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Les laboratoires d’analyse de l’État tirent leur origine des stations agricoles de l’[[Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique]]. À partir de 1872, cette association de droit privé commença à fonder des stations agricoles sur le sol belge, suivant l’exemple allemand. Une première station fut fondée au sein de l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut agricole de l’État à Gembloux]] (1872), une deuxième à Gand (1875), et deux autres à Liège et à Hasselt (1878). Ces institutions effectuaient des recherches chimiques à caractère expérimental pour étudier les plantes et leur sol, la rationalisation de l’affouragement, ainsi que les propriétés fertilisantes de diverses substances. Leur deuxième tâche principale consistait à donner des recommandations à des particuliers. En outre, elles avaient pour charge de contrôler la qualité des engrais synthétiques et des autres produits agricoles qui circulaient sur le marché belge. Pour finir, les stations mettaient sur pied des projets de vulgarisation scientifique. La station de Gembloux servait de centre d’enseignement, où le directeur [[Petermann, Arthur (1845-1902)|Arthur Petermann]] préparaient ses assistants à prendre la tête des autres stations. La plupart de ces directeurs avaient un diplôme de l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut agricole de l’État]] en poche. Petermann était ''de facto'' responsable des quatre stations devant l’[[Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique]].
 
Les laboratoires d’analyse de l’État tirent leur origine des stations agricoles de l’[[Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique]]. À partir de 1872, cette association de droit privé commença à fonder des stations agricoles sur le sol belge, suivant l’exemple allemand. Une première station fut fondée au sein de l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut agricole de l’État à Gembloux]] (1872), une deuxième à Gand (1875), et deux autres à Liège et à Hasselt (1878). Ces institutions effectuaient des recherches chimiques à caractère expérimental pour étudier les plantes et leur sol, la rationalisation de l’affouragement, ainsi que les propriétés fertilisantes de diverses substances. Leur deuxième tâche principale consistait à donner des recommandations à des particuliers. En outre, elles avaient pour charge de contrôler la qualité des engrais synthétiques et des autres produits agricoles qui circulaient sur le marché belge. Pour finir, les stations mettaient sur pied des projets de vulgarisation scientifique. La station de Gembloux servait de centre d’enseignement, où le directeur [[Petermann, Arthur (1845-1902)|Arthur Petermann]] préparaient ses assistants à prendre la tête des autres stations. La plupart de ces directeurs avaient un diplôme de l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut agricole de l’État]] en poche. Petermann était ''de facto'' responsable des quatre stations devant l’[[Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique]].
  
<br/>En 1883, après la mise en faillite de l’[[Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique|Association]], les quatre stations agricoles furent refondées comme institutions publiques (sous la compétence du Ministère de l’Intérieur puis, en 1884, du Ministère de l’Agriculture). L’Arrêté Royal du 30 décembre 1883 stipulait que leur tâche consistait à présent à réaliser, sur demande des particuliers, des analyses des sols, des graines, des engrais et d’autres produits agricoles. Suivant les vœux de la défunte Association, la famille des laboratoires agricoles fut agrandie en 1885 par trois nouveaux établissements : Anvers, Mons et Louvain. Chaque province pouvait désormais jouir de l’expertise d’un laboratoire d’analyse chimique.<ref>La Flandre occidentale n’avait pas de laboratoire, car ses besoins étaient censés être couverts par celui de Gand.</ref> L’Arrêté Royal du 3 août 1887 sépara les fonctions de recherche et de contrôle. Là où la station agricole de Gembloux aurait désormais à se consacrer à la recherche, les stations de Gand, Hasselt, Liège, Anvers, Mons et Louvain se chargeraient des contrôles-analyses et des conseils pour les particuliers. Un septième laboratoire de contrôle vit enfin le jour, dans le centre de la petite ville de Gembloux. À partir de 1891, les laboratoires reçurent pour mission, à côté de leurs tâches d’analyse des engrais et du fourrage, d’inspecter les denrées alimentaires destinées aux êtres humains, pour faire face à l’augmentation des cas de fraude alimentaire.<ref>Arrêté Royal du 22 juin 1891.</ref> Vus ces nouvelles missions, on rebaptisa les institutions : "Laboratoires d’analyse de l’État".
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<br/>En 1883, après la mise en faillite de l’[[Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique|Association]], les quatre stations agricoles furent refondées comme institutions publiques (sous la compétence du Ministère de l’Intérieur puis, en 1884, du Ministère de l’Agriculture). L’Arrêté Royal du 30 décembre 1883 stipulait que leur tâche consistait à présent à réaliser, sur demande des particuliers, des analyses des sols, des graines, des engrais et d’autres produits agricoles. Le laboratoire était ouvert tous les jours, et les exploitants pouvaient simplement s’y rendre avec leurs échantillons d’engrais ou de produits alimentaires, que les scientifiques analysaient alors. La consultation était même gratuite si les échantillons provenaient de fabriques placées sous le contrôle des laboratoires d’analyse de l’État.<ref>''Annales de Gembloux'', 17, 1, 01/01/1907, p. XXXI.</ref> Suivant les vœux de la défunte Association, la famille des laboratoires agricoles fut agrandie en 1885 par trois nouveaux établissements : Anvers, Mons et Louvain. Chaque province pouvait désormais jouir de l’expertise d’un laboratoire d’analyse chimique.<ref>La Flandre occidentale n’avait pas de laboratoire, car ses besoins étaient censés être couverts par celui de Gand.</ref> L’Arrêté Royal du 3 août 1887 sépara les fonctions de recherche et de contrôle. Là où la station agricole de Gembloux aurait désormais à se consacrer à la recherche, les stations de Gand, Hasselt, Liège, Anvers, Mons et Louvain se chargeraient des contrôles-analyses et des conseils pour les particuliers. Un septième laboratoire de contrôle vit enfin le jour, dans le centre de la petite ville de Gembloux. À partir de 1891, les laboratoires reçurent pour mission, à côté de leurs tâches d’analyse des engrais et du fourrage, d’inspecter les denrées alimentaires destinées aux êtres humains, pour faire face à l’augmentation des cas de fraude alimentaire.<ref>Arrêté Royal du 22 juin 1891.</ref> Vus ces nouvelles missions, on rebaptisa les institutions : "Laboratoires d’analyse de l’État".
  
 
<br/>La Première Guerre Mondiale fut une mauvaise passe pour les laboratoires d’analyse de l’État. Le démontage des appareils scientifiques par l’ennemi et la réquisition des produits chimiques et des minéraux faisaient partie des priorités de l’occupant. Alors que le laboratoire anversois fut forcé de livrer sa collection de creusets en platine au ''Platzkommandant'', son équivalent louvaniste fut réquisitionné pour pourvoir les troupes en eau pure. Les récipients du laboratoire furent confisqués pour servir d’abreuvoir aux chevaux. Six jours plus tard, le laboratoire louvaniste, tout comme le logement du directeur, furent réduits en cendre. « Les résultats des recherches menées depuis 1888 sont complètement détruits. » écrit, atterré, le directeur du laboratoire, [[Jean Graftiau]], dans son rapport annuel. « Tous ces documents patiemment récoltés et classés, et tous les fruits de tant de recherches sont partis en fumée. Les équipements et les instruments de précision sont perdus. » Peu après, le directeur, tout comme son fils, furent emprisonnés et envoyés dans un camp de prisonnier à Munster. À son retour, lui et ses travaux furent pour un temps logés à l’[[Institut de Recherches Chimiques]] de Tervuren.
 
<br/>La Première Guerre Mondiale fut une mauvaise passe pour les laboratoires d’analyse de l’État. Le démontage des appareils scientifiques par l’ennemi et la réquisition des produits chimiques et des minéraux faisaient partie des priorités de l’occupant. Alors que le laboratoire anversois fut forcé de livrer sa collection de creusets en platine au ''Platzkommandant'', son équivalent louvaniste fut réquisitionné pour pourvoir les troupes en eau pure. Les récipients du laboratoire furent confisqués pour servir d’abreuvoir aux chevaux. Six jours plus tard, le laboratoire louvaniste, tout comme le logement du directeur, furent réduits en cendre. « Les résultats des recherches menées depuis 1888 sont complètement détruits. » écrit, atterré, le directeur du laboratoire, [[Jean Graftiau]], dans son rapport annuel. « Tous ces documents patiemment récoltés et classés, et tous les fruits de tant de recherches sont partis en fumée. Les équipements et les instruments de précision sont perdus. » Peu après, le directeur, tout comme son fils, furent emprisonnés et envoyés dans un camp de prisonnier à Munster. À son retour, lui et ses travaux furent pour un temps logés à l’[[Institut de Recherches Chimiques]] de Tervuren.

Revision as of 18:05, 24 February 2019

Laboratoires pour l’analyse chimique en contexte agricole, fondés en 1875, devenus institutions de l’État en 1883.

1891-2000 Laboratoires d’analyse de l’État
1883-1887 Stations agricoles de l’État
1872-1883 Stations agricoles (de l'Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique)

Historique

Les laboratoires d’analyse de l’État tirent leur origine des stations agricoles de l’Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique. À partir de 1872, cette association de droit privé commença à fonder des stations agricoles sur le sol belge, suivant l’exemple allemand. Une première station fut fondée au sein de l’Institut agricole de l’État à Gembloux (1872), une deuxième à Gand (1875), et deux autres à Liège et à Hasselt (1878). Ces institutions effectuaient des recherches chimiques à caractère expérimental pour étudier les plantes et leur sol, la rationalisation de l’affouragement, ainsi que les propriétés fertilisantes de diverses substances. Leur deuxième tâche principale consistait à donner des recommandations à des particuliers. En outre, elles avaient pour charge de contrôler la qualité des engrais synthétiques et des autres produits agricoles qui circulaient sur le marché belge. Pour finir, les stations mettaient sur pied des projets de vulgarisation scientifique. La station de Gembloux servait de centre d’enseignement, où le directeur Arthur Petermann préparaient ses assistants à prendre la tête des autres stations. La plupart de ces directeurs avaient un diplôme de l’Institut agricole de l’État en poche. Petermann était de facto responsable des quatre stations devant l’Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique.


En 1883, après la mise en faillite de l’Association, les quatre stations agricoles furent refondées comme institutions publiques (sous la compétence du Ministère de l’Intérieur puis, en 1884, du Ministère de l’Agriculture). L’Arrêté Royal du 30 décembre 1883 stipulait que leur tâche consistait à présent à réaliser, sur demande des particuliers, des analyses des sols, des graines, des engrais et d’autres produits agricoles. Le laboratoire était ouvert tous les jours, et les exploitants pouvaient simplement s’y rendre avec leurs échantillons d’engrais ou de produits alimentaires, que les scientifiques analysaient alors. La consultation était même gratuite si les échantillons provenaient de fabriques placées sous le contrôle des laboratoires d’analyse de l’État.[1] Suivant les vœux de la défunte Association, la famille des laboratoires agricoles fut agrandie en 1885 par trois nouveaux établissements : Anvers, Mons et Louvain. Chaque province pouvait désormais jouir de l’expertise d’un laboratoire d’analyse chimique.[2] L’Arrêté Royal du 3 août 1887 sépara les fonctions de recherche et de contrôle. Là où la station agricole de Gembloux aurait désormais à se consacrer à la recherche, les stations de Gand, Hasselt, Liège, Anvers, Mons et Louvain se chargeraient des contrôles-analyses et des conseils pour les particuliers. Un septième laboratoire de contrôle vit enfin le jour, dans le centre de la petite ville de Gembloux. À partir de 1891, les laboratoires reçurent pour mission, à côté de leurs tâches d’analyse des engrais et du fourrage, d’inspecter les denrées alimentaires destinées aux êtres humains, pour faire face à l’augmentation des cas de fraude alimentaire.[3] Vus ces nouvelles missions, on rebaptisa les institutions : "Laboratoires d’analyse de l’État".


La Première Guerre Mondiale fut une mauvaise passe pour les laboratoires d’analyse de l’État. Le démontage des appareils scientifiques par l’ennemi et la réquisition des produits chimiques et des minéraux faisaient partie des priorités de l’occupant. Alors que le laboratoire anversois fut forcé de livrer sa collection de creusets en platine au Platzkommandant, son équivalent louvaniste fut réquisitionné pour pourvoir les troupes en eau pure. Les récipients du laboratoire furent confisqués pour servir d’abreuvoir aux chevaux. Six jours plus tard, le laboratoire louvaniste, tout comme le logement du directeur, furent réduits en cendre. « Les résultats des recherches menées depuis 1888 sont complètement détruits. » écrit, atterré, le directeur du laboratoire, Jean Graftiau, dans son rapport annuel. « Tous ces documents patiemment récoltés et classés, et tous les fruits de tant de recherches sont partis en fumée. Les équipements et les instruments de précision sont perdus. » Peu après, le directeur, tout comme son fils, furent emprisonnés et envoyés dans un camp de prisonnier à Munster. À son retour, lui et ses travaux furent pour un temps logés à l’Institut de Recherches Chimiques de Tervuren.


À partir des années 20, le réseau des laboratoires d’analyse de l’État commença à être démantelé. L’amélioration des moyens de transport contribua peut-être à diminuer l’intérêt d’une présence régionale. De plus, la première décennie du siècle avait vu toujours davantage d’usages de la chimie pour l’analyse des produits agricoles : la plupart des fabricants d’engrais avait à présent un laboratoire « maison », et des chimistes offraient de plus en plus leurs services privés. De même, à partir des années 20, le Boerenbond belge offrit à ses membres la possibilité de demander des analyses et des études à ses propres laboratoires de recherche, fermes et champs expérimentaux, à Heverlee, Buggenhout, Bokrijk et Poppel (sélection des espèces). Des sept laboratoires d’analyse de l’État, deux furent supprimés entre 1923 et 1927 : Mons d’abord, et Hasselt peu de temps après. En 1943, les laboratoires de Gembloux et du Brabant furent supprimés. Parallèlement à la disparition croissante de sections locales, les stations survivantes se spécialisèrent, en fonction des besoins du moment. Ainsi, la section gantoise reçut en 1929 la charge supplémentaire de contrôler le pétrole, le charbon et l’essence de la flottille de pêche du Service de Pêche maritime (qui venait tout juste d’être rattachée au Ministère de l’Agriculture). Gand reçut aussi une section pour l’analyse des semences. L’objectif de celle-ci était de garantir une bonne application de la toute nouvelle loi réprimant la falsification des graines. Les services gantois contrôlaient entre autres le colza utilisé dans les huileries et les graines de lin utilisées en liniculture. Anvers se concentra sur les additifs présents dans le fourrage, tandis que l’établissement liégeois étudia les produits phytopharmaceutiques. Au début des années 40, les trois laboratoires restants avaient donc développé des domaines de spécialisation clairs, à côté de leur mission habituelle de contrôle des engrais et du fourrage.


Enfin, dans le cadre du regroupement des services scientifiques du Ministère de l’Agriculture, le laboratoire d’Anvers déménagea à Tervuren, où il fut logé dans les bâtiments de l’Institut de Recherches Chimiques. Après la création de l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la chaîne alimentaire en 2000, dans le contexte de la crise de la dioxine, les trois laboratoires d’analyse furent absorbés par l’agence et reçurent un champ de recherche plus large.


Premiers directeurs

Gand:

Hasselt:

Liège:

Anvers:

Louvain:

Mons:

Gembloux:


Publications

  • Les rapports annuels d’activité de 1883 à 1907 peuvent être trouvés dans le Bulletin d’agriculture, entre 1885 et 1907, ainsi que, souvent, dans les bulletins provinciaux des années 1870 aux années 1920.


Bibliographie

  • Arrêté Royal du 30 décembre 1883, portant sur les stations agricoles et les laboratoires agricoles.
  • Arrêté Royal du 3 août 1887 établissant la zone réservée à la recherche en agronomie et le laboratoire agronomique à Gembloux.
  • Vander Plaetsen, J., 'Het ontstaan en de ontwikkeling van de landbouwstations en van de rijksontledingslaboratoria in België’, in: Landbouwtijdschrift, 10 (1970).
  • Station expérimentale et stations agricoles de l’État. Règlement d’administration, Bruxelles, 1884.
  • Association pour la Fondation de Stations Agricoles en Belgique, Statuts de l’Association, s.l., sd.
  • Van Molle, Leen, 100 jaar ministerie van Landbouw. Het Belgisch landbouwbeleid in de wisselwerking tussen economische en sociale toestanden, politiek en administratie 1884-1984, Leuven, 1984.
  • Diser, Lyvia, Wetenschap op de proef. Laboratoria in het Belgisch overheidsbeleid (1870-1940), Leuven, 2016.


Notes

  1. Annales de Gembloux, 17, 1, 01/01/1907, p. XXXI.
  2. La Flandre occidentale n’avait pas de laboratoire, car ses besoins étaient censés être couverts par celui de Gand.
  3. Arrêté Royal du 22 juin 1891.