Difference between revisions of "Agricultura"

Latest revision as of 11:38, 12 August 2019

Périodique scientifique, créé à l'origine comme organe de l’Association des Anciens Élèves de l’Institut agronomique de Louvain. Au fil du temps, il se mua en revue professionnelle agricole, puis en revue scientifique à proprement parler, au point de passer sous la responsabilité du corps professoral de la Faculté des Sciences Agronomes.

Historique

Le premier numéro de la Revue agronomique parut en mars 1892. Simple ballon d’essai, il fut présenté en assemblée générale de l’Association des anciens élèves de l’Institut louvaniste. Le projet enthousiasma les ingénieurs agricoles louvanistes, qui s'empressèrent d'y contribuer.
Le premier comité de rédaction était composé de : Vicomte Georges Vilain XIIII (président de l’Association), Louis Jadoul et Paul de Vuyst (vice-présidents), L. Bauwens (secrétaire), J. Cesar, Fr. D’hondt, M. Bouillot, H. Vanderyst, A. Peiffer. Le pouvoir de fait était entre les mains du secrétaire de l’Association, L. Bauwens, rapidement remplacé par le professeur Edmond Leplae. En 1899, trop occupé, celui-ci passa la main à E. Hegh (alors encore étudiant), qui resta secrétaire jusqu’en 1930.^[1] Leplae présida cependant le Comité de rédaction jusqu’en décembre 1937 et continua d’exercer une forte influence sur la revue jusqu’à la fin de sa vie (1941). Le Comité de rédaction se réunissait une fois par mois, au début des années 30.

À l’origine, le journal s’adresse « aux ingénieurs agricoles, aux institutions d'enseignement agricole et aux principales sociétés d'agriculture de la Belgique et de l'étranger ».^[2] Outre les informations sur l’activité de l’Association des agronomes de Louvain (conférences, assemblées générales, banquets, retraites), on y trouve surtout des renseignements utiles aux « ingénieurs agricoles » : évolution de la législation, concours dans les administrations et les laboratoires d’analyse de l’État, petites nouvelles des anciens (un formidable matériel prosopographique : mariages, nominations et promotions, nouvelles du Congo, publications et participation à des évènements, nécrologie...), petites annonces, congrès et conférences, prix, expositions, effectifs étudiants de l’Institut, débats professionnels… Elle permettait ainsi aux ingénieurs agronomes louvanistes de rester en contact, même lorsque leur carrière les avait conduits sous d’autres latitudes.

Mais la revue^[3] relayait aussi des informations pertinentes pour les instituteurs de l’enseignement agricole, les membres des sociétés agricoles (comices, coopératives, Boerenbond Belge), les inspecteurs vétérinaires, et les fermiers eux-mêmes. La bibliographie passait ainsi en revue des périodiques professionnels agricoles (comme Le Progrès apicole) et organisait un service de renseignements à destination des paysans. Ceux-ci pouvaient envoyer leurs questions techniques par lettre (emploi des engrais, maladies des plantes, nuisibles…) et la revue y répondait gratuitement dans son numéro suivant.^[4] Ainsi, la revue prolongeait la mission de vulgarisation des ingénieurs agricoles, alors envoyés par le gouvernement dans les campagnes pour y donner des conférences auprès des paysans. Enfin, la revue servait de relai aux deux cercles étudiants, le Cercle agronomique et le Vlaamsche Landbouwkring, lesquels organisaient aussi des conférences.

Après 1930, la Revue générale agronomique prit le titre d' Agricultura et devint une revue bilingue, même si la grande majorité des articles continuent d'être publiés en français jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Le plus souvent, les articles français sont l’objet d’un résumé en néerlandais, et vice versa. À partir de mai 1937, des abstracts en anglais apparaissent et les petites nouvelles des membres disparaissent. Le début des années 30 est aussi marqué par la multiplication des articles, débats et conférences consacrées à la crise agraire mondiale. Autre symptôme de celle-ci : l’année 1930 voit la création d’un Bureau de Placement au sein de l’Association des Anciens Élèves de l'Institut agronomique de Louvain, dont les offres sont relayées par Agricultura. Le nombre croissant des candidats et le ton alarmiste de la revue témoignent de la situation sociale dramatique des ingénieurs agronomes. Ces années restent cependant une période de scientifisation et de professionnalisation : Agricultura publie les chiffres des stations de recherche de Louvain ou d’autres centres de recherche appliquée, relaie toujours davantage les calls for papers et les abstracts des contributions aux colloques, et les articles scientifiques prennent une place toujours croissante dans ses pages.

Cette évolution se poursuivit après 1945, lorsque la revue passa entre les mains des professeurs de l’Institut agronomique. En 1951, un accord de co-gestion fut établi entre l’Association des anciens élèves et la commission des professeurs en vue d’une cogestion. À partir de décembre 1951, le Comité de rédaction est composé exclusivement de professeurs et la revue est entièrement consacrée aux articles scientifiques (émanant des chercheurs de l’Institut) et à la bibliographie. L’Association créa en parallèle le Bulletin des nouvelles de l'Association des ingénieurs et diplômés de la Faculté des sciences agronomiques de l'Université de Louvain, dont le premier numéro parut en 1956. Celui-ci reprit à son compte la défense des intérêts professionnels, le placement des diplômés, la diffusion des petites nouvelles internes…

Après la scission de l’Université de Louvain, les articles en français se firent moins nombreux, mais étaient toujours les bienvenus, tout comme ceux en anglais. Un important changement survint cependant en 1972 : le périodique prend le sous-titre de Tijdschrift voor Natuurbeheer, -produktie en -verwerking. La revue ambitionnait en effet un véritable changement de paradigme en agronomie, remettant en cause l’exploitation effrénée des ressources naturelles et plaçant désormais l’accent sur un développement agricole respectueux de la nature. Les sciences de l’environnement prirent désormais leur place à côté du génie biologique et de la chimie agronomique. Agricultura imposait à présent les thèmes des numéros (tout en continuant à accepter des varia) et, à rebours de la tendance précédente, encouragea les contributions de non-scientifiques : étudiants, anciens élèves, acteurs sociaux et économiques du secteur agricole.^[5]

Bibliographie

• Agricultura, 1892-1972.
• Association des anciens étudiants de l’Institut Agronomique de l’Université de Louvain, Bulletin des nouvelles de l'Association des ingénieurs et diplômés de la Faculté des sciences agronomiques de l'Université de Louvain, v. 1, n°1, 1956.

Notes

1. ↑ « Manifestation de sympathie et remise d’un souvenir à M. Hegh. E., Secrétaire honoraire de l’Association » in Agricultura, 33e année, n°2, Juin 1930, p. 5.
2. ↑ Revue agronomique, 1893, n°3, p. 6.
3. ↑ Surtout après 1896 et l’adoption du titre de Revue générale agronomique.
4. ↑ Exemple : « La description que vous nous donnez des insectes qui ont ravagé vos avoines nous permet de conclure que vous vous trouvez en présence de la larve du taupin ». Revue agronomique générale, Février 1897, n°1, p. 16.
5. ↑ Agricultura, v. 20 (1972), n°1.