Rutot, Aimé Louis (1847-1933)
Géologue, préhistorien, ingénieur des mines né à Mons, le 6 août 1847 et décédé à Bruxelles, le 3 avril 1933.
Biographie
Aimé Rutot est né à Mons le 6 août 1847. À l'âge de vingt-deux ans, il obtint son diplôme d'ingénieur des mines à l'Université de Liège, métier qu'il exerça pendant deux ans puisqu'il travailla par la suite comme ingénieur de traction au chemin de fer. Parallèlement à cette activité, il se passionna pour la géologie.
En 1888, il est mandaté par Édouard-François Dupont pour la création de la carte géologique de la Belgique à l'échelle 1/20000ème. La même année, il devint conservateur et travailla à l'Institut royal des sciences naturelles, poste qu'il conserva jusqu'à sa retraite le 19 juin 1919.
Il fut membre correspondant (2 juin 1906), puis effectif (15 décembre 1911) de Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; dès 1926, il occupa la place de directeur de la Classe des Sciences. La Société Royale Belge d'Anthropologie et de Préhistoire, le Conseil supérieur de l'Hygiène et le Conseil géologique le nommèrent également membre[1].
Par six fois, il donna un cours de préhistoire destiné à un plus large public non-universitaire à l'Extension de l'Université libre de Bruxelles[2]
Il décéda à Bruxelles le 3 avril 1933.
Travaux
Au début du XXème siècle, les recherches d'Aimé Rutot sur le site de Boncelles dans les Ardennes lui permirent de mettre au jour des outils en pierre "primitifs", des éolithes, dans les formations oligocènes (entre 25 et 38 millions d'années). Ces découvertes connurent une renommée internationale et se traduisirent par de multiples articles et participations dans les congrès scientifiques. Aimé Rutot devint dès lors l'un des principaux représentants des éolithes comme premiers outils élaborés par l'homme. Il argumenta que la transition avec une simple pierre naturelle s'était faite de manière inconsciente. Toutefois, les théories de Rutot furent rejetées dans les années 30, les recherches scientifiques ayant démontré que ces pierres étaient le résultat d'une érosion naturelle.[3]
Il a essayé de démontrer à travers de plusieurs articles comment l'homme de Neandertal et ses ancêtres furent chassé par l'homme moderne, mangés ou réduits en esclavage. Cette vision de l'homme préhistorique fut traduite dans des expositions au sein du musée afin de les transmettre au grand public. L'idée générale derrière cette conception était en outre toujours que les espèces avec une manière de penser progressive ou "évolutive", par définition, supplantaient des groupes qui se caractérisaient par un esprit stagnant[4].
Aimé Rutot s'intéressa donc aux découvertes archéologiques. En 1898, il suivit en tant que géologue les travaux de terrassement pour le canal Baudouin et ses installations portuaires annexes à Zeebrugge ainsi que les travaux à Fort Lapin à Bruges. Il réalisa également de nombreuses découvertes archéologiques, pour la plupart des périodes pré-romaines ou romaines. Associé avec Charles Gillès de Pelichy, il fut l'inventeur du bateau romain et de l'établissement de Fort Lapin. Rutot et le Baron Alfred de Loë datèrent le bateau dans la deuxième moitié du XIème siècle. Quelques temps après, il apparut que le bateau devait être attribué à l'époque romaine[5]. Il diffusa également ce concept de la préhistoire à travers des résumés publiés pour la Société "Les Naturalistes belges" et pour le Touring Club[6]
Sa contribution à la compréhension du Maastrichtien, du Sénonien et du Montien fut également importante[7]. Son apport aux sciences géologiques ne s'arrêta pas là puisqu'il rédigea en 1897 une étude sur l'origine du quaternaire et une étude comparative avec d'autres régions de France, d'Europe centrale et d'Angleterre[8].
Entre 1901 et 1903, il travailla avec Jules Cornet à la réalisation de six cartes sur le Santonien (ou Senonien), le Tertiaire et le Quaternaire, cartes accompagnées de notices détaillées écrites par Rutot.
Des questions d'hydrologie faisaient également partie de ses réflexions puisqu'il s'intéressait à l'approvisionnement en eau de la Basse Belgique, et plus particulièrement de la Campine - sujet sur lequel il écrivit entre 1910 et 1915[9]
Publications
- Liste des publications dans : STOCKMANS, François, "Aimé Rutot", in : Annuaire ARB, 1966, p. 26-123.
Bibliographie
- DE BONT, Raf, "The creation of prehistoric man. Aimé Rutot and the eolith controversy, 1900-1920", in ISIS: An international review devoted to the History of Science an its cultural influence, t. 94, 2003, p. 604-620.
- DE BONT, Raf, "Verdelgen of verheffen. De evolutietheorie en de maakbaarheid van de mens", Bijdragen en mededelingen betreffende de Geschiedenis der Nederlanden, 122 (2007), 4, 503-518.
- GROESSENS, Éric, GROESSENS-VAN DYCK, Marie-Claire, "La géologie", in Robert Halleux, Geert Vanpaemel, Jan Vandersmissen en Andrée Despy-Meyer (éds.), Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000, Bruxelles : Dexia/La Renaissance du livre, 2001, vol. 1, p. 270. (Seule la version de l’article néerlandaise est disponible en ligne).
- PONCELET, Marc, NICOLAÏ, Henri, DELHAL, Jacques, SYMOENS, Jean-Jacques, "Les sciences d’outre-mer", in Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000 sous la dir. De Robert Halleux, t. 2, Bruxelles, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 261. (Seule la version de l’article néerlandaise est disponible en ligne).
- STOCKMANS, François, "Rutot Aimé", in Biographie Nationale, t. 33, col. 636-638.
- STOCKMANS, François, "Aimé Rutot", in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1966, p. 3-26.
Notes
- ↑ STOCKMANS, François, "Rutot Aimé", in : Biographie Nationale, 1965, 33, col. 636.
- ↑ STOCKMANS, François, "Aimé Rutot", in : Annuaire ARB, 1966, p. 4.
- ↑ Raakvlak (Intergemeentelijke dienst Archeologie Brugge en ommeland), "Pioniers in het verleden" consulté le 06/02/2012 à 10h.
- ↑ DE BONT, Raf, "Verdelgen of verheffen. De evolutietheorie en de maakbaarheid van de mens", p. 7-8.
- ↑ Raakvlak (Intergemeentelijke dienst Archeologie Brugge en ommeland), "Pioniers in het verleden" consulté le 06/02/2012 à 10h.
- ↑ STOCKMANS, François, "Rutot Aimé", in : Biographie Nationale, 1965, 33, col. 636.
- ↑ GROESSENS, Éric, GROESSENS-VAN DYCK, Marie-Claire, "De geologie", in Robert Halleux, Geert Vanpaemel, Jan Vandersmissen en Andrée Despy-Meyer (éds.), Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000, Bruxelles : Dexia/La Renaissance du livre, 2001, vol. 1,, p. 270.
- ↑ STOCKMANS, François, "Aimé Rutot", in : Annuaire ARB, 1966, p. 10.
- ↑ STOCKMANS, François, "Aimé Rutot", in : Annuaire ARB, 1966, p. 6.