Ioteyko, Josepha (1866-1928)

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Egalement connue sous le nom: Jozefa, Josefa et Joteiko, Ioteiko.


Psychologue, physiologiste et pédagogue, première femme assistante dans une université belge (Université libre de Bruxelles), née en 1866 à Poczujki, Ukraine et décédée en 1928 à Varsovie.


Biographie

Josepha Joteyko grandit à Varsovie, où elle reçoit un enseignement privé. Désireuse de poursuivre des études universitaires, elle quitte la Pologne pour Genève. La Suisse est en effet l’un des rares pays dont les universités soient déjà accessibles aux filles. Joteyko s’inscrit à la faculté des sciences, où elle suit les cours d’une série de professeurs renommés comme les zoologistes Carl Vogt et Émile Yung. Après sa candidature, elle poursuit le cursus, d’abord à Bruxelles, ensuite à Paris, où elle obtient en 1896 le grade de docteur en médecine.


En 1898 Joteyko entre à l’Université libre de Bruxelles, où l’on cherche à ce moment des chargés de cours pour l’enseignement de la physiologie. Elle grimpe rapidement les échelons. Intégrée par Hector Denis au laboratoire « Kasimir » de psychophysiologie, elle devient au bout d’un temps directrice du laboratoire de psychologie expérimentale. En 1903, elle est nommée chef de travaux. Parallèlement, elle travaille à l’institut de physiologie et au laboratoire d'énergétique de l’Institut Solvay, où elle effectue des recherches, notamment avec Charles Henry. Comme Joteyko a en tant que femme peu de possibilités de carrière et que son salaire de chef de travaux est assez chiche, Denis fait en sorte qu’elle soit nommée aux écoles normales du Hainaut, à Mons et à Charleroi,[1] où elle est engagée comme chargée de cours et directrice du laboratoire de pédologie. À partir de 1916, elle enseigne aussi la pédagogie et la psychologie expérimentale à la Sorbonne et au Collège de France, où elle est également la première femme chargée de cours.


Joteyko ne réside que brièvement en Belgique. En 1919, elle retourne dans son pays d’origine, où elle poursuit ses activités de recherche et d’enseignement.


Joteyko a été la première correspondante féminine de l’Académie royale de médecine de Belgique. Elle a présidé la Société belge de neurologie (1905-1906) et le premier Congrès de psychiatrie belge en 1905 (Liège).


Travaux

Les domaines de recherche de Josepha Joteyko englobent d’abord la physiologie, puis la psychologie générale ainsi que la psychologie et la pédagogie du travail. Elle s’intéresse particulièrement aux phénomènes physiologiques et psychologiques du sommeil et de la fatigue ainsi qu’au fonctionnement des muscles.


Publications

Josepha Joteyko a publié un nombre impressionnant d’études. Parmi ses publications les plus renommées, nous pouvons citer :

  • AvecMichalina Stefanowska, Psycho-physiologie de la douleur, Paris, 1909.
  • La fonction musculaire, Paris, 1909.
  • La science du travail et son organisation, Paris, 1917.
  • Fatigue, 1920.
  • La psychologie de la forme dans ses rapports avec les thèses de l’École active, Varsovie, 1927.


Beaucoup de ces publications ont été couronnées, notamment par le prix Montyon de l’Institut de France en 1900. Josepha Joteyko a été cinq fois lauréate de l’Académie des sciences de Paris, de l’Académie de médecine de Paris et du Collège de France.


Sources

  • GUBIN, Eliane en PIETTE, Valérie, Emma, Louise, Marie… L’Université Libre de Bruxelles et l’émancipation des femmes (1834-2000), Bruxelles, 2004, p. 106-107.
  • WILS, Kaat, "De sociologie", in Robert Halleux, Geert Vanpaemel, Jan Vandersmissen en Andrée Despy-Meyer (red.), Geschiedenis van de wetenschappen in België 1815-2000, Bruxelles, 2001, vol. 1, p. 313.
  • WILS, Kaat, "Le génie s'abritant sous un crâne féminin ? La carrière belge de la physiologiste et pédologue Iosefa Ioteyko", in: Jacqueline Carroy e.a. (red.), Les femmes dans les sciences de l'homme (IXe-XXe siècles), Paris, 2005, p. 49-67.


Notes

  1. Il faudra attendre 1926 pour qu’un premier professeur de sexe féminin, Irène Van Der Bracht, y soit nommée. En 1945, Lucia De Bouckère sera le premier professeur féminin nommée dans une faculté de sciences en Belgique.