Difference between revisions of "L’Université belge d'Amersfoort (1915)"
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− | [[File: Belgische universiteitje Amersfoort.png|thumb|right|'''Les étudiants wallons reçoivent des leçons de néerlandais du | + | [[File: Belgische universiteitje Amersfoort.png|thumb|right|'''Les étudiants wallons reçoivent des leçons de néerlandais du Dr. Halberstadt (à gauche de la chaire), sous le regard du directeur Antoine (à droite).''' <small>Source: ''Tilburgsche courant'', 20 juin 1915 [http://www.archiefeemland.nl/collectie/fotos/detail?id=464bfee8-dc46-11df-a9e7-7590f0316edd Collection des Archives Eemland.]</small>|450px]] |
<br/> La première leçon de l’année académique fût donnée par Collard. | <br/> La première leçon de l’année académique fût donnée par Collard. | ||
Plusieurs hauts responsables de l'armée, du gouvernement et du milieu académique assistèrent à ce cours. La presse locale s'intéressa également à l'ouverture de la petite Université. Peu après le début des cours, les étudiants reçurent en outre la visite du professeur Adriaan Noyons de Louvain et du ministre belge des sciences et des arts, Prosper Poullet. | Plusieurs hauts responsables de l'armée, du gouvernement et du milieu académique assistèrent à ce cours. La presse locale s'intéressa également à l'ouverture de la petite Université. Peu après le début des cours, les étudiants reçurent en outre la visite du professeur Adriaan Noyons de Louvain et du ministre belge des sciences et des arts, Prosper Poullet. | ||
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<br/> Le cursus faisait également place aux matières scientifiques : chimie générale, chimie organique et inorganique, zoologie, physique expérimentale, nutrition, astronomie, algèbre supérieure, géométrie analytique et descriptive, calcul différentiel, résistance des matériaux et électricité. On ignore si les professeurs avaient à disposition les outils et les matériaux nécessaires à ces différentes disciplines. On ne sait pas vraiment non plus si les professeurs de chimie pouvaient utiliser un laboratoire ou s'ils devaient se limiter à la réflexion et aux explications théoriques. Des manuels étaient en tout cas disponibles: diverses bibliothèques universitaires néerlandaises cédèrent des ouvrages ou acceptèrent de les prêter. La Bibliothèque communale d’Amersfoort mit également des livres à disposition. De plus, certains professeurs offrirent généreusement des livres provenant de leur collection privée. L’action de solidarité permit de rassembler plus de mille volumes. Grâce à l'intervention du département étudiant d'Utrecht au sein du Algemeens Nederlandsch Verbond, l'enseignement était gratuit. | <br/> Le cursus faisait également place aux matières scientifiques : chimie générale, chimie organique et inorganique, zoologie, physique expérimentale, nutrition, astronomie, algèbre supérieure, géométrie analytique et descriptive, calcul différentiel, résistance des matériaux et électricité. On ignore si les professeurs avaient à disposition les outils et les matériaux nécessaires à ces différentes disciplines. On ne sait pas vraiment non plus si les professeurs de chimie pouvaient utiliser un laboratoire ou s'ils devaient se limiter à la réflexion et aux explications théoriques. Des manuels étaient en tout cas disponibles: diverses bibliothèques universitaires néerlandaises cédèrent des ouvrages ou acceptèrent de les prêter. La Bibliothèque communale d’Amersfoort mit également des livres à disposition. De plus, certains professeurs offrirent généreusement des livres provenant de leur collection privée. L’action de solidarité permit de rassembler plus de mille volumes. Grâce à l'intervention du département étudiant d'Utrecht au sein du Algemeens Nederlandsch Verbond, l'enseignement était gratuit. | ||
− | <br/>[[ | + | <br/>[[File:Bothtstraat Pieter Gezicht op 't Plantsoen.png|450px|left|thumb|'''Vue sur le bâtiment de l'université du rue Pieter Both.''' Source: Collection Ton Blom.]]Lors de l'établissement de l'horaire des cours, aucune distinction par discipline ne fut instituée, ainsi qu'en atteste Collard. C'est la disponibilité des professeurs qui détermina la composition de la grille horaire. Pourtant le cursus englobait, selon lui, les aspirations universelles d'une formation universitaire. Les matières étaient « des études que tout lettré ne peut ignorer ». Plus encore qu’une formation scientifique, les cours avaient, aux yeux de Collard, une fonction moralisatrice. Ils distrayaient les exilés et permettaient de maintenir un lien affectif avec la patrie. Les cours faisaient revivre les souvenirs des leçons de leurs «grands maîtres» d'avant la guerre. Par-dessus tout, l'engagement intellectuel des jeunes gens devait faire office de balise contre la décadence morale de la guerre. |
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<br/><div class="thumb tright"><div class="thumbinner" style="width:250px;"><big><font color="DC143C">'''''"Elle reste l’une des institutions les plus originales et le plus touchantes que les graves évènements dont nous sommes les témoins, ont fait surgir sur le sol accueillant et hospitalier de la Hollande."''''' (Collard)</font></big><ref>Collard, F., ''L’université belge d’Amersfoort'', 1915, 19.</ref></div></div> | <br/><div class="thumb tright"><div class="thumbinner" style="width:250px;"><big><font color="DC143C">'''''"Elle reste l’une des institutions les plus originales et le plus touchantes que les graves évènements dont nous sommes les témoins, ont fait surgir sur le sol accueillant et hospitalier de la Hollande."''''' (Collard)</font></big><ref>Collard, F., ''L’université belge d’Amersfoort'', 1915, 19.</ref></div></div> | ||
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Revision as of 11:02, 5 January 2015
De janvier à novembre 1915 : telle fut la courte existence de l’Université belge d'Amersfoort. Située en territoire néerlandais, elle était spécialement réservée aux réfugiés belges. Alors que dans leur propre pays, les universités et les écoles supérieures fermaient leurs portes les unes après les autres, les étudiants belges internés dans les camps purent suivre des cours aux Pays-Bas, dans une Université créée spécialement pour eux.
Belges en fuiteAprès l'invasion allemande de la Belgique en 1914, près d'un million de Belges, civils et militaires, s’enfuirent aux Pays-Bas, demeurés neutres.[1] Conformément au Traité de paix de La Haye de 1907, ils furent logés dans des camps. Les soldats en fuite furent placés dans des camps d’internement étroitement surveillés. Pour les civils et les familles des soldats, il y avait ce qu’on appelait des «refuges». Les camps étaient répartis à travers tout le pays. Une grande partie de ces réfugiés, à peu près 19.000 hommes, femmes et enfants, échouèrent à Amersfoort. Cet afflux fut tellement important que le nombre d'habitants de cette tranquille petite ville de province doubla d’un seul coup. Les soldats furent logés dans la caserne de Soesterberg, nommée Camp Zeist. Pour les familles des soldats, on construisit dans les environs trois « colonies » de maisons en bois, Albertsdorp, Elisabethdorp et Nieuwdorp. Amersfoort devint alors le plus grand centre d'accueil pour les demandeurs d’asile belges.
Appel à la solidarité intellectuelle
A l'école sous surveillance
Initialement, l’idée de Collard était de laisser les étudiants internés au camp se rendre jusqu'au collège de l'Université d'Utrecht, situé non loin de là. Cependant, le ministère de la guerre néerlandais rejeta cette proposition, Utrecht étant une place-forte. Le gouvernement belge, impliqué dans le projet, plaida aussi contre cette idée. Il voulait éviter que les jeunes Belges se lient d'amitié avec les étudiants néerlandais, et soient moins désireux de revenir en Belgique après la guerre. Début décembre, les dés étaient jetés. Le « Amersfoortsche Courant » rapporta que l'administration communale d'Amersfoort, la « ville belge », allait mettre des locaux à disposition de l’université. Les étudiants inscrits, répartis à travers tout le pays, furent transférés le 2 janvier 1915 au Camp Zeist. Tous étaient logés dans la même caserne. Chaque jour, ils devraient être amenés sous escorte armée à la ville d'Amersfoort afin d'assister aux cours.
Le savoir, rempart contre la guerre
Lors de l'établissement de l'horaire des cours, aucune distinction par discipline ne fut instituée, ainsi qu'en atteste Collard. C'est la disponibilité des professeurs qui détermina la composition de la grille horaire. Pourtant le cursus englobait, selon lui, les aspirations universelles d'une formation universitaire. Les matières étaient « des études que tout lettré ne peut ignorer ». Plus encore qu’une formation scientifique, les cours avaient, aux yeux de Collard, une fonction moralisatrice. Ils distrayaient les exilés et permettaient de maintenir un lien affectif avec la patrie. Les cours faisaient revivre les souvenirs des leçons de leurs «grands maîtres» d'avant la guerre. Par-dessus tout, l'engagement intellectuel des jeunes gens devait faire office de balise contre la décadence morale de la guerre.
"Elle reste l’une des institutions les plus originales et le plus touchantes que les graves évènements dont nous sommes les témoins, ont fait surgir sur le sol accueillant et hospitalier de la Hollande." (Collard)[10]
La fin de l'université éphémère
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Bibliographie
- Collard, F., L’université belge d’Amersfoort, 1915.
- Divers articles de journaux digitalisés sur Archief Eemland, entre autre:
- "Professeur A. K. Noyons uit Leuven hier te lande", dans: De Tijd, 19 nov. 1914, 1.
- Schrijnen, Joseph, "Aan de Belgische professoren en studenten vertoevende in Nederland", dans: De Tijd, 19 nov. 1914, 1.
- Schrijnen, Joseph, "Aan de Belgische professoren en studenten vertoevende in Nederland", in:Amersfoortsche Courant, 21 nov. 1914, 2.
- "Geïnterneerde Belgische studenten", dans: Amersfoortsch Dagblad / De Eemlander, 12 jan. 1915, 4.
- [Naamloze melding], dans: Amersfoortsche Courant, 3 dec. 1914, 2.
- [Naamloze melding], in: Nieuwe Amersfoortsche Courant, 20 jan. 1915, 2.
- "Geïnterneerdenuniversiteit"", dans: Amersfoortsch Dagblad / De Eemlander, 17 juni 1915, 3.
- "De Belgische studenten", dans: Amersfoortsch Dagblad/ De Eemlander, 11 nov. 1915, 4.
- "Een Belg over Amersfoort", dans: Amersfoortsch Dagblad/ De Eemlander, 3 nov.1914, 4.
- "Belg. Universiteit", dans: De Eembode, 8 okt. 1915, 2.
- Coorde, Kris, 10 oktober 1918: Belgen vluchten naar Nederland (deel 2/2). Na de val van Antwerpen, geraadpleegd op 12/11/2014.
- De Borger, Ariane, De herinneringen van Peter, geraadpleegd 30 nov. 2014.
- Lippkes, Jeff, Rehearsals: The German Army in Belgium, August 1914, Leuven, 2007.
- “In memoriam Prof. dr. A. K. M. Noyons (1878-1941)”, dans: Nederlands Tijdschrift voor Geneeskunde, 1941.
- Mohrmann, C., “Schrijnen, Joseph Charles François Hubert (1869-1938)”, in: Biografisch Woordenboek van Nederland.
- Aerts, A., Collard, François Louis Ghislain, dans: Nationaal biografisch woordenboek, 1 (1964), 319-321.
Notes
<references>- ↑ Une centaine de milliers de ces réfugiés y restèrent jusqu'à la fin de la guerre.
- ↑ C’est seulement à partir du milieu de l'année 1915 que les soldats belges furent autorisés à chercher un emploi en dehors des camps.
- ↑ Une tentative antérieure visant à relancer l’enseignement louvaniste à l'Université de Cambridge se solda par un échec en raison du manque d'étudiants et de professeurs. Une proposition similaire de l'Université d'Oxford échoua pour les mêmes raisons.
- ↑ En outre, une centaine d'étudiants belges non internés dans les camps s'inscrivirent également. Dans leur cas, l'enseignement fut organisé à l'Université d'Utrecht. Ceux qui suivaient des études d’ingénieur furent dirigés vers l'Université technique de Delft.
- ↑ D'autres enseignants parmi lesquels se trouvaient le professeur de littérature Fernand Séverin de Gand, le professeur Deschamps de l’Ecole de commerce d’Anvers, les professeurs Van der Linden de Liège et De Muynck de Louvain, se présentèrent également, de même que Frans van Cauwelaert, mais leurs noms ne furent pas repris sur la liste finale des professeurs.
- ↑ Les toutes premières leçons furent encore données dans la caserne d'infanterie d’Amersfoort.
- ↑ Les sources écrites sur l'emplacement exact de l'université provisoire ont disparu. Le bâtiment fut par ailleurs démoli dans les années 1970.
- ↑ Du côté belge : Major A. Rabozée, les capitaines E. Baudelet et P. Gillet (Royal Military Academy), Victorien Antoine, François Collard et Albert Michotte (Université de Louvain), Leo van Puyvelde (Université de Gand), F. Sterkens (Athénée de Gand), L. Halkin et Ch. Wauters (Université de Liège) et Jules Verschaffelt (Université de Bruxelles)). Du côté néerlandais : major général G.H. Knel, premier lieutenant H.V.J. van Stockum, lieutenant G. Blutz, Recteur Herman Snellen, J. Th. Beysens, E. Kruisinga, J.W. Muller, J.F. Niermeyer, H.F. Nierstrasz, A.A. Nijland, C.A. Pekelharing, P. Van Romburg, Joseph Schrijnen, D. Simons et Th. Strengers (lecteur) (Université d’Utrecht), M. Van Overeen (Lycée d’Utrecht), J. Polak (Expert Comptable, Rotterdam), J. Eggen (Université d’Amsterdam), A. Halberstadt (professeur au gymnase d'Amersfoort), J.G. Volmer (Ecole Polytechnique de Delft, La Haye) et B. Missiaen (docteur en sciences politiques).
- ↑ En Belgique, l'enseignement supérieur néerlandophone n'était pas encore établi. Le fait qu’une partie des leçons soit donnée dans cette langue était la conséquence de la collaboration de professeurs néerlandais.
- ↑ Collard, F., L’université belge d’Amersfoort, 1915, 19.