Difference between revisions of "Les aventures scientifiques du Professeur Piccard"
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− | <br/>Un échec donc : ainsi conclurent la presse et le public. Plusieurs millions étaient tombés à l’eau – littéralement. « Ils s’attendaient à une première sortie plus spectaculaire » raconta plus tard Marianne Denis, l’épouse de Piccard. À présent que les projets de Piccard n’avaient plus les faveurs du public, | + | <br/>Un échec donc : ainsi conclurent la presse et le public. Plusieurs millions étaient tombés à l’eau – littéralement. « Ils s’attendaient à une première sortie plus spectaculaire » raconta plus tard Marianne Denis, l’épouse de Piccard. À présent que les projets de Piccard n’avaient plus les faveurs du public, la démangeaison du FNRS s'apaisa brusquement pour les explorations scientifiques verticales. Ce n’était pas complètement absorde. Tout d’abord, le projet d’exploration des profondeurs coûtait très cher. Ensuite, le fonds scientifique avait sponsorisé le projet dans le but de se rendre visible auprès des citoyens. À présent que les critiques négatives se multipliaient, le conseil d’administration du FNRS a dû se dire qu’il était temps de faire une analyse coûts – bénéfices. Nombreux étaient les administrateurs à juger qu’un montant trop élevé était passé dans ce sous-marin. Et ce, alors que les caisses étaient maigres et que [[À la conquête de la politique scientifique : ‘Un effort national en faveur de la science’|la science de l’après-guerre prenait clairement une direction nouvelle]]. |
− | <br/>« L’opinion publique ne peut suivre le savant sur les chemins ardus et obscurs de la recherche. » On cessa de publier les écrits du professeur, et | + | <br/>« L’opinion publique ne peut suivre le savant sur les chemins ardus et obscurs de la recherche. » On cessa de publier les écrits du professeur, et le FNRS le laissa tomber, raconte Marianne Denis. « Piccard se retrouva seul. » En dépit des essais fructueux, son invention, « la cabine que le savant avait lui-même inventée, calculée, esquissée et construite », fut vendue à la marine française. [[À la conquête de la politique scientifique : ‘Un effort national en faveur de la science’|En ces temps de « science lourde »]], il n’y avait plus de place pour l’inventeur solitaire et sa science romanesque. |
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Toujours plus haut
Professeur Piccard
Le FNRS accorda à Piccard tous les crédits nécessaires. La direction du tout jeune fonds scientifique avait de bonnes raisons d’être enthousiaste pour cet ambitieux projet. Le FNRS devait prouver son utilité. De plus, il dépendait du soutien de riches mécènes et des banques, et devait attirer toujours plus de dons. Un projet de prestige arrivait à point nommé pour se faire un nom. Depuis sa fondation en 1928 sous le patronage du roi, le fonds avait surtout accordé des mandats de recherche individuels : indispensable, certes, mais pas très impressionnant.[3]
Le premier homme dans l’espace
Science tangible
« La Place Rogier était noire de monde. Les voitures se frayaient avec peine un chemin dans la foule. » se souvient Marianne Denis, qui deviendra plus tard Madame Piccard. La direction du FNRS se trouvait au premier rang, pour féliciter les deux aérostiers. La prestation de Piccard était aussi une prestation pour le jeune fonds scientifique, et on en avait alors conscience. La « séance académique solennelle » qui eut lieu au Palais des Académies ressemblait à une fête de victoire. Le roi et la reine étaient présents, ainsi que d’innombrables notables de Belgique et de l’étranger. Le Ministre des Sciences & des Arts, Petitjean, prit la parole pour célébrer Piccard. Ce faisant, il exprimait à la perfection l’enjeu que constituait cette aventure pour le Fonds National : « Seules des occasions grandioses, comme celle d’aujourd’hui, permettent à la foule de se rendre compte de la haute et noble portée morale de l’Institution [le FNRS]. Vous avez, Monsieur Piccard, rendu tangibles les effets heureux de l’initiative royale. »
Dans les profondeurs
Peu de temps après ce nouvel exploit, Piccard se lança dans un projet d’exploration dans la direction inverse : un engin sous-marin conçu pour les grandes profondeurs, avec équipage. La physique nécessaire pour s’enfoncer dans les profondeurs de la mer n’était fondamentalement pas différente de celle nécessaire aux ascensions en ballon. Ici aussi, les ingrédients étaient : une cabine d’équipage étanche avec une pression interne supportable, un « ballon » gonflé avec un gaz relativement léger, et du lest à jeter pour monter. Afin de supporter la pression hydrostatique extrême d’un séjour dans les grandes profondeurs, la cabine sphérique devait être suffisamment solide et l’intérieur devait être incompressible. Piccard choisit le kérosène comme liquide de flottaison et l’acier et le plexiglas pour les fenêtres de la cabine.
Seul
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- ↑ Illustration de couverture du Le Petit Journal, 42 (1931), nr. 2111 (7 juin).
- ↑ “Switzerland. 10 miles above the Earth. Professor Piccard and Dr Kipfer, safe and sound after World's most daring and romantic scientific adventure”, in: Pathé Gazette, 1931.
- ↑ Un premier grand projet financé par un crédit FNRS avait contribué aux fouilles de la métropole romaine d’Apamée, en Syrie. Ce projet n’avait pas vraiment attiré les caméras, du moins à cette époque.
- ↑ On évita un décollage en Belgique, de peur que le ballon ne tombe en mer.
Source imprimée
- Discours prononcés au cours de la séance académique solennelle tenue au Palais des académies à Bruxelles, le 18 juin 1931, en l'honneur de M. le Professeur Auguste Piccard et de M. Paul Kipfer, en présence de LL. MM. le Roi et la Reine, Bruxelles, 1931.
- Piccard, Auguste, Au-dessus des nuages, Paris, 1933.
- Piccard, Auguste, Entre terre et ciel: réalités ; visions d'avenir, Lausanne, 1946. Traduit: Tussen aarde en hemel: feiten toekomstdromen, Antwerpen, 1948.
- Piccard, Auguste, Boven de wolken, onder de golven, Antwerpen, 1957.
Piccard, Auguste, Au seuil du cosmos, Paris, 1964.
Littérature
- De Latil, Pierre en Rivoire, Jean, Le professeur Piccard et l’exploration verticale, 1962, Paris/Lausanne.
- “Piccard, Auguste”, in: Biographie nationale, 41 (1979-1980), 649.
- Maillard, Cathérine, "Quelques projets historiques, financés par le FNRS", in: FNRS News, 94 (2013), septembre, 14-15.
- De wetenschap ten dienste 1927-1952, Bruxelles, 1953.
- Balthazar,Herman, "Wetenschappelijk onderzoek en maatschappij. Een evolutieschets van het N.F.W.O 1928-1978", in: N.F.W.O. 1928-1978, s.l., s.d.
- Bertrams, Kenneth, Universités et entreprises. Milieux académiques et industriels en Belgique 1880-1970, Bruxelles, 2006.
- Bertrams, Kenneth, Biémont, Émile, Van Tiggelen, Brigitte en Vanpaemel, Geert (red.), Pour une histoire de la politique scientifique en Europe (XIXe-XXe siècles), Bruxelles, 2007.
- Halleux, Robert en Xhayet, Geneviève, La liberté de chercher: Histoire du Fonds national de la recherche scientifique, Liège, 2007.
- Geschiedenis van het FWO, site web, consulté le 20/05/2019.
- Mertens, André, Ockeley, Jaak en Vandeweyer, Luc,Het PIVO in Zellik-Relegem. Van luchtmachtbasis tot vormingscentrum, Louvain, 2011.
Images
- “Switzerland. 10 miles above the Earth. Professor Piccard and Dr Kipfer, safe and sound after World's most daring and romantic scientific adventure”, in: Pathé Gazette, 1931. (images du premier vol du FNRS)
- “Get Piccard’s balloon”, in: Paramount Sound news, 1931. (images du premier vol du FNRS)
- “Zurich, Switzerland. 10 1/2 miles above the earth! Professor Piccard & Dr. Cosyns safe & sound after World's most daring & romantic scientific adventure”, in: Pathé Gazette, 1932. (images du deuxième vol du FNRS)
- "Italy. Safe - Sound & Serene! After the most amazing air adventure ever - in his stratosphere balloon, Professor Piccard & Dr. Cosyns descend near Lake Garda", in: Pathé Gazette, 1932. (images du deuxième vol du FNRS)
- "Stratosphere alloon Destroyed", in: Gaumont British News, 1937. (images du troisième vol du FNRS, infructueux)
- "Professor Piccard & Diving Bell", in: Aktuelles in Kurze, 1948. (images du voyage du FNRS II d’Anvers à Dakar)
- "Prof. Piccard Tests Bathysphere - Diving Off Capri", in: Pathe newsreels, 1953. (images de la plongée du Trieste)