Bordet, Jules Jean Baptiste Vincent (1870-1961)

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Lauréat du prix Nobel, microbiologiste et immunologues né à Soignies le 13 juin 1870 et décédé à Ixelles le 6 avril 1961.



Biographie

Jules Bordet est né à Soignies (Hainaut) le 13 juin 1870. Il fit ses études à l’école primaire de Schaerbeek, où enseignait son père, puis à l’Athénée Royal de Bruxelles. À 16 ans, il s’inscrivit en médecine à l’Université libre de Bruxelles. Il acheva ces études en six ans à la place de sept normalement attendus. En 1892, il fut promu docteur en médecine et publia la même année un premier article, Adaptation des virus aux organismes vaccinés. Il retira de cette publication une bourse de voyage. Au préalable, il travailla une année à Middelkerke comme assistant-médecin à l’Hôpital maritime Roger de Grimberghe. En 1894, il séjourna grâce à sa bourse d’études au laboratoire d’Elie Metchnikoff à l’Institut Pasteur de Paris. Il y resta jusqu’en 1901. À cette époque, il se maria avec Marthe Levoz. Ils eurent trois enfants[1]
Son séjour parisien fut interrompu une première fois en 1896 pour lui permettre d’obtenir un doctorat spécial à l'ULB, avec présentation de ses réalisations à l’Institut Pasteur (Paris). L’Institut Pasteur le confia ensuite, en 1897, une mission d'étude d'une épidémie de peste bovine qui ravageait le Transvaal. Bordet y rencontra le grand bactériologue allemand Robert Koch et parvint à y isoler la bactérie-agent.[2]


En 1900, le Conseil provincial du Brabant prit la décision de créer un ‘Institut antirabique et bactériologique’. De retour à Bruxelles, Jules Bordet fut nommé directeur de cet institut. Les activités commencèrent le 1er juin 1901. L’établissement fut un temps abrité dans les locaux de l’Institut Solvay, au Parc Léopold. En 1903, l’Institut fut rebaptisé Institut Pasteur du Brabant, avec l’accord de la veuve de Louis Pasteur.[3]


En 1907, Bordet devint professeur de microbiologie à la Faculté de Médecine de l’ULB à la chaire de bactériologie. En 1919, il décrocha le Prix Nobel pour la médecine. L'année suivante, il fit partie de la délégation belge envoyée aux États-Unis afin de solliciter auprès de la Rockefeller Foundation une aide financière pour la construction des nouveaux instituts de la Faculté de Médecine de l’ULB. En 1933, il fut nommé président du Conseil scientifique de l’Institut Pasteur à Paris. En 1935, il quitta la chaire de biologie de l’ULB et en 1940, il démissionna de son poste de directeur de l’Institut Pasteur du Brabant. La même année, il fut admis à l’éméritat. Ses cours furent repris par son fils Paul.[4]


Le 15 décembre 1913, Bordet devint membre correspondant de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique ; membre effectif le 14 juin 1919 ; et président de la Classe des Sciences en 1934.
Il fut membre effectif et président de l’Académie royale de médecine de Belgique. Il fut aussi président du Haut Conseil de l’Hygiène de Belgique, président d’honneur du Haut Conseil de l’Hygiène pour la Colonie, et président d’honneur du Conseil d'Administration de l'Oeuvre Nationale Belge de défense contre la Tuberculose. Il fut membre étranger de la Royal Society et de la Royal Society d’Edimbourg ; membre associé de l’Institut de France, de l’Académie nationale des Sciences des États-Unis, de l’Académie de Médecine de Paris et de l’Académie de Médecine de Roumanie ; membre d’honneur de l’Académie de Médecine d’Espagne, et membre des académies de Suède, Danemark, Bologne, Irlande, Halle (Allemagne) et Pologne. Il fut enfin membre des académies de Médecine de Rome, Barcelone, New York, Mexique et du Grand-Duché du Luxembourg.[5]

Il fut reçu docteur honoris causa des universités de Cambridge, Paris, Strasbourg, Toulouse, Edimbourg, Nancy, Québec, Montpellier, Athènes et du Caire. Outre son Prix Nobel, Bordet obtint en 1906 le Prix Quinquennal des Sciences Médicales décerné par le Gouvernement belge ; le Prix du Congrès international d’Hygiène de Budapest en 1909; le Prix Hansen en 1914 ; la Médaille d’Or Pasteur en 1920 ; le Prix Cameron en 1921 ; le Prix des Amis du Hainaut en 1935 (en même temps que Jules Destrée et Georges Lemaître, autre Prix Nobel) ; la Médaille d’Or d’Addingham en 1950 ; et le Prix du Fonds Gouverneur E. Cornez. Il reçut le Grand Cordon de l’Ordre de Léopold et la Grande Croix de la Légion d’Honneur.[6]


Il donna son nom au Prix Jules Bordet, à l’Institut Jules Bordet et à l’Athénée Jules Bordet. Sa ville natale, Soignies, lui rendit aussi hommage en lui construisant un buste sur la place nommée en son honneur.

Travaux

Les travaux de Jules Bordet apportèrent des contributions fondamentales à la physiologie et à la bactériologie.[7] Il jeta les bases de l’immunologie humorale, une nouvelle discipline. En 1895, il découvrir le rôle du fonctionnement de certaines composantes humorales (les anticorps) dans le développement de l’immunité contre les agents contagieux. Il constata aussi que l’effet de l’immunoglobuline in vivo était particulièrement favorisée par un élément plasmatique naturel qu’il nomma « alexine » et qui est aujourd’hui connue comme le complément. Ce mécanisme est aux fondements des méthodes destinées à tester la fixation du complément, et permit le développement des tests sérologiques sur la syphilis, à l’instar du « Test Wasserman » mis au point en 1906 par August Von Wasserman.[8]

Ensuite, Bordet décrivit la phagocytose des bactéries par les globules blancs, au sein de l’Institut Pasteur du Brabant. En 1898, il décrivit l’hémolyse qui se produit lorsqu’on mélange des globules rouges avec du plasma sanguin étranger.[9] Avec Octave Gengou (1875-1957), Jules Bordet découvrit en 1906 la bactérie responsable de la coqueluche (cette bactérie est nommée le bacille de Bordet-Gengou ou Bordetella pertussis). Il découvrit de même les bacilles de la diphtérie aviaire et du mycoplasme de la pleuropneumonie bovine.[10]
En 1920 parut une importance publication de Jules Bordet, le Traité de l'immunité dans les maladies infectieuses, devenue une référence absolue en la matière. En 1939, il en publia une seconde édition. Il décrivit en outre divers mécanismes immunologiques jusqu’alors inconnus, s’intéressa à la coagulation sanguine et aux bactériophages.

Publication de ses cours

En 1927, les cours qu’il enseignait à l’ULB parurent sous le titre Bactériologie, Parasitologie.

Vulgarisation scientifique

Jules Bordet rédigea un ouvrage dans lequelil exposait en des termes clairs et abordables la complexe discipline qu’est l’immunologie. Cette publication, Infection et immunité, fut publiée à Paris en 1947 dans la série Bibliothèque de Philosophie scientifique. Il écrivit aussi sur l’astronomie, notamment les Élements d'Astronomie.[11]

Engagement politique

Jules Bordet combattit toute sa vie pour la défense de la langue française en Flandre et à Bruxelles. Au début des années 20, il milita au sein de l’Académie royale de médecine de Belgique contre la flamandisation de l’Université de Gand. Il s’engagea ensuite dans la ‘Ligue Nationale pour la Défense de l’Université de Gand et la Liberté des Langues’, future ‘Ligue Nationale pour l’Unité belge’, dont il prit la présidence en 1926. Il fut brièvement sénateur provincial libéral pour le Hainaut entre janvier et novembre 1921, et membre de l’Assemblée wallonne de 1921 à 1940 pour l’arrondissement de Soignies.


En 1938, il prit la tête du Conseil culturel français mis en place dans le cadre de la politique de décentralisation culturelle. Pendant l’Occupation, il rédigea les Brèves considérations sur le mode de gouvernement, la liberté et l'éducation morale, publiées en 1945, favorables à la plus totale liberté des langues et hostiles au Mouvement flamand. Enfin, en 1952, il participa au congrès du ‘Bloc de la Liberté’, opposé aux mesures linguistiques en faveur du néerlandais dans l’agglomération bruxelloise.


Publications


Pour une courte liste des publications de Jules Bordet, voir : Bordet, Paul, "Jules Bordet", In: Annuaire ARB, 1982, p. 25.

Bibliographie

  • BEUMER, Jacques, "Bordet (Jules)", in Biographie Nationale, t. 38, 1973, col. 26-36.
  • BORDET, Paul, "Jules Bordet", in Annuaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1982, p. 3-24.
  • BORDET, Paul, "Jules Bordet", in Florilège des sciences en Belgique pendant le 19e et le début du 20e, Bruxelles : Académie royale de Belgique Classe des sciences, 1968, p. 1035-1067.
  • "Brèves informations biographiques", Bulletins de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1961, p. 676.
  • DALCQ, Albert M., JENNER, Raymond, "Hommage à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance", Bulletins de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1970, pp. 1433 et 1437.
  • GÉRARD, Pol, "Allocution à l’occasion de la remise du buste de J. Bordet à l’Académie", in Bulletins de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1955, p. 415.
  • GÉRARD, Pol, "Bordet, (Jules)", in Biographie Belge d'Outre-Mer, t. 6, 1968, col. 86-89.
  • THIEFFRY, Denis, "La biologie fondamentale: de l’organisme à la cellule, de la molécule à l’écosystème", in Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000 sous la dir. De Robert Halleux, t. 2, Bruxelles, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 203.
  • DELFORGE, Paul, « Bordet Jules” in Encyclopédie du Mouvement wallon, t. I, Charleroi, Institut Jules Destrée, 2000, p. 170-171.
  • ROYGEN, Virgile, Les réactions des universitaires liégeois face à la flamandisation de l’Université de Gand, inédit, Mémoire de maîtrise en histoire, Université de Liège, année académique 2016-2017.



Références

  1. Bordet, Paul, "Jules Bordet", In: Annuaire ARB, 1982, p. 9.
  2. Bordet, Paul, "Jules Bordet", in: Florilège des sciences en Belgique pendant le 19e et le début du 20e, Brussel : Académie royale de Belgique Classe des sciences, 1968, p.1042.
  3. Bordet, Paul, "Jules Bordet", In: Annuaire ARB, 1982, p. 10.
  4. Beumer, Jacques, "Jules Bordet", in: Biographie Nationale, vol. 38, 1973, kol. 28.
  5. Bordet, Paul, "Jules Bordet", in: Florilège des sciences en Belgique pendant le 19e et le début du 20e, Brussel : Académie royale de Belgique Classe des sciences, 1968, p. 1060-1061.
  6. Bordet, Paul, "Jules Bordet", in: Florilège des sciences en Belgique pendant le 19e et le début du 20e, Brussel : Académie royale de Belgique Classe des sciences, 1968, p. 1061.
  7. Thieffry, Denis, "De fundamentele biologie: van het organisme tot de cel, van de molecule tot het ecosysteem", In: Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000 sous la dir. De Robert Halleux, t. 2, Bruxelles, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 203.
  8. Bordet, Paul, "Jules Bordet", In: Annuaire ARB, 1982, p. 4.
  9. Bordet, Paul, "Jules Bordet", in: Florilège des sciences en Belgique pendant le 19e et le début du 20e, Brussel : Académie royale de Belgique Classe des sciences, 1968, p. 1043-1044.
  10. Beumer, Jacques, "Jules Bordet", in: Biographie Nationale, vol. 38, 1973, kol. 33.
  11. Bordet, Paul, "Jules Bordet", In: Annuaire ARB, 1982, p. 21.