Pieraerts, Joseph (1868-1931)

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Nom complet: Joseph-Jean-Marie Piéraerts


Agronome, professeur universitaire et haut fonctionnaire, né le 10 janvier 1868 à Malines, décédé le 15 janvier 1931 à Bruxelles.

Biographie

Piéraerts passa en 1885 l’examen d’entrée pour accéder aux études d’ingénieur agronome à l’École supérieure d’Agriculture de Louvain, fondée en 1878, alors indépendante de l’université de la même ville. Il obtint son diplôme en 1888. Il suivit ensuite une formation d’ingénieur-brasseur à la Haute École de Brasserie, annexée à l’Institut agronomique à partir de 1887. Il acheva ces nouvelles études en 1893, avec succès. Pendant celles-ci, Piéraerts avait été engagé comme préparateur à l’unique laboratoire de chimie agricole de l’Institut, alors sous la direction du professeur August Theunis. Une fois son diplôme en poche, il fut promu premier assistant.


Entretemps, en 1892, l’École supérieure avait été annexée à la Faculté des Sciences de l’Université de Louvain. Trois ans plus tard, on ajouta en outre à la formation d’ingénieur agronome une quatrième année de spécialisation, permettant ainsi d’approfondir l’étude de la sylviculture, de la chimie agricole ou de l’agronomie coloniale. Conséquence de cet élargissement de la palette de cours et de l’éclatement du cursus en deux orientations, de nombreuses charges de cours devinrent vacantes. Le décès du professeur Alphonse Demarbaix en 1899 offrit à Piéraerts l’opportunité de lui succéder à sa chaire. Par l’entremise du professeur de biologie cellulaire Jean-Baptiste Carnoy, Piéraerts fut nommé comme professeur extraordinaire au nouvel Institut agronomique, pour le cours de « zoologie chimique ».[1]


À partir de l’année académique 1900-1901, Piéraerts donna des leçons portant sur différents aspects de la chimie, et il obtint la charge du cours de chimie pratique. Au cours des années, d’autres cours vinrent s’ajouter à cette charge, aussi bien à l’Institut agronomique qu’à l’École de Brasserie. Compte tenu du fait que chaque cours allait de paire avec une indemnité financière, une concurrence féroce naquit entre Piéraerts et ses collègues, dont le traitement restait modeste. Si l’on en croit Émile Wildeman, qui a écrit sa notice biographique, le caractère bourru et rustre de Piéraerts contribua à rendre la situation peu à peu insupportable. Piéraerts se brouilla avec ses collègues, entre autres avec le directeur de l’Institut agronomique Léon Verelst, et avec les professeurs Joseph Frateur et Edmond Leplae. Le recteur Adolphe Hebbelynck (1859-1939) confia le cours de « philosophie religieuse » à l’Institut agronomique en juillet 1905 au professeur de théologie Jacques Laminne, et le nomma président de l’Institut, dans le but d’avoir un avis objectif sur le conflit.


Les problèmes s’accumulèrent cependant et, en octobre 1909, Piéraerts eut une ultime discussion avec le nouveau recteur, Paulin Ladeuze (1870-1940), qui lui demanda des explications pour les nombreuses plaintes déposées par ses collègues, notamment son manque de neutralité dans l’évaluation des étudiants et sa mauvaise gestion financière. La situation atteint son paroxysme un peu plus tard, lorsque, au cours d’une délibération au sein de l’École de Brasserie, sous les yeux de Jacques Laminne, Philibert Biourge et d’autres professeurs, une rixe éclata entre Piéraerts et Verelst. Avec le soutien de ses collègues, ce dernier réclama la démission de Piéraerts au recteur. Le 12 octobre, Piéraerts reçut un blâme officiel. Pour mettre fin à cette situation déplaisante, le recteur lui promit de lui chercher un poste, s’il consentait à donner sa démission de l’Institut agronomique. Ce nouveau poste, on le trouva dans le Ministère des Colonies, tout juste fondé en 1908. Le 31 octobre, Piéraerts déposa bel et bien sa démission. Quelques mois plus tard, il fut nommé premier directeur du Laboratoire de Recherches chimiques et onialogiques de Tervuren, établi au sein de la Section économique du Musée du Congo belge. Le laboratoire, qui se trouvait dans le Pavillon Stanley, était consacré à l’analyse chimique des ressources présentes sur le sol congolais, ainsi qu’à l’étude de leur potentiel en termes de production et de commercialisation.


En 1914, avec l’éclatement de la Première Guerre Mondiale, Piéraerts quitta la Belgique. Il séjourna un temps à l’Institut Pasteur, à Paris. Il travailla aussi au Musée colonial de Marseille et fut envoyé en mission à Valence, en Espagne, pour y étudier la culture des arachides. Après l’Armistice en 1918, Piéraerts s’en retourna en Belgique. Il retrouva son poste à la tête du Laboratoire de Recherches chimiques et onialogiques. Par arrêté royal du 22 avril 1929, cette institution obtint un statut autonome et fut nommée « Laboratoire du Congo-belge pour les Recherches chimiques et onialogiques ».


Dès la fondation de l’Institut royal colonial belge en 1928, Piéraerts fit partie des premiers nommés à la deuxième classe, dédiée aux sciences naturelles et médicales. Il faisait partie des fidèles. Il fut présent à toutes les réunions depuis la toute première, le 3 mai 1929, jusqu’à son décès. Piéraerts donnait aussi des cours à l’École coloniale de Bruxelles consacrés à la distribution des plantes économiquement utiles sur le territoire du Congo belge. Il reçut diverses décorations de Belgique, de France et du Portugal, et était membre d’innombrables associations, aussi bien au pays qu’à l’étranger.


Le 17 janvier 1931, on commémora le décès de Piéraerts. L. Adriaens et De Wilderman écrivirent en 1921 un « in memoriam » en l’honneur de celui qui avait été respectivement leur directeur et collègue, soudainement décédé. Leurs témoignages rapportent que Piéraerts se confiait peu, qu’il pouvait être grossier et fruste, mais que c’était un bourreau de travail et un chercheur extrêmement perspicace, avec un « cœur en or ». Walter Robyns, alors directeur du Jardin Botanique, lui consacra aussi une notice biographique en 1960.

Travaux

Les recherches de Piéraerts à l’Institut agronomique de Louvain portaient sur les glucides. En 1908, il avait déjà écrit neuf articles sur le sujet. Dans la prolongation de ces investigations, il se consacra, en tant que directeur du Laboratoire de Recherches chimiques et onialogiques, à l’étude des plantes sucrières. Au cours de son séjour à l’Institut Pasteur de Paris, il entreprit une analyse des parties adipeuses de certaines plantes issues de la colonie. Sa première recherche analytique concernait les grains de la famille des Cucurbitacées. Il publia ses résultats entre autres dans les Annales du Musée colonial de Marseille.


Pendant l’Entre-Deux-Guerres, Piéraerts et son équipe de collaborateurs effectuèrent des recherches phytochimiques sur des plantes coloniales qui contenaient des huiles et huiles essentielles, des glucides ou des substances insecticides. Plus tard, membre de l’Institut colonial, ses recherches portèrent aussi les plantes utiles d’un point de vue médicinal. Il étudia en détails les plantes de la famille des légumineuses.


Piéraerts publia au total une soixantaine de publications. Jusqu’en 1925, il publia quelques vingt-cinq articles sous son propre nom. Le premier article en coopération avec un collaborateur parut en 1925 : il s’agissait de l’ingénieur chimiste L. L’Heureux, qui lui succéda comme directeur à sa mort. Parmi ses autres collaborateurs importants, on peut citer le dr. L Adriaens, l’ingénieur chimiste E. Castagne et le dr. P. Denis.


Dans son ample notice nécrologique de 1930, Émile de Wildeman insiste sur le fait que c’est son collègue Piéraerts qui a, le premier, démontré qu’une analyse chimique des plantes peut contribuer à une meilleure classification morphologique de la flore. Il sut aussi démontrer qu’il existait des opportunités pour l’industrie d’utiliser certaines parties des plantes pour produire du beurre ou du savon. De Wildeman célèbre aussi Piéraerts pour sa tentative de convaincre les entrepreneurs belges du rendement de la production des huiles d’origine végétale et coloniale, qui était selon lui aussi rentables que l’huile d’olive.

Bibliographie

  • Adriaens, E.L., "L'Œuvre du prof. J. Pieraerts dans le domaine des oleagineux", in: CONGO, Revue générale de la Colonie belge, 12 (1931), nr. 1, 1-4.
  • De Wildeman, Emile "Notice Nécrologique, Joseph-Jean-Marie PIÉRAERTS (1868-1931)", in: Bulletin de l'Institut royale Coloniale belge, 3 (1932), 23-36. (avec liste des publications).
  • Robyns, Walter, "Piéraerts, directeur du Laboratoire de recherches chimiques et onialogiques de Tervuren", Acad. roy. Science. d'Outre- Mer, Biographie Belge d'Outre- Mer, tome VI, 1968, col.818-822 (idem, liste de publications).
  • Woestenborghs, B., Hermans, R. en Segers, Y., In het spoor van Demeter. Faculteit Bio-ingenieurswetenschappen K.U.Leuven, 1878-2003, Leuven, 2005, 57 en 60.
  • Woestenborghs, Bert, Een stukje geschiedenis.Gedreven door amibitie en rivaliteit: professor Joseph Pieraerts, in: Nieuwsbrief, 7 (2004), nr. 2, 8-9 (geraadpleegd op 26 november 2012, om 15:00).
  • Diser, Lyvia, Wetenschap op de proef. Laboratoria in het Belgisch overheidsbeleid (1870-1940), Leuven, 2016.
  • Deelstra, Hendrik, Piéraerts, Joseph, notice inédite, 2016.


Notes

  1. Le titre de « professeur extraordinaire » fut remplacé en 1914 par le titre de « chargé de cours ».