Difference between revisions of "Les aventures scientifiques du Professeur Piccard"
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<br/>Enfin, lorsque les aérostiers voulurent entreprendre leur descente, la valve à gaz s’avéra être bloquée. Il ne restait plus qu’à attendre jusqu’au soir, que le froid fasse décroître le volume du ballon et que celui-ci descende tout seul. Ce fut une attente longue et angoissante, car les scientifiques n’avaient qu’une réserve limitée d’oxygène à bord. De plus, la faille refermée à l’aide de corde et de vaseline s’ouvrit de nouveau. | <br/>Enfin, lorsque les aérostiers voulurent entreprendre leur descente, la valve à gaz s’avéra être bloquée. Il ne restait plus qu’à attendre jusqu’au soir, que le froid fasse décroître le volume du ballon et que celui-ci descende tout seul. Ce fut une attente longue et angoissante, car les scientifiques n’avaient qu’une réserve limitée d’oxygène à bord. De plus, la faille refermée à l’aide de corde et de vaseline s’ouvrit de nouveau. | ||
− | <br/>Au cours de la longue et difficile descente, il s’avéra que le mécanisme de rotation de la cabine, grâce auquel l’équipage pouvait supporter les températures variant du froid polaire à la chaleur toride (les scientifiques ne pouvaient combattre la soif car ils avaient oublié d'emporter des réserves d’eau potable). Piccard et Kipfer ne pouvaient prendre de mesures, car vu les risques que comportait un atterrissage de nuit, les instruments avaient été soigneusement emballés. | + | <br/>Au cours de la longue et difficile descente, il s’avéra que le mécanisme de rotation de la cabine, grâce auquel l’équipage pouvait supporter les températures variant du froid polaire à la chaleur toride (les scientifiques ne pouvaient combattre la soif car ils avaient oublié d'emporter des réserves d’eau potable), ne marchait plus. Piccard et Kipfer ne pouvaient prendre de mesures, car vu les risques que comportait un atterrissage de nuit, les instruments avaient été soigneusement emballés. |
<br/>L’été suivant, Piccard remontait à bord de son ballon pour un second vol. Le public était encore plus enthousiaste que la première fois. Tout scepticisme avait disparu, à présent que chacun savait le professeur Piccard fou, mais aussi génial. Une foule de 30 à 40 000 personnes (du jamais vu !) se pressa à Düssendorf, en Suisse, où la montgolfière devait à nouveau s’envoler. Deux milles automobiles avaient fait le déplacement. Le roi et la reine de Belgique étaient présents. Le professeur Piccard battrait son record de hauteur, prédisait-on. C’est ce qui arriva : le professeur bruxellois, cette fois accompagné de l’ingénieur belge [[Cosyns, Max (1906-1998)|Max Cosyns]] comme assistant, atteignit la hauteur de 16 940 mètres. Cette fois encore, il fut accueilli en héros avec des fleurs, des télégrammes et des coups de téléphone, et une réception solennelle par le FNRS. | <br/>L’été suivant, Piccard remontait à bord de son ballon pour un second vol. Le public était encore plus enthousiaste que la première fois. Tout scepticisme avait disparu, à présent que chacun savait le professeur Piccard fou, mais aussi génial. Une foule de 30 à 40 000 personnes (du jamais vu !) se pressa à Düssendorf, en Suisse, où la montgolfière devait à nouveau s’envoler. Deux milles automobiles avaient fait le déplacement. Le roi et la reine de Belgique étaient présents. Le professeur Piccard battrait son record de hauteur, prédisait-on. C’est ce qui arriva : le professeur bruxellois, cette fois accompagné de l’ingénieur belge [[Cosyns, Max (1906-1998)|Max Cosyns]] comme assistant, atteignit la hauteur de 16 940 mètres. Cette fois encore, il fut accueilli en héros avec des fleurs, des télégrammes et des coups de téléphone, et une réception solennelle par le FNRS. |
Revision as of 06:48, 27 June 2019
Toujours plus haut
Professeur Piccard
Le FNRS accorda à Piccard tous les crédits nécessaires. La direction du tout jeune fonds scientifique avait de bonnes raisons d’être enthousiaste pour cet ambitieux projet. Le FNRS devait prouver son utilité. De plus, il dépendait du soutien de riches mécènes et des banques, et devait attirer toujours plus de dons. Un projet de prestige arrivait à point nommé pour se faire un nom. Depuis sa fondation en 1928 sous le patronage du roi, le fonds avait surtout accordé des mandats de recherche individuels : indispensable, certes, mais pas très impressionnant.[3]
Le premier homme dans l’espace
Science tangible
« La Place Rogier était noire de monde. Les voitures se frayaient avec peine un chemin dans la foule. » se souvient Marianne Denis, qui deviendra plus tard Madame Piccard. La direction du FNRS se trouvait au premier rang, pour féliciter les deux aérostiers. La prestation de Piccard était aussi une prestation pour le jeune fonds scientifique, et on en avait alors conscience. La « séance académique solennelle » qui eut lieu au Palais des Académies ressemblait à une fête de victoire. Le roi et la reine étaient présents, ainsi que d’innombrables notables de Belgique et de l’étranger. Le Ministre des Sciences & des Arts, Petitjean, prit la parole pour célébrer Piccard. Ce faisant, il exprimait à la perfection l’enjeu que constituait cette aventure pour le Fonds National : « Seules des occasions grandioses, comme celle d’aujourd’hui, permettent à la foule de se rendre compte de la haute et noble portée morale de l’Institution [le FNRS]. Vous avez, Monsieur Piccard, rendu tangibles les effets heureux de l’initiative royale. »
Dans les profondeurs
Peu de temps après ce nouvel exploit, Piccard se lança dans un projet d’exploration dans la direction inverse : un engin sous-marin conçu pour les grandes profondeurs, avec équipage. La physique nécessaire pour s’enfoncer dans les profondeurs de la mer n’était fondamentalement pas différente de celle nécessaire aux ascensions en ballon. Ici aussi, les ingrédients étaient : une cabine d’équipage étanche avec une pression interne supportable, un « ballon » gonflé avec un gaz relativement léger, et du lest à jeter pour monter. Afin de supporter la pression hydrostatique extrême d’un séjour dans les grandes profondeurs, la cabine sphérique devait être suffisamment solide et l’intérieur devait être incompressible. Picard choisit le kérosène comme liquide de flottaison et l’acier et le plexiglas pour les fenêtres de la cabine.
Seul
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- ↑ Illustration de couverture du Le Petit Journal, 42 (1931), nr. 2111 (7 juin).
- ↑ “Switzerland. 10 miles above the Earth. Professor Piccard and Dr Kipfer, safe and sound after World's most daring and romantic scientific adventure”, in: Pathé Gazette, 1931.
- ↑ Un premier grand projet financé par un crédit FNRS avait contribué aux fouilles de la métropole romaine d’Apamée, en Syrie. Ce projet n’avait pas vraiment attiré les caméras, du moins à cette époque.
- ↑ On évita un décollage en Belgique, de peur que le ballon ne tombe en mer.
Source imprimée
- Discours prononcés au cours de la séance académique solennelle tenue au Palais des académies à Bruxelles, le 18 juin 1931, en l'honneur de M. le Professeur Auguste Piccard et de M. Paul Kipfer, en présence de LL. MM. le Roi et la Reine, Bruxelles, 1931.
- Piccard, Auguste, Au-dessus des nuages, Paris, 1933.
- Piccard, Auguste, Entre terre et ciel: réalités ; visions d'avenir, Lausanne, 1946. Traduit: Tussen aarde en hemel: feiten toekomstdromen, Antwerpen, 1948.
- Piccard, Auguste, Boven de wolken, onder de golven, Antwerpen, 1957.
Piccard, Auguste, Au seuil du cosmos, Paris, 1964.
Littérature
- De Latil, Pierre en Rivoire, Jean, Le professeur Piccard et l’exploration verticale, 1962, Paris/Lausanne.
- “Piccard, Auguste”, in: Biographie nationale, 41 (1979-1980), 649.
- Maillard, Cathérine, "Quelques projets historiques, financés par le FNRS", in: FNRS News, 94 (2013), septembre, 14-15.
- De wetenschap ten dienste 1927-1952, Bruxelles, 1953.
- Balthazar,Herman, "Wetenschappelijk onderzoek en maatschappij. Een evolutieschets van het N.F.W.O 1928-1978", in: N.F.W.O. 1928-1978, s.l., s.d.
- Bertrams, Kenneth, Universités et entreprises. Milieux académiques et industriels en Belgique 1880-1970, Bruxelles, 2006.
- Bertrams, Kenneth, Biémont, Émile, Van Tiggelen, Brigitte en Vanpaemel, Geert (red.), Pour une histoire de la politique scientifique en Europe (XIXe-XXe siècles), Bruxelles, 2007.
- Halleux, Robert en Xhayet, Geneviève, La liberté de chercher: Histoire du Fonds national de la recherche scientifique, Liège, 2007.
- Geschiedenis van het FWO, site web, consulté le 20/05/2019.
- Mertens, André, Ockeley, Jaak en Vandeweyer, Luc,Het PIVO in Zellik-Relegem. Van luchtmachtbasis tot vormingscentrum, Louvain, 2011.
Images
- “Switzerland. 10 miles above the Earth. Professor Piccard and Dr Kipfer, safe and sound after World's most daring and romantic scientific adventure”, in: Pathé Gazette, 1931. (images du premier vol du FNRS)
- “Get Piccard’s balloon”, in: Paramount Sound news, 1931. (images du premier vol du FNRS)
- “Zurich, Switzerland. 10 1/2 miles above the earth! Professor Piccard & Dr. Cosyns safe & sound after World's most daring & romantic scientific adventure”, in: Pathé Gazette, 1932. (images du deuxième vol du FNRS)
- "Italy. Safe - Sound & Serene! After the most amazing air adventure ever - in his stratosphere balloon, Professor Piccard & Dr. Cosyns descend near Lake Garda", in: Pathé Gazette, 1932. (images du deuxième vol du FNRS)
- "Stratosphere alloon Destroyed", in: Gaumont British News, 1937. (images du troisième vol du FNRS, infructueux)
- "Professor Piccard & Diving Bell", in: Aktuelles in Kurze, 1948. (images du voyage du FNRS II d’Anvers à Dakar)
- "Prof. Piccard Tests Bathysphere - Diving Off Capri", in: Pathe newsreels, 1953. (images de la plongée du Trieste)