l’Université où les livres et le matériel manquaient, alors que les professeurs et les étudiants vivaient en exil. Collard essayait clairement de tirer le meilleur profit des tristes circonstances dans lesquelles il vivait. En ce sens, l’université était sans doute avant tout un refuge vis-à-vis de l'enfermement et de la réalité quotidienne. | ||
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− | + | |<big><font color="DC143C">''"Elle restera l’une des institutions<br/> les plus originales et le plus touchantes<br/> que les graves évènements dont nous<br/>sommes les témoins,auront fait<br/>surgir sur le sol accueillant et<br/> hospitalier de la Hollande." (Collard)''</font></big><ref>Collard, F., ''L’université belge d’Amersfoort'', 1915, 19.</ref> | |
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Revision as of 13:12, 19 January 2017
Belges en fuiteAprès l'invasion allemande de la Belgique en 1914, près d'un million de Belges, civils et militaires, s’enfuirent aux Pays-Bas, demeurés neutres.[1] Conformément au Traité de paix de La Haye de 1907, ils furent logés dans des camps. Les soldats en fuite furent placés dans des camps d’internement étroitement surveillés. Pour les civils et les familles des soldats, il y avait ce qu’on appelait des «refuges». Les camps étaient répartis à travers tout le pays. Une grande partie de ces réfugiés, à peu près 19.000 hommes, femmes et enfants, échouèrent à Amersfoort. Cet afflux fut tellement important que le nombre d'habitants de cette tranquille petite ville de province doubla d’un seul coup. Les soldats furent logés dans la caserne de Soesterberg, nommée Camp Zeist. Pour les familles des soldats, on construisit dans les environs trois « colonies » de maisons en bois, Albertsdorp, Elisabethdorp et Nieuwdorp. Amersfoort devint alors le plus grand centre d'accueil pour les demandeurs d’asile belges.
Appel à la solidarité intellectuelle
A l'école sous surveillance
Initialement, l’idée de Collard était de laisser les étudiants internés au camp se rendre jusqu'au collège de l'Université d'Utrecht, situé non loin de là. Cependant, le ministère de la guerre néerlandais rejeta cette proposition, Utrecht étant une place-forte. Le gouvernement belge, impliqué dans le projet, plaida aussi contre cette idée. Il voulait éviter que les jeunes Belges se lient d'amitié avec les étudiants néerlandais, et soient moins désireux de revenir en Belgique après la guerre. Début décembre, les dés étaient jetés. Le « Amersfoortsche Courant » rapporta que l'administration communale d'Amersfoort, la « ville belge », allait mettre des locaux à disposition de l’université. Les étudiants inscrits, répartis à travers tout le pays, furent transférés le 2 janvier 1915 au Camp Zeist. Tous étaient logés dans la même caserne. Chaque jour, ils devraient être amenés sous escorte armée à la ville d'Amersfoort afin d'assister aux cours.
Le savoir, rempart contre la guerre
Lors de l'établissement de l'horaire des cours, aucune distinction par discipline ne fut instituée, ainsi qu'en atteste Collard. C'est la disponibilité des professeurs qui détermina la composition de la grille horaire. Pourtant le cursus englobait, selon lui, les aspirations universelles d'une formation universitaire. Les matières étaient « des études que tout lettré ne peut ignorer ». Plus encore qu’une formation scientifique, les cours avaient, aux yeux de Collard, une fonction moralisatrice. Ils distrayaient les exilés et permettaient de maintenir un lien affectif avec la patrie. Les cours faisaient revivre les souvenirs des leçons de leurs «grands maîtres» d'avant la guerre. Par-dessus tout, l'engagement intellectuel des jeunes gens devait faire office de balise contre la décadence morale de la guerre.
La fin de l'université éphémère
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Références
- Collard, F., L’université belge d’Amersfoort, 1915.
- Divers articles de journaux digitalisés sur Archief Eemland, entre autre:
- "Professeur A. K. Noyons uit Leuven hier te lande", dans: De Tijd, 19 nov. 1914, 1.
- Schrijnen, Joseph, "Aan de Belgische professoren en studenten vertoevende in Nederland", dans: De Tijd, 19 nov. 1914, 1.
- Schrijnen, Joseph, "Aan de Belgische professoren en studenten vertoevende in Nederland", dans: Amersfoortsche Courant, 21 nov. 1914, 2.
- "Geïnterneerde Belgische studenten", dans: Amersfoortsch Dagblad / De Eemlander, 12 jan. 1915, 4.
- [Naamloze melding], dans: Amersfoortsche Courant, 3 déc. 1914, 2.
- [Naamloze melding], dans: Nieuwe Amersfoortsche Courant, 20 jan. 1915, 2.
- "Geïnterneerdenuniversiteit"", dans: Amersfoortsch Dagblad / De Eemlander, 17 juin 1915, 3.
- "De Belgische studenten", dans: Amersfoortsch Dagblad/ De Eemlander, 11 nov. 1915, 4.
- "Een Belg over Amersfoort", dans: Amersfoortsch Dagblad/ De Eemlander, 3 nov.1914, 4.
- "Belg. Universiteit", dans: De Eembode, 8 oct. 1915, 2.
- Coorde, Kris, 10 oktober 1918: Belgen vluchten naar Nederland (deel 2/2). Na de val van Antwerpen, consulté le 12/11/2014.
- De Borger, Ariane, De herinneringen van Peter, consulté le 30/11/2014.
- Lippkes, Jeff, Rehearsals: The German Army in Belgium, August 1914, Louvain, 2007.
- “In memoriam Prof. dr. A. K. M. Noyons (1878-1941)”, dans: Nederlands Tijdschrift voor Geneeskunde, 1941.
- Mohrmann, C., “Schrijnen, Joseph Charles François Hubert (1869-1938)”, dans: Biografisch Woordenboek van Nederland.
- Aerts, A., Collard, François Louis Ghislain, dans: Nationaal biografisch woordenboek, 1 (1964), 319-321.
Notes
<references>- ↑ Une centaine de milliers de ces réfugiés y restèrent jusqu'à la fin de la guerre.
- ↑ C’est seulement à partir du milieu de l'année 1915 que les soldats belges furent autorisés à chercher un emploi en dehors des camps.
- ↑ Une tentative antérieure visant à relancer l’enseignement louvaniste à l'Université de Cambridge se solda par un échec en raison du manque d'étudiants et de professeurs. Une proposition similaire de l'Université d'Oxford échoua pour les mêmes raisons.
- ↑ En outre, une centaine d'étudiants belges non internés dans les camps s'inscrivirent également. Dans leur cas, l'enseignement fut organisé à l'Université d'Utrecht. Ceux qui suivaient des études d’ingénieur furent dirigés vers l'Université technique de Delft.
- ↑ D'autres enseignants parmi lesquels se trouvaient le professeur de littérature Fernand Séverin de Gand, le professeur Deschamps de l’Ecole de commerce d’Anvers, les professeurs Van der Linden de Liège et De Muynck de Louvain, se présentèrent également, de même que Frans van Cauwelaert, mais leurs noms ne furent pas repris sur la liste finale des professeurs.
- ↑ Les toutes premières leçons furent encore données dans la caserne d'infanterie d’Amersfoort.
- ↑ Les sources écrites sur l'emplacement exact de l'université provisoire ont disparu. Le bâtiment fut par ailleurs démoli dans les années 1970.
- ↑ Du côté belge : Major A. Rabozée, les capitaines E. Baudelet et P. Gillet (Royal Military Academy), Victorien Antoine, François Collard et Albert Michotte (Université de Louvain), Leo van Puyvelde (Université de Gand), F. Sterkens (Athénée de Gand), L. Halkin et Ch. Wauters (Université de Liège) et Jules Verschaffelt (Université de Bruxelles)). Du côté néerlandais : major général G.H. Knel, premier lieutenant H.V.J. van Stockum, lieutenant G. Blutz, Recteur Herman Snellen, J. Th. Beysens, E. Kruisinga, J.W. Muller, J.F. Niermeyer, H.F. Nierstrasz, A.A. Nijland, C.A. Pekelharing, P. Van Romburg, Joseph Schrijnen, D. Simons et Th. Strengers (lecteur) (Université d’Utrecht), M. Van Overeen (Lycée d’Utrecht), J. Polak (Expert Comptable, Rotterdam), J. Eggen (Université d’Amsterdam), A. Halberstadt (professeur au gymnase d'Amersfoort), J.G. Volmer (Ecole Polytechnique de Delft, La Haye) et B. Missiaen (docteur en sciences politiques).
- ↑ En Belgique, l'enseignement supérieur néerlandophone n'était pas encore établi. Le fait qu’une partie des leçons soit donnée dans cette langue était la conséquence de la collaboration de professeurs néerlandais.
- ↑ Collard, F., L’université belge d’Amersfoort, 1915, 19.