Méridienne de Quetelet à Anvers

From Bestor
Jump to: navigation, search
Bron: G. Lanting, Wikimedia Commons

Méridienne fabriquée par Adolphe Quetelet en 1838, à Anvers.



Voir aussi:


Présentation

On peut voir le méridien grâce à une lame de cuivre, de quelques millimètres de large et de presque 67 mètres de long, ancrée dans le dallage noir de la cathédrale Notre-Dame. Il s'agit de la ligne originale posée par Adolphe Quetelet. La ligne coupe le transept de l'église en diagonale et suit précisément le méridien géographique de ce lieu. A certains endroits, des bancs sont placés sur la ligne. Le nouvel autel principal recouvre aussi une partie de la ligne.


Au-dessus de la ligne, on peut découvrir dans le vitrail de la rangée supérieure, tout en haut à gauche, une ouverture cerclée de métal. C’est l’oculus. Le rayon de soleil traversant l’oculus décrit une trajectoire sur le sol de l'église. Au midi astronomique, le rayon du soleil croise la ligne méridienne. L’oculus n’est pas l’original fixé par Quetelet. Suite à des travaux de restauration successifs, l’oculus ne se trouve plus à la bonne place aujourd’hui. D'après les calculs des astronomes, il y a un écart d'environ 105 secondes.[1] De plus, entre la mi-novembre et la mi-janvier, le déplacement de l'oculus ne permet plus de voir le fonctionnement du jeu de lumière car la ligne méridienne est trop courte.[2]


Historique

L’astronome Adolphe Quetelet a produit cette méridienne à la demande du gouvernement (arrêté royal de février 1836). L'installation faisait partie d'un projet de développement d'envergure de pas moins de 41 lignes méridiennes prévues à différents endroits dans le pays – dont Quetelet n’en a finalement installées que dix. Avec ce projet, le gouvernement voulait harmoniser les mesures du temps à différents endroits du pays. En effet, à cette époque-là, villes et villages avaient tous leur propre méthode de détermination du temps. Ce qui entrainait des différences de temps entre divers endroits de Belgique allant parfois jusqu’à 25 minutes! Les méridiennes de Quetelet facilitèrent beaucoup la lecture du midi solaire du lieu concerné. Par calcul ou comparaison des tableaux de correspondance on pouvait savoir exactement l'heure moyenne du lieu et dans d'autres villes.


Le développement du réseau ferroviaire belge en 1835 rendit cette harmonisation urgente. Avec des temps inégaux, il était impossible de faire rouler les trains « à temps ». C’était ennuyeux, mais surtout mortellement dangereux sur ces trajets où deux trains employaient la même voie de chemin de fer dans les deux sens. Il fallait absolument savoir si le véhicule venant en sens inverse était déjà passé.

Au moment de sa mission, Adolphe Quetelet était également directeur du nouvel observatoire royal
.


C'est pourquoi le gouvernement demanda à Quetelet de s'occuper d'abord des villes du réseau ferroviaire. A la suite de son travail sur le Méridienne de Quetelet à Bruxelles, il se rendit en 1836 à Anvers pour prospecter. Son choix se porta sur la cathédrale Notre-Dame et un oculus y fut placé rapidemment. Mais peu de temps après, on interrompit les travaux. La rénovation de la porte obligea de déplacer l'oculus. En 1838, Quetelet put enfin signaler au ministre que la méridienne était prête.


Pour préparer la méridienne à Anvers, on installa également, en 1837, un mini-observatoire comprenant une lunette méridienne, comme stipulé dans l'arrêté royal de 1836. La lunette méridienne n’était pas seulement utile pour déterminer très précisémment le midi solaire. Elle permit également à Quetelet de travailler à la construction de la méridienne d’Anvers avec l’heure solaire exacte de cette ville, sans devoir calibrer préalablement les chronomètres avec le méridien de l'observatoire. Quetelet choisit le bassin de Bonaparte comme emplacement. L'observatoire fut adossé à la maison de l'éclusier. Un certain M. Kemmel fit des observations pour les calculs. Par ailleurs, la méridienne pouvait également être utilisé à des fins maritimes. En effet, les capitaines qui amarraient dans le port apportaient à Kemmel leurs chronomètres pour les régler avec précision.


Quelques années après la construction de la méridienne, l'ensemble du système devient cependant obsolète. Les conducteurs de trains emmenaient une horloge dans le train et le télégraphe permit à partir de 1840 de transmettre très rapidement l'heure. La méridienne devint donc inutile. Le mini-observatoire fut par contre utilisé encore pendant longtemps.


Lieu

La méridienne se trouve dans la cathédrale Notre-Dame d’Anvers. Lors d'une visite d’exploration à la ville d'Anvers, le choix de Quetelet se porta immédiatement sur la magnifique cathédrale gothique Notre-Dame. L'église était assez longue pour contenir une ligne nord-sud de plusieurs dizaines de mètres, ce qui était nécessaire pour capter les rayons du soleil aussi bien en été quand le soleil est haut, qu'en hiver quand le soleil est bas. Malencontreusement, selon Quetelet, le bâtiment n’était pas bien orienté : la méridienne croiserait la nef en diagonale.


Pour Quetelet, l'atout décisif de l'imposante cathédrale d'Anvers était sa valeur historique et culturelle. Le bâtiment était de ce fait un lieu de réunion très fréquenté ce qui permettait à beaucoup de gens d’observer la méridienne en fonctionnement. L'accessibilité du public était, aux yeux de Quetelet, une condition cruciale dans le choix du lieu. Bien que Quetelet remarqua après un certain temps que les églises avaient tendance à fermer leurs portes ... à midi. Ce dont il tint compte dans le futur.


A Anvers, Quetelet eut sans aucun doute peu de difficultés à convaincre le conseil de l'église de travailler avec lui. La fugacité du temps incarnée par le faisceau de lumière concordait bien avec les symboles de la foi catholique. Depuis des siècles, pour cette raison déjà, de nombreuses églises à travers toute l'Europe possédaient des cadrans solaires et des méridiens.


Bibliographie


Notes

  1. Van Boxmeer, Henri, “Poussières d’archives. Les méridiennes de Quetelet. Le pavillon astronomique et la méridienne d'Anvers”, in: Ciel et terre, 113 (1997), n° 6, 207.
  2. Au temps de Quetelet, on pouvait pourtant observer le solstice d'hiver.