Difference between revisions of "Coremans, Paul (1908-1965)"

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La scolarité de Coremans suivit un tracé capricieux, marqué par la tourmente de la guerre. Ses premières années d'école le menèrent successivement à Saint-Amand (Anvers), au Pays de Galles (Grande-Bretagne), au Havre (France) et enfin à Mortsel-Oude God (Anvers), où le père Ludo Constant avait été nommé principal. Selon certains biographes, Coremans devait à ce parcours scolaire international son don pour les langues. Après des humanités classiques à l'[[Koninklijk atheneum van Antwerpen|Athénée Royal d’Anvers]], Coremans s’inscrivit en 1926, à l'âge de dix-huit ans, à la faculté des sciences de l’ [[Université de Bruxelles]]. Il y développa une passion pour la chimie. Durant l'année académique 1931-1932, il fut nommé  assistant au sein du laboratoire de chimie analytique du professeur [[Pinkus, Alexander (1891-1945)|Alexander Pinkus]]; en 1932, il fut proclamé docteur en chimie. Sa thèse, sous la supervision de Pinkus, concernait les électrolytes. L’année suivante, il commença sa carrière en tant que chimiste à Carbochimique, une entreprise située à Tertre dans le Hainaut, qui produisait de l'ammoniac synthétique et des détergents. <ref>Philippe Tomsin,
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La scolarité de Coremans suivit un tracé capricieux, marqué par la tourmente de la guerre. Ses premières années d'école le menèrent successivement à Saint-Amand (Anvers), au Pays de Galles (Grande-Bretagne), au Havre (France) et enfin à Mortsel-Oude God (Anvers), où le père Ludo Constant avait été nommé principal. Selon certains biographes, Coremans devait à ce parcours scolaire international son don pour les langues. Après des humanités classiques à l'[[Koninklijk atheneum van Antwerpen|Athénée Royal d’Anvers]], Coremans s’inscrivit en 1926, à l'âge de dix-huit ans, à la faculté des sciences de l’ [[Université libre de Bruxelles |Université de Bruxelles]]. Il y développa une passion pour la chimie. Durant l'année académique 1931-1932, il fut nommé  assistant au sein du laboratoire de chimie analytique du professeur [[Pinkus, Alexander (1891-1945)|Alexander Pinkus]]; en 1932, il fut proclamé docteur en chimie. Sa thèse, sous la supervision de Pinkus, concernait les électrolytes. L’année suivante, il commença sa carrière en tant que chimiste à Carbochimique, une entreprise située à Tertre dans le Hainaut, qui produisait de l'ammoniac synthétique et des détergents. <ref>Philippe Tomsin,
 
[http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0018.php “La Chimie industrielle”], in: ''Histoire des Sciences en Belgique, 1815-2000'',  vol.2, Bruxelles, 2001, 201.</ref>
 
[http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0018.php “La Chimie industrielle”], in: ''Histoire des Sciences en Belgique, 1815-2000'',  vol.2, Bruxelles, 2001, 201.</ref>
  

Revision as of 14:57, 30 March 2015


Chimiste, restaurateur d’art, conservateur et professeur. Né le 29 avril 1908 à Borgerhout et décédé le 11 juin 1965 à Noorden (Pays-Bas).

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Biographie

La scolarité de Coremans suivit un tracé capricieux, marqué par la tourmente de la guerre. Ses premières années d'école le menèrent successivement à Saint-Amand (Anvers), au Pays de Galles (Grande-Bretagne), au Havre (France) et enfin à Mortsel-Oude God (Anvers), où le père Ludo Constant avait été nommé principal. Selon certains biographes, Coremans devait à ce parcours scolaire international son don pour les langues. Après des humanités classiques à l'Athénée Royal d’Anvers, Coremans s’inscrivit en 1926, à l'âge de dix-huit ans, à la faculté des sciences de l’ Université de Bruxelles. Il y développa une passion pour la chimie. Durant l'année académique 1931-1932, il fut nommé assistant au sein du laboratoire de chimie analytique du professeur Alexander Pinkus; en 1932, il fut proclamé docteur en chimie. Sa thèse, sous la supervision de Pinkus, concernait les électrolytes. L’année suivante, il commença sa carrière en tant que chimiste à Carbochimique, une entreprise située à Tertre dans le Hainaut, qui produisait de l'ammoniac synthétique et des détergents. [1]


D'après son futur collègue Jacques Lavalleye, ce fut une petite annonce découverte par hasard, publiée par le conservateur du musée Jean Capart, qui permit à Coremans d'obtenir l'emploi de ses rêves. En juillet 1934, il quitta son travail dans l'industrie pour devenir chimiste au sein des Musées royaux d'Art et d'Histoire. En tant que chef d'un très modeste laboratoire muséal et d'un service photographique, Coremans se consacra désormais à l'étude de l'art et de l'archéologie, dans le but d'établir l'authenticité des pièces et de les préserver de manière adéquate. L'une des principales motivations de Capart pour la mise en place d'une expertise scientifique était la détermination de l'authenticité des pièces archéologiques achetées. En effet, il était fréquent que des contrefaçons soient mises en circulation dans le marché de l'art. L’entreprise de Capart, par la place qu'elle offrait à la science dans l'étude de l'art, témoignait d'un esprit progressiste.


En tant que « Special Advanced Fellow » de la Belgian American Educational Foundation Coremans, accompagné de Capart, effectua plusieurs voyages d'études aux États-Unis. Il y visita entre autres le Fogg Museum of Art à Boston, qui avait été l'un des premiers musées à mettre en place un laboratoire de chimie. Inspiré par les développements au sein des musées américains, Coremans développa sa propre politique autour des sciences liées à la recherche artistique, incluant le traitement, la conservation et la restauration des œuvres, disciplines qui, jusque-là, avaient été exclusivement le domaine des historiens de l'art. Les pièces archéologiques et les œuvres d'art étaient soumises à la microscopie, à la décomposition chimique et plus tard encore aux rayons x, à la photographie infrarouge, au rayonnement ultraviolet, à la microchimie et à la datation au carbone 14. Coremans suivit également des cours complémentaires, entre autres sur l’histoire de la peinture flamande, au Musée des Beaux-Arts. Il élargit progressivement le domaine d’expertise du laboratoire des objets archéologiques aux oeuvres d'art en général. Au fil du temps, le petit laboratoire reçut également des demandes pour des recherches et des conseils de la part d'autres musées belges et de fabriques d’églises.


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Durant la guerre, Coremans fut actif dans la protection physique et chimique des oeuvres belges. Un grand nombre d’entre elles étaient conservées dans des abris souterrains. Son Service Photographique mena une campagne à grande échelle pour photographier tous les monuments et les œuvres d'art en Belgique. Après la guerre, Coremans s'occupa du rapatriement d’œuvres volées et emportées en Allemagne. La sécurité des trésors artistiques en temps de guerre fit à ce moment l'objet d’un débat international. Avec Harold Plenderleith et Ian Rawlins, chefs de service des laboratoires pour la conservation des œuvres d'art du British Museum et de la National Gallery à Londres, ainsi que de George Stout du Fogg Art Museum, Coremans développa une politique de protection du patrimoine culturel national en temps de guerre. Sa publication « La protection des œuvres scientifiques en temps de guerre » (1946) en fut le résultat. La collaboration entre les quatre hommes aboutit en 1950 à la fondation de l'Institut International pour la Conservation des Œuvres Historiques et Artistiques (IIC). Coremans en fut le président de 1955 à 1958. Il conserva ensuite jusqu’à sa mort le poste de vice-président.


Le 1er janvier 1946, le gouvernement détacha le laboratoire du musée pour le mettre officiellement au service de toutes les collections d'art nationales. Le laboratoire de Coremans était maintenant devenu une entité indépendante, intitulée : “Centrale Laboratorium van de Belgische Musea / Laboratoire Central des Musées de Belgique”.[2] La petite équipe de Coremans, composée de collaborateurs universitaires épaulés par quelques techniciens, devint progressivement une solide équipe renforcée par des chimistes, des historiens d'art, des restaurateurs et des photographes et assistée par un personnel administratif.[3]


Durant les années d’après-guerre, la carrière de Coremans prit un tour international. Ce fut surtout le procès spectaculaire du présumé faussaire de Vermeer, Han Van Meegeren, qui fit connaître son nom à travers le monde entier.[4] Le directeur joua le rôle de l’expert scientifique face aux historiens de l'art. Entre les deux groupes d'experts, une lutte à couteaux tirés s’engagea pour l'autorité.[5] La restauration en 1951 du retable l'Agneau mystique des frères Van Eyck, endommagé pendant la guerre, renforça également la renommée de Coremans. La restauration fut réalisée sur la base des recherches du laboratoire et eut lieu au Centre national pour l'étude des Primitifs flamands, créé par lui. Dans la publication « L’Agneau mystique au laboratoire » (1953), Coremans expliqua pour la première fois sa méthodologie pour la restauration des peintures. Il affirmait que, sans le soutien de l'expertise scientifique, un restaurateur pourrait effectuer une bonne restauration apparente, mais que celle-ci entrainerait en réalité une dégradation de la conservation à long terme de l'œuvre. Selon lui, les restaurateurs devaient donc d'après lui être bien formés à la physique et à la chimie. [6]


En 1956, l'UNESCO engagea Coremans pour une mission en Indonésie, en tant qu'expert-conseil pour la protection des monuments historiques. Après la crise du Congo en 1960, l'ONU ne voulait plus donner de postes de confiance aux Belges. Une exception fut cependant faite pour Coremans. Suivirent plusieurs expéditions dans les pays européens comme l'Italie (1953), la Yougoslavie (1960), la Bulgarie (1961) et l'Espagne (1963, 1964) mais aussi les pays en voie de développement tels que l’Égypte (1958, 1962), l'Irak, l'Iran (1960), la Birmanie, la Thaïlande (1961), le Pérou et le Mexique (1964). Sur base de ses expériences, le directeur bruxellois établit progressivement une théorie relative à la conservation dans les pays chauds. Le gouvernement belge offrait après chaque expédition une bourse afin de former un autochtone au sein du laboratoire central à Bruxelles pendant deux ans. Coremans souligna l'importance de tels transferts de connaissances à la population locale, mais préconisa aussi la création de centres d'expertise régionaux. Selon lui, trop peu de stagiaires retournaient dans leur pays d’origine. [7]


En 1958, Coremans fut aussi impliqué dans la création, à l'initiative de l'UNESCO, du Centre International d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM, aussi appelé le Centre de Rome). En 1965, il fut choisi comme président de l’assemblée générale. En 1964, il participa à la création du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS). Dans une sous-commission de l'ICOM, il était membre du comité international pour les laboratoires de musées. Il en fut secrétaire général de 1955 à 1958. En 1952, il devint membre de la commission pour le traitement des peintures.


Par décret du Regent du 18 février 1948, Coremans fut nommé à l'Institut d'histoire de l'art et archéologie (HIKO) rattaché à la Faculté des Arts et Philosophie de l'Université de Gand pour le nouveau cours tout juste créé : "La technique des arts visuels ». Il intervint aussi en tant que professeur invité dans plusieurs universités américaines.



Publications

Parmi les oeuvres importantes de Coremans:

  • La protection des œuvres scientifiques en temps de guerre. Les expériences de l'Europe au cours des années 1939 à 1945 », Bruxelles, 1946.
  • L'Agneau mystique au laboratoire: examen et traitement, Anvers, 1953.
  • Van Meegeren’s faked Vermeers and de Hooghs. A scientific examination, Londen-Amsterdam, 1949.

Une liste complète des livres et des articles de Coremans est publiée dans: “Paul Coremans”, in: Liber Memorialis (1913-1960), partie 1, Gand, 1960, 512-515.


Bibliographie

  • Deelstra, Hendrik, “Coremans (Paul)”, in: “Dictionnaire biographique des Belges d’Outre-Mer, notices digitales, consultées le 23/03/2015.
  • Lavalleye, Jacques, ”Biographie”, Bulletin de l’Institut royal du Patrimoine artistique/ Bulletin van het Koninklijk Instituut voor het Kunstpatrimonium, 8 (1965) 9-19.
  • "Hommage à Paul Coremans/ Hulde aan Paul Coremans (1908-1965)", in: Bulletin de l’Institut royal du Patrimoine artistique/ Bulletin van het Koninklijk Instituut voor het Kunstpatrimonium, 8 (1965), 27-113.

Entre autres:

    • Georges Henri Rivière, ‘L’ami’, 31.
    • Harold Plenderleith, ‘The scholar’,, 39-40.
    • Stanislaw Lorentz, ‘La personnalité internationale’, 41-44.
    • Erwin Panofsky, ‘The promoter of a new co-operation between the natural sciences and the history of art’, 62-67.
    • Albert en Paul Philipot, ‘Le promoteur du dialogue avec le restaurateur’, 68-71.
    • Caroline Keck en Sheldon Keck, ‘The creator of a new approach to training art conservators’, 73-76.
  • “Paul Coremans”, in: Liber Memorialis (1913-1960), deel 1, Gand, 1960, 512-515.


Notes

<references>
  1. Philippe Tomsin, “La Chimie industrielle”, in: Histoire des Sciences en Belgique, 1815-2000, vol.2, Bruxelles, 2001, 201.
  2. Le gouvernement réalisait un plan qui était déjà sur la table depuis 1939. La nouvelle institution restait cependant sous le toit du Musée du Cinquantenaire.
  3. En 1957, l'institution prit le nom de Koninklijk Instituut voor het Kunstpatrimonium / Institut royal du Patrimoine artistique (KIK / IRPA).
  4. Sur le cas de Van Meegeren, beaucoup d'encre a coulé. Coremans a livré sa vision scientifique des faits dans « Van Meegeren's faked Vermeers and de Hooghs. A scientific examination » (1949).
  5. Le plus redoutable adversaire de Coremans était l’amateur d’art et restaurateur Jean Decoen. Jean Decoen, « Vermeer-Van Meegeren, scandale ou vérité ? », s.l., 1968.
  6. Coremans dénonça aussi les restaurateurs privés qui voulaient avant tout satisfaire le goût de leur clientèle et nettoyaient donc les peintures plus que nécessaire.
  7. A NE PAS TRADUIRE Hiroshi Daifuku, “The pioneer in the conservation of cultural property amongst the countries undergoing rapid change », dans : « Koninklijk instituut voor het Kunstpatrimonium. Institut Royal du Patrimoine Artistique. Bulletin », VIII (1965), p. 7781- et Caroline Keck et Sheldon Keck, « Le créateur d'une nouvelle approche aux restaurateurs d'art de formation », dans : Idem, 73-76 .