Difference between revisions of "Les sciences à l’Université Von Bissing"
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En dépit des salaires attrayants et autres avantages, il semble que peu de scientifiques belges furent disposés à collaborer avec lui. La Commission d’étude fut donc contrainte de chercher hors de la Belgique la majeure partie de ses nouveaux professeurs. Pour des raisons linguistiques, cette recherche se fit d’abord aux Pays-Bas, ce qui ne facilita guère les choses. Chez nos voisins du Nord aussi, une campagne contre l’Université flamande avait été lancée sous la direction de Frans Van Cauwelaert. En conséquence, plus aucun professeur néerlandais convoqué ne fut tenté de risquer sa réputation pour occuper un poste peu stable à l’étranger. La menace brandie par les autorités néerlandaises d’ôter la nationalité à toute personne qui intègrerait la fonction publique d’un État étranger fit le reste. Dès lors, la direction de l’Université flamande s’adressa progressivement à des universitaires néerlandais qui travaillaient en Allemagne ou qui étaient d’origine allemande, et qui avaient moins à redouter les menaces des autorités. | En dépit des salaires attrayants et autres avantages, il semble que peu de scientifiques belges furent disposés à collaborer avec lui. La Commission d’étude fut donc contrainte de chercher hors de la Belgique la majeure partie de ses nouveaux professeurs. Pour des raisons linguistiques, cette recherche se fit d’abord aux Pays-Bas, ce qui ne facilita guère les choses. Chez nos voisins du Nord aussi, une campagne contre l’Université flamande avait été lancée sous la direction de Frans Van Cauwelaert. En conséquence, plus aucun professeur néerlandais convoqué ne fut tenté de risquer sa réputation pour occuper un poste peu stable à l’étranger. La menace brandie par les autorités néerlandaises d’ôter la nationalité à toute personne qui intègrerait la fonction publique d’un État étranger fit le reste. Dès lors, la direction de l’Université flamande s’adressa progressivement à des universitaires néerlandais qui travaillaient en Allemagne ou qui étaient d’origine allemande, et qui avaient moins à redouter les menaces des autorités. | ||
− | <br/>[[Versluys, Jan (1873-1939)|Jan Versluys]] était un de ces universitaires. Il était Allemand, né aux Pays-Bas et lorsque la guerre éclata, il venait d’être nommé professeur extraordinaire à l’Université de Giessen. | + | <br/>[[Versluys, Jan (1873-1939)|Jan Versluys]] était un de ces universitaires. Il était Allemand, né aux Pays-Bas et lorsque la guerre éclata, il venait d’être nommé professeur extraordinaire à l’Université de Giessen. Selon la Studienkommission, le zoologue âgé de 43 ans éprouvait beaucoup de sympathie pour l’Allemagne. Sur la liste des candidats figurait aussi [[Valeton, Josua (1883-1953)|Josua Valeton]], 33 ans, un Néerlandais qui séjournait à l’université de Leipzig et qui était marié à une Allemande.<ref> Selon l’historien Daniel Vanacker, il y avait passé un doctorat et il y était resté. Peut-être était-ce un doctorat en philosophie. C’est à Arnhem qu’il avait obtenu son diplôme de docteur en chimie.</ref> La Studienkommission parvint à convaincre le beau-frère de Valeton, [[Vollgraff, Johan (1877-1965)|Johan Vollgraff]], d’adhérer au projet flamand. Avant la guerre, Vollgraff était privat docent (enseignant exerçant à titre privé) à l’Université de Leiden. L’occupant allemand le nomma professeur extraordinaire. Vollgraff avait aussi du sang allemand dans les veines, bien qu’il ne soit pas certain que ceci explique sa collaboration extraordinaire.<ref>[http://resources.huygens.knaw.nl/bwn1880-2000/lemmata/bwn2/vollgraff “Vollgraff, Johan Adriaan (1877-1965)”], op: ''Resources Huygens Instituut'', consulté le 16/05/2018.</ref> [[Boeke, Hendrik (1881-1918)|Hendrik Enno Boeke]], enfin, un Néerlandais qui occupait une chaire à l’Université de Frankfort am Main, se déclara prêt à assurer pour un temps les cours de géographie et de géologie. |
Latest revision as of 13:29, 8 October 2018
Incompétents et insoumis
Un parfait fourre-tout
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Ernest Haerens était un drôle d’oiseau. Avant la guerre, déjà, cet ingénieur était considéré comme un personnage singulier, un professeur médiocre et surtout, comme un adversaire acharné de la flamandisation. Cette fois, il se trouvait aux premiers rangs pour occuper le poste d’administrateur. Paul Fredericq, qui avait appris la nouvelle de la nomination de Haerens, déclara en ricanant qu’il n’avait jamais attendu autre chose de la part d’un « financier » de cet acabit. Les Allemands furent également surpris par sa nomination. Chez eux aussi, on avait peu de considération pour ce « personnage qui ne faisait guère impression » et dont la femme ne parlait pas un traître mot de néerlandais. Aux côtés de Haerens, le professeur extraordinaire de sciences de la terre et de géographie Franz Friedrich Stöber était prêt à reprendre ses cours de minéralogie et de cristallographie. La connaissance du néerlandais que possédait Stöber n’était pas excellente – en 1915 déjà, il ne s’était pas estimé « en mesure » d’enseigner cette langue. Ce furent manifestement ses racines allemandes qui le convainquirent d’accepter cette fonction. En échange, Stöber fut promu professeur ordinaire, titre que l’ancienne direction de l’université lui avait refusé.
En dépit des salaires attrayants et autres avantages, il semble que peu de scientifiques belges furent disposés à collaborer avec lui. La Commission d’étude fut donc contrainte de chercher hors de la Belgique la majeure partie de ses nouveaux professeurs. Pour des raisons linguistiques, cette recherche se fit d’abord aux Pays-Bas, ce qui ne facilita guère les choses. Chez nos voisins du Nord aussi, une campagne contre l’Université flamande avait été lancée sous la direction de Frans Van Cauwelaert. En conséquence, plus aucun professeur néerlandais convoqué ne fut tenté de risquer sa réputation pour occuper un poste peu stable à l’étranger. La menace brandie par les autorités néerlandaises d’ôter la nationalité à toute personne qui intègrerait la fonction publique d’un État étranger fit le reste. Dès lors, la direction de l’Université flamande s’adressa progressivement à des universitaires néerlandais qui travaillaient en Allemagne ou qui étaient d’origine allemande, et qui avaient moins à redouter les menaces des autorités.
« Incompétent et incapable ! »
Un nouvel enseignement pour une nouvelle université
Parmi les nouveaux professeurs de science, beaucoup étaient effectivement décidés à créer une nouvelle sorte d’enseignement au sein de la Vlaamsche Hoogeschool, de l’Université flamande. Fondé sur un enseignement ex cathedra, sur une étude de bûcheur et la délivrance de diplômes, le système belge fut jeté aux oubliettes. Au sein de l’Université flamande, les étudiants élargiraient et enrichiraient surtout leur esprit. En un mot, ils allaient apprendre à penser par eux-mêmes, à réfléchir de manière critique ! Il est clair que l’Allemagne, où ce type d’enseignement faisait fureur depuis longtemps, joua ici un rôle d’exemple. Parmi les nouveaux professeurs, beaucoup avaient été élevés dans la tradition didactique allemande. Lorsque Brulez et Versluys participèrent en juin 1918 à un voyage de propagande à travers l’Allemagne, ils étudièrent attentivement les institutions scientifiques et les musées. Ils déclarèrent ensuite qu’ils étaient profondément marqués par la créativité allemande et qu’ils avaient acquis beaucoup d’inspiration pour leur pratique didactique et pour l’instauration des facilités dans l’Université flamande.
Du rêve à la réalité
Le manque de manuels et de publications fut peut-être aussi problématique. Il était très difficile, voire impossible, de se procurer une littérature spécialisée. La situation isolée de Gand dans l’etappengebied ( district des étapes) y rendait difficile l’acheminement des marchandises. De plus, peu de manuels scientifiques écrits en néerlandais entraient en Belgique. Par conséquent, on s’aidait dans certains cas d’ouvrages allemands. Pour combler cette lacune, la Commission des Études poussa les professeurs à publier eux-mêmes. Elle leur confia aussi des travaux linguistiques, comme le développement de la terminologie néerlandaise. Dans cette optique, on créa aussi une Société gantoise pour la Médecine et les Sciences naturelles et on insuffla une nouvelle vie à l’Académie Royale Flamande pour la Linguistique et la Littérature. Malgré tout, l’édition ne marchait pas fort. Le corps professoral consacrait tout son temps à la préparation de nouveaux collèges.
Fin de l’aventure activiste dans l’enseignement
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Archives et sources imprimées
- Archives de l'Université de Gand, “A l'Université de gand. Un manifeste du corps professoral / Au nom du conseil académique de l'Université de Gand, Le Secrétaire du Conseil académique E. Eeman, Le Recteur M. Schoentjes”, krantenknipsel.
- Archives de l'Université de Gand, Knipsel over Nederlandse hoogleraren die door de Duitsers worden gevraagd om aan de Vlaamsche Hoogeschool in Gent les te komen geven, [26 augustus 1916], coupe de journaux.
- ARchives de l'Université de Gand, Knipselboek over de Vlaamsche Hogeschool te Gent, door Paul Fredericq, [1917-1918], livre avec coupes de journaux, entre autre des portraits.
- Université de Gand. Programme des cours, 1913-1914, Gand, 1914.
- Universiteit te Gent. Voor de studenten, inlichtingen en wenken, Gand, 1916-1917.
- Hoogeschool te Gent : programma der lessen 1916-1917. Tweede uitgave, Gand, 1917. (année académique 1)
- 's Rijks Hoogeschool te Gent : programma der lessen 1917-1918. Tweede uitgave, Gand, 1918. (année académique 2)
- De Vlaamse Hoogeschool te Gent. Inlichtingsboekje voor zij die aan de Staatsuniversiteit te Gent willen studeeren. Academisch jaar 1918-1919, 2 (1918). (année académique3)
- Université de Gand. Programme des cours, 1919-1920 tot 1922-1923, Gand, 1920 tot 1923.
- De Bruyker, Caesar, Prof. C. De Bruyker en de Vlaamsche Hoogeschool voor het Belgisch gerecht, 5-17 juli 1920, Gand.
- Uit het archief van Frans van Cauwelaert. 1 : Gedenkschriften over Vlaamse Beweging en Belgische politiek 1895-1918, Anvers, 1971.
Literature
- Liber memorialis 1880-1960, Gand, 1960.
- Langendries, Elienne, De “Vlaamsche hoogeschool” te Gent (1916-1918) : A. Overzicht van Duitse initiatieven bij het ontstaan. Een bronnenuitgave, Gand, 1984.
- Langendries, Elienne, De “Vlaamsche hoogeschool” te Gent (1916-1918) : B. Gegevens omtrent aanvang, uitstraling en einde. Een bronnenuitgave, Gand, 1985.
- Dedeurwaerder, Joris, Professor Speleers: een biografie, Gand, 2002.
- Thys, Walter (red.), Ein Landsturmmann im Himmel. Flandern und der Erste Weltkrieg in den Briefen von Herman Nohl an seine Frau, Leipzig, 2005.
- Vanacker, Daniël, Het activistisch avontuur, Gand, 2006.
- Loockx, Kristof , Vlaamsche studenten, komt naar Gent! Vlaamsche studenten, komt naar Gent! Prosopografie van de studentenbevolking aan de Vlaamse Hogeschool 1916-1918, Masterscriptie, Departement Geschiedenis, Gand, 2013.
- Loockx, Kristof, "Een nieuwe kijk op de Vlaamse Hogeschool: de Duitse bezettingspolitiek en de universiteiten van Gent en Warschau tijdens de Eerste Wereldoorlog in een transnationaal perspectief", in: Wetenschappelijke tijdingen op het gebied van de geschiedenis van de Vlaamse beweging, 74 (2015), n°. 2, 142-167.
- ↑ Ce rejet s’intensifia après que, en 1916, les professeurs Henri Pirenne et Paul Fredericq qui avaient combattu la réouverture eurent été jetés en prison.
- ↑ À la fin de sa lettre, Schoentjes fit référence aussi à sa conscience et à sa foi en l’université.
- ↑ Au total, huit professeurs de l’ancienne université promirent leur coopération.
- ↑ Selon l’historien Daniel Vanacker, il y avait passé un doctorat et il y était resté. Peut-être était-ce un doctorat en philosophie. C’est à Arnhem qu’il avait obtenu son diplôme de docteur en chimie.
- ↑ “Vollgraff, Johan Adriaan (1877-1965)”, op: Resources Huygens Instituut, consulté le 16/05/2018.
- ↑ Archief Ugent, “A l'Université de gand. Un manifeste du corps professoral / Au nom du conseil académique de l'Université de Gand, Le Secrétaire du Conseil académique E. Eeman, Le Recteur M. Schoentjes”, coupure de journal, Université de Gand.
- ↑ Jusqu’à la fin de l’Université, Minnaert garda le poste de professeur tandis que Valeton, 33 ans, Kortmulder, 30 ans, et Brulez, 29 ans, restaient professeurs extraordinaires. Plus âgés, De Bruyker et Vollgraff reçurent une promotion. Tandis qu’en théorie les professeurs ordinaires de l’Université avaient droit à un salaire de 8000 francs et que les professeurs extraordinaires avaient droit à un salaire de 6000 francs, les salaires présentaient parfois des écarts considérables. Witsenburg, par exemple, touchait au moins 12000 francs.
- ↑ Il s’agissait d’une séance de travaux pratiques par semestre au cours de la première année et de quatre séances chaque semestre de la deuxième année.
- ↑ Ceci aussi bien pour les étudiants qui se préparaient aux études de médecine, de pharmacie ou de médecine vétérinaire que pour ceux qui poursuivaient des études à la faculté des Sciences. Il s’agissait de trois heures de travaux pratiques chaque semestre de chacune des années de candidature.
- ↑ De Vlaamsche hoogeschool te Gent. Inlichtingsboekje voor hen die gedurende het academisch jaar 1917-1918 aan de Staatsuniversiteit te Gent willen studeeren, 1 (1917), 30.
- ↑ L’importance accordée aux connaissances pratiques se manifesta aussi par la création d’une École Supérieure d’agriculture et d’horticulture, par la fondation d’un Institut vétérinaire et l’instauration d’une section des Mines dans les écoles spéciales.
- ↑ Au cours de l’année académique 1917-1918, on revint en partie sur ces initiatives : on supprima pour la seconde année de candidature en mathématiques et en physique toute la chimie, y compris les travaux pratiques.
- ↑ De Vlaamse Hoogeschool te Gent. Inlichtingsboekje voor zij die aan de Staatsuniversiteit te Gent willen studeeren. Academisch jaar 1918-1919, 2 (1918), 40.
- ↑ De Vlaamse Hoogeschool te Gent. Inlichtingsboekje voor zij die aan de Staatsuniversiteit te Gent willen studeeren. Academisch jaar 1918-1919, 2 (1918), 43.
- ↑ Geo Van Tichelen, cité dans: Vanacker, Daniël, Het activistisch avontuur, Gand, 2006, 173.