Difference between revisions of "Seconde Expédition antarctique belge (1957-1959)"
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Expédition scientifique en Antarctique, sous la conduite de [[Gerlache de Gomery, Gaston de (1919-2006)|Gaston de Gerlache de Gomery]]. Elle eut lieu en 1957, dans le cadre de la [[Troisième Année Géophysique Internationale]].<br/> | Expédition scientifique en Antarctique, sous la conduite de [[Gerlache de Gomery, Gaston de (1919-2006)|Gaston de Gerlache de Gomery]]. Elle eut lieu en 1957, dans le cadre de la [[Troisième Année Géophysique Internationale]].<br/> | ||
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<br/>C’était donc avec cette primeur à l’esprit que le météorologue [[Hoge, Edmond|Edmond Hoge]], de l’[[Institut royal météorologique de Belgique - Koninklijk meteorologisch instituut van België|Institut royal météorologique de Belgique]], proposa à l’[[Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique - Koninklijke Vlaamse Academie van België voor wetenschappen en kunsten| Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique]] une nouvelle expédition belge en Antarctique. Il ne parvint cependant pas à susciter l’enthousiasme parmi les académiciens. Le capitaine de l’aviation militaire [[Bastin, Frank|Frank Bastin]] et le météorologue et baron Xavier de Maere d’Aertrycke prennent ensuite le relai d’Hoge, étendant leur champ d’action au monde politique. Mais celui-ci ne prête guère plus d’attention au projet. Les pouvoirs publics semblent peu intéressés par une nouvelle expédition belge au Pôle Sud. Pourtant, ils avaient fait savoir au début des années 1950 aux États présents en Antarctique que la Belgique, en vertu de son lien historique avec le sixième continent, voulait et devait être impliquée dans une exploitation future de ses richesses minérales. Il est cependant clair que cette prétention plus historique que juridique n’impressionnait pas les grandes puissances. | <br/>C’était donc avec cette primeur à l’esprit que le météorologue [[Hoge, Edmond|Edmond Hoge]], de l’[[Institut royal météorologique de Belgique - Koninklijk meteorologisch instituut van België|Institut royal météorologique de Belgique]], proposa à l’[[Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique - Koninklijke Vlaamse Academie van België voor wetenschappen en kunsten| Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique]] une nouvelle expédition belge en Antarctique. Il ne parvint cependant pas à susciter l’enthousiasme parmi les académiciens. Le capitaine de l’aviation militaire [[Bastin, Frank|Frank Bastin]] et le météorologue et baron Xavier de Maere d’Aertrycke prennent ensuite le relai d’Hoge, étendant leur champ d’action au monde politique. Mais celui-ci ne prête guère plus d’attention au projet. Les pouvoirs publics semblent peu intéressés par une nouvelle expédition belge au Pôle Sud. Pourtant, ils avaient fait savoir au début des années 1950 aux États présents en Antarctique que la Belgique, en vertu de son lien historique avec le sixième continent, voulait et devait être impliquée dans une exploitation future de ses richesses minérales. Il est cependant clair que cette prétention plus historique que juridique n’impressionnait pas les grandes puissances. | ||
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<br/>L’expédition était équipée de tout le matériel scientifique nécessaire, sélectionné sur conseil du [[Comité Belge de l’Année Géophysique Internationale]]. Une attention particulière fut portée aux instruments météorologiques capables de communiquer leurs résultats à distance, de sorte qu’aucune sortie inutile hors de la base ne soit nécessaire. L’expédition disposait en outre de trois véhicules à chenille, d’un avion et d’un hélicoptère. En plus des scientifiques, on trouvait à bord des brise-glace des hommes d’équipage, un cuisinier, un médecin, quelques mécaniciens, et un photographe aérien et pilote, le Prince Antoine de Ligne. Le météorologue De Maere faisait aussi office de capitaine second. | <br/>L’expédition était équipée de tout le matériel scientifique nécessaire, sélectionné sur conseil du [[Comité Belge de l’Année Géophysique Internationale]]. Une attention particulière fut portée aux instruments météorologiques capables de communiquer leurs résultats à distance, de sorte qu’aucune sortie inutile hors de la base ne soit nécessaire. L’expédition disposait en outre de trois véhicules à chenille, d’un avion et d’un hélicoptère. En plus des scientifiques, on trouvait à bord des brise-glace des hommes d’équipage, un cuisinier, un médecin, quelques mécaniciens, et un photographe aérien et pilote, le Prince Antoine de Ligne. Le météorologue De Maere faisait aussi office de capitaine second. |
Latest revision as of 10:45, 5 February 2019
Expédition scientifique en Antarctique, sous la conduite de Gaston de Gerlache de Gomery. Elle eut lieu en 1957, dans le cadre de la Troisième Année Géophysique Internationale.
Historique
Lobbying et préparation
Au cours des années 50, des projets pour une nouvelle Année Géophysique Internationale virent le jour. Celle-ci devait avoir lieu en 1957-1958. Le Comité de l’AGI se mit à la recherche de pays susceptibles de joindre leurs efforts pour une campagne de recherches centrées cette fois sur le Pôle Sud ; et ce, par la création de bases temporaires sur le sixième continent.[1] Les scientifiques belges se sentaient aussi concernés par cet appel. Les Belges avaient un lien historique avec le Pôle Sud. En 1897 déjà, sous la conduite d’Adrien de Gerlache, une expédition belge avait parcouru les étendues désertiques du continent antarctique. L’équipe de de Gerlache père avait été la première à effectuer un hivernage au milieu des glaces polaires.
C’était donc avec cette primeur à l’esprit que le météorologue Edmond Hoge, de l’Institut royal météorologique de Belgique, proposa à l’ Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique une nouvelle expédition belge en Antarctique. Il ne parvint cependant pas à susciter l’enthousiasme parmi les académiciens. Le capitaine de l’aviation militaire Frank Bastin et le météorologue et baron Xavier de Maere d’Aertrycke prennent ensuite le relai d’Hoge, étendant leur champ d’action au monde politique. Mais celui-ci ne prête guère plus d’attention au projet. Les pouvoirs publics semblent peu intéressés par une nouvelle expédition belge au Pôle Sud. Pourtant, ils avaient fait savoir au début des années 1950 aux États présents en Antarctique que la Belgique, en vertu de son lien historique avec le sixième continent, voulait et devait être impliquée dans une exploitation future de ses richesses minérales. Il est cependant clair que cette prétention plus historique que juridique n’impressionnait pas les grandes puissances.
Une troisième tentative de recevoir des subsides, plus insistante, suivit peu après. Le fer de lance en était Gaston de Gerlache de Gomery, le fils de l’illustre explorateur polaire. Grâce au prestige de son nom et (selon Bastin et de Maere) à son charisme personnel, la victoire était à portée de main. Par une politique bien rôdée de réseautage informel, de Gerlache sut en effet se frayer un chemin jusqu’au Conseil des Ministres et jusqu’auprès des rois Léopold III et Baudouin, avec qui la famille de Gerlache entretenait des relations de longue date. Par suite des lenteurs administratives pour demander et recevoir un subside, le plan originel de de Gerlache (prévu pour la fin de l’année 1956) fut différé d’un an : les côtes de l’Antarctique ne pouvaient en effet être abordées que fin décembre et début janvier. De ce fait, le coût de l’expédition baissa encore davantage et – ironiquement – devint plus acceptable pour les autorités publiques. Le Comité belge de l’Année Géophysique Internationale revint lui aussi sur son premier avis négatif, et recommanda officiellement l’expédition par lettre.[2] Grâce au soutien des deux rois au projet sous forme d’un Haut Patronage, les derniers obstacles furent levés. Le 5 octobre 1956, le conseil des ministres, sous la pression du roi Léopold, accorda un subside de 40 millions de francs. Cette somme plutôt maigre n’étant pas suffisante pour supporter tous les coûts, de Gerlache chercha et trouva encore 14 millions de francs auprès d’organisations scientifiques, d’institutions financières, d’industriels et de mécènes privés. Le Ministère de la Défense fournissait le personnel et le matériel. Ainsi, alors que la plupart des expéditions étrangères étaient déjà parties, on put commencer en Belgique à organiser concrètement les préparatifs du voyage.
La Base Roi Baudouin, telle qu’elle apparaissait en février 1958. Source: Gerlache, Retour dans l’Antarctique’', 1960. |
Le voyage
Un peu plus de soixante ans après que le Belgica a quitté le port d’Anvers aux sons de la Brabançonne, la deuxième expédition était prête au départ. Le 12 novembre 1957, les brise-glace norvégiens Polarhav et Polarsirkel entamèrent leur voyage. Le départ attira une massive attention médiatique. À bord de ces navires se trouvait une équipe de scientifiques. Cette équipe avait pour mission d’exécuter le programme de recherche mis au point par le Comité belge de l’Année Géophysique Internationale.[3] La section météorologique comptait le Baron Xavier de Maere d’Aertrycke et ses deux assistants techniciens, Michel Vanderdoodt et le jeune Georges Vandepoel. L’ingénieur Lucien Cabes était l’expert en géomagnétisme de l’équipe. L’ingénieur agronome Jacques Giot apporteraient sa contribution pour les questions topographiques. Le glaciologue et professeur à l’Université libre de Bruxelles Ezra Edgard Picciotto étudierait la neige et la glace, mais il était aussi expert en matière de radioactivité atmosphérique, laquelle n’avait encore que rarement été étudiée au niveau des pôles. Henri Vandevelde ferait des recherches sur les couches ionosphériques de l’atmosphère. Enfin, le spécialiste de la géodésie Jacques Loodts, de l’Institut Géographique Militaire, étudierait les aurores australes.
L’expédition était équipée de tout le matériel scientifique nécessaire, sélectionné sur conseil du Comité Belge de l’Année Géophysique Internationale. Une attention particulière fut portée aux instruments météorologiques capables de communiquer leurs résultats à distance, de sorte qu’aucune sortie inutile hors de la base ne soit nécessaire. L’expédition disposait en outre de trois véhicules à chenille, d’un avion et d’un hélicoptère. En plus des scientifiques, on trouvait à bord des brise-glace des hommes d’équipage, un cuisinier, un médecin, quelques mécaniciens, et un photographe aérien et pilote, le Prince Antoine de Ligne. Le météorologue De Maere faisait aussi office de capitaine second.
De Gerlache prit un peu plus d’un mois pour atteindre la Mer antarctique, soit cinq mois de moins que son illustre père. Deux jours après Noël, les deux navires atteignirent la Terre de la Reine-Maud. Ils jetèrent finalement l’ancre dans une crique inexplorée, qu’ils baptisèrent la Baie Léopold iii. Commença alors la plus importante tâche de la mission : la construction de la base scientifique, qui recevrait le nom du roi Baudouin. La base formerait en outre le refuge d’hivernation des dix-sept hommes que comptaient l’équipage, sitôt que les navires seraient repartis.
Travaux scientifiques
Picciotto dans son laboratoire. Source: Gerlache, Retour dans l’Antarctique, 1960. |
Les observations commencèrent le 16 janvier 1958. Le moment était propice : l’activité solaire annuelle était alors à son maximum. Les scientifiques pouvaient tirer leur maximum des grandes innovations qui avaient vu le jour sur le plan des techniques d’observation depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale : le spectrographe à grande lunette, la radiosonde, le sondeur ionosphérique, le radar et les fusées permettaient à présent d’explorer les couches inexplorées de l’atmosphère.
Outre ces recherches réalisées à même la base, les membres de l’expédition partirent également, de temps à autres, en reconnaissance dans l’intérieur des terres antarctiques encore vierges de toute exploration humaine. À l’aide de tracteurs, de traineaux à chiens, d’avions, d’avions et d’hélicoptères, il était désormais possible de cartographier des pans de côte et des chaines de montagnes encore jamais décrits auparavant, et d’y recueillir des échantillons géologiques. Ainsi, en décembre 1958, ils découvrirent ainsi un massif montagneux, qu’ils baptisèrent les Montagnes Belgica.
La mission de reconnaissance suivante se termina cependant sur un bémol. Le pilote de l’avion de reconnaissance évalua mal les distances et fonça sur une ‘’sastruga’’ (une dune de neige) trop raide. L’avion fit un atterrissage en catastrophe sur la glace. L’engin ne pouvant être réparé, le petit groupe, dont de Gerlache en personne, n’eut d’autre choix que de retourner à la Base Roi Baudouin à pied. Depuis la base, une expédition de sauvetage avait été mise en place avec l’aide des Russes. Sa progression fut suivie avec inquiétude dans le monde entier. De Gerlache et ses compagnons furent retrouvés sains et saufs.
Fin de l’expédition
Fin 1958 ou début 1949, l’expédition leva le camp. Il fallut charger à nouveau les navires. Le 2 avril 1959, les explorateurs arrivèrent à Ostende. Ils furent accueillis en héros. À la Base Roi Baudouin, de Gerlache fut relayé par le capitaine d’aviation Frank Bastin comme chef d’expédition.
Ces observations et recherches aboutirent à un véritable flot de publications. De manière générale, les résultats de ces recherches montraient que l’influence des terres antarctiques sur la vie sur terre, surtout du point de vue du climat et du temps, était plus grande qu’on ne l’avait imaginé. En outre, les études portant sur les couches de glace livraient de nouvelles informations sur l’histoire du monde et la succession des périodes glaciaires. Les scientifiques présidaient aussi au sixième continent un rôle important dans le futur, vu la richesse préservée de son sol et de ses fonds marins.
Bibliographie
- Van Mieghem, Jacques, Het Internationaal Geofysisch Jaar, 1957-1958, Bruxelles, 1956.
- De Belgische Zuidpoolexpedities onder leiding van Adrien de Gerlache de Gomery (1897-1899) en Gaston de Gerlache de Gomery (1957-1959), Leuven, 1983.
- Expédition antarctique belge 1957-1958. Compte rendu d'activité, Bruxelles, 1957.
- Note sur l'expédition antarctique belge 1957-1958, s.l., 1958.
- Année géophysique internationale 1957-1958. Programme de la Belgique, du Congo belge et de l'Expédition antarctique belge. Texte français, Bruxelles, 1958.
- Gerlache de Gomery, Gaston de, Terug naar de Zuidpool. Het verhaal van de Belgische Zuidpoolexpeditie, 1957-1958, Tielt/Den Haag, 1960. (oorspronkelijk werk: Retour dans l'Antarctique. Récit de l'expédition antarctique belge, 1957-1958, Paris/Tournai, 1960
- De Gerlache de Gomery, Gaston , De Maere d'Aertrycke, Xavier, Cabes, Luc, Loodts, Jacques e.a., Expédition antarctique belge 1957-1958 : résultats scientifiques, Bruxelles, 1958.
- De Gerlache de Gomery, Gaston, De Maere d'Aertrycke, Xavier, Loodts, Jacques, Expédition antarctique belge 1957-1958 : rapports scientifiques préliminaires, 1960.
- Belgica-bergen : Belgische Zuidpoolexpeditie 1957-1958; Cdt Gaston de Gerlache, Bruxelles, 1958.
- Picciotto, E., Quelques résultats scientifiques de l'expédition antarctique belge, 1957-1958, Bruxelles, 1961.
- Abbink, Peter, Antarctic Policymaking and Science in the Netherlands, Belgium and Germany (1957-1990), Groningen, 2009.
- Decleir, Hugo en De Broyer, Claude (red.), The Belgica expedition centennial: perspectives on Antarctic science and history, Bruxelles, 2001.
Notes
- ↑ 45 pays au total y prirent part. Douze d’entre eux mirent sur pied des missions d’exploration en Antarctique, qui établirent des bases temporaires.
- ↑ Le Comité prévoyait en effet à l’initial de dépenser l’intégralité des budgets disponibles pour l’étude du Congo belge. De nombreux membres du comité étaient actifs dans la recherche sur le territoire de la colonie.
- ↑ Parmi les membres de ce groupe de travail, on rencontrait entre autres Jacques van Mieghem, directeur de l’ Institut royal météorologique de Belgique ; Paul Bourgeois, directeur de l’ Observatoire royal de Belgique ; Paul Melchior, Omer Tulippe, Marcel Nicolet, Jean-Louis Koenigsfeld, Malet, Bastin, Edmond Hoge en de Gerlache.