Gembloux Agro-Bio Tech

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Institut de l’État pour les sciences agronomiques, fondé en 1860 par le Ministère de l’Intérieur et intégré à l'Université de Liège en 2008.

2009- Gembloux Agro-Bio Tech.
1994-2009 Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux
1965-1994 Faculté des Sciences agronomiques de l’État
1920-1965 Institut agronomique de l’État
1860-1920 Institut agricole de l'État


Historique

Origines


Dans les années 1850, plusieurs agronomes, comme Max et Henri Le Docte, et des professeurs de l’enseignement moyen agricole, comme Phocas Lejeune en Jacob-Joseph Leyder, émirent le souhait de fonder en Belgique une institution d’enseignement supérieur agricole, comme il en existait alors en France ou en Allemagne.[1] En 1860, le Ministre de l’Intérieur, le libéral Charles Rogier, prêta oreille à cet appel. À ses yeux, l’agriculture belge devait être modernisée par une élite composée de fils de propriétaires terriens et d’industriels agricoles initiés aux secrets de la science. L’École agricole de Thourout venait justement de fermer ses portes en 1859, suite à l’expiration du contrat de bail avec le propriétaire des terrains de l’école. Un an après la fermeture de Thourout, le Ministre créait l’Institut agricole de l’État. Le corps professoral provenait en grande partie de l’ancienne école ouest-flamande.

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L’abbaye de Gembloux en 1901. Source : Institut agricole de l'Etat à Gembloux. Historique, organisation, enseignement, annexes, Bruxelles, Imprimerie Xavier Havemans, 1901.


L’Institut agricole était fondé à Gembloux. Le choix de cette commune rurale de la Province de Namur s’explique par la proximité du chemin de fer, ainsi que la fertilité des terres hesbignonnes. L’établissement fut logé dans les bâtiments d’une ancienne abbaye (appartenant alors à M. Piéton, ancien sénateur) et sur les terres du domaine de la Société agricole et industrielle de Gembloux. Cette société, représentée par les frères Le Docte, avait accepté de les mettre à disposition du ministre. En 1881, l’État belge acheta définitivement les terres de l’abbaye.


L’institut ouvrit officiellement ses portes le 8 janvier 1861. Il disposait à l’origine d’un cabinet de physique, de collections d’histoire naturelle, et d’une grande bibliothèque scientifique. Les étudiants et les professeurs purent au fil du temps faire usage d’un nombre croissant de laboratoires. Il existait en outre un jardin botanique avec différentes serres, un arboretum, une ferme modèle, une laiterie et différentes stations agricoles.


À l’origine, l’Institut ne comptait que cinq professeurs. Ce nombre passa à sept en 1868. Adolphe Damseaux, Jacob-Joseph Leyder, A. Tommelein, Prosper De Wilde (qui remplaçait Gustave Michelet), Constantin Malaise et Guillaume Fouquet formaient le corps professoral, et Phocas Lejeune fut nommé directeur.

Le long XIXe siècle


Les études agricoles supérieures s’étalaient à l’origine sur trois années d’études. Par l’Arrêté Royal du 14 avril 1897, une quatrième année de spécialisation, facultative, fut ajoutée au curriculum, pour les matières suivantes : eaux & forêts, industries agricoles, agronomie et enseignement. Les leçons à l’Institut étaient essentiellement pratiques : des démonstrations d’outils agricoles avaient lieu dans les auditoires ; les connaissances étaient directement mises en pratique à l’étable ou à l’écurie de la ferme, ou sur les champs entourant l’institut ; et les étudiants pouvaient faire des expériences dans leur laboratoire. Au cours des nombreuses excursions dans les boulangeries, les raffineries, les laiteries et les distilleries de vinaigre, ils faisaient connaissance avec la réalité des métiers de l’agriculture. Ils effectuaient aussi des stages dans des fermes, pour y apporter directement leur expertise à la population rurale. L’objectif était de permettre aux élèves de combiner la supériorité scientifique que leur apportait ces études supérieures avec l’expérience du professionnel aguerri.
En 1872 fut fondé la Station agricole de l'Association pour la fondation de stations agricoles en Belgique de Gembloux. Cette institution de recherche était (et est encore) indépendante de l’Institut, mais la plupart des chercheurs de la Station y enseignaient.

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Les serres de botanique en 1901. Source : Institut agricole de l'Etat à Gembloux. Historique, organisation, enseignement, annexes, Bruxelles, Imprimerie Xavier Havemans, 1901, p. 35.


La fondation de l’École Supérieur d’Agriculture de Louvain, en 1878, constitua un défi majeur pour Gembloux. Les deux institutions étaient en concurrence, et l'Institut louvaniste avait de nombreux atouts : il avait la préférence du monde agricole, très majoritairement catholique ; et il pouvait adapter ses programmes selon la demande des employeurs sans la permission du Parlement, ce qui le rendait beaucoup plus souple et réactif. Les Gembloutois accusaient aussi le Ministère de l’Agriculture, aux mains des catholiques, de favoriser l’embauche d’agronomes de Louvain dans la fonction publique. Cette discrimination aurait d’ailleurs conduit les anciens élèves de Gembloux à privilégier le secteur privé et l’émigration. Cependant, le Ministère de l’Agriculture prit rapidement l’habitude de nommer des anciens Louvanistes aux chaires gembloutoises, de sorte qu’une certaine porosité et entente se développa entre les deux écoles supérieures.


Une scientifisation continue


L’Entre-Deux-Guerres vit de nombreux changements pour l’Institut désormais « agronomique ». En 1919-1920, le nombre de spécialisation passa à six : Agronomie des régions tempérées, Agronomie coloniale, Eaux & Forêts, Horticulture, Chimie & Industries agricoles, Génie rural. Cette réforme amorce le mouvement de scientifisation des études d’ingénieur agronome : les sciences naturelles occupent les deux années de candidature, et les deux années suivantes sont consacrées aux applications pratiques, tout en mettant l’accent sur le travail de recherche personnel de l’étudiant (séminaires, séances en laboratoires, exercices individuels…). L’Arrêté Royal du 10 octobre 1934 institua deux grades d’ingénieur (ingénieur agronome et ingénieur chimiste agronome) et une cinquième année de spécialisation facultative (eaux & forêts, horticulture, génie rural, industries agricoles). Enfin, la loi du 27 juin 1947 porta la durée des études à cinq années. Après les deux ans de candidature, l’étudiant avait le choix entre les études débouchant sur le grade d’ingénieur chimiste et des industries agricoles et celles débouchant sur le grade d’ingénieur agronome. Ce dernier diplôme autorisait plusieurs spécialisations : Agronomie des régions tempérées, Agronomie des régions tropicales, Eaux & Forêts, Horticulture et Génie rural. L’institut était aussi habilité à délivrer le grade d’agrégé de l’enseignement supérieur et, après 1949, de docteur en sciences agronomiques.


Par l’arrêté royal du 24 janvier 1928, l’Institut acquit la personnalité civile. Une commission administrative du patrimoine fut créée pour l’administrer. Dans la foulée fut fondée l’ASBL « Les Amis de l’Institut agronomique de l’État à Gembloux », destinée à attirer des donations pour financer la recherche à l’Institut. L’Association des Anciens Élèves de l’Institut agronomique de l’État à Gembloux s’adressait à la générosité des industries agricoles, afin qu’elles investissent dans les recherches dont elles bénéficieraient plus tard.
L’Institut continua d’attirer des étudiants étrangers, au point qu’entre 1860 et 1936, 40% des agronomes diplômés à Gembloux n’étaient pas Belges.[2] De même, les Gembloutois s’exportent, de l’Afrique centrale à l’Amérique du Sud.
En 1932, l’Institut se dota aussi de son propre périodique, le Bulletin de l’Institut Agronomique et des Stations de Recherches de Gembloux. Il permit à sa bibliothèque d’établir des relations d’échanges de revues avec des institutions similaires. L’Institut se profilait toujours davantage comme une institution de recherche et d’enseignement supérieur à part entière. Pourtant, elle restait rivée au Ministère de l’Agriculture, comme le reste de l’enseignement professionnel agricole. L’Arrêté Royal du 9 mars 1933 le transféra à l’Office de l’enseignement technique, organisme du Ministère de l’Instruction publique auquel siégeait des représentants du Ministère de l’Agriculture. Enfin, l’Arrêté du Régent du 27 juin 1947 rattacha les instituts agronomiques de l’État à l’Administration de l’Enseignement supérieur.

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Le laboratoire de technologie en 1935. Source : « Séances de groupes » in Annales de Gembloux. Numéro spécial : « Fêtes commémoratives du 75e anniversaire de la Fondation de l’Institut agronomique de l’État à Gembloux », 30 juillet 1935, p. 13.

Période récente


Par la loi du 9 avril 1965, les instituts agronomiques furent autorisés à s’intituler « Facultés des Sciences agronomiques ».


En octobre 2008, la Faculté universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux fut officiellement rattachée à l’Université de Liège (ce que certains professeurs gembloutois réclamaient depuis les années 20[3]).

Direction


Dans un premier temps, la direction administrative et la direction académique de l’Institut furent exercées par un même directeur. Ce furent :

  • Phocas Lejeune (1860-1881)
  • Guillaume Fouquet (1881-1882)(promu à l’éméritat par l’Arrêté Royal du 22 mars 1883)
  • Louis Genonceaux (1882-1890)
  • Camille Hubert (1891-1912)


Après 1912, les fonctions furent séparées. Un recteur fut désigné parmi les professeurs pour prendre en charge les questions académiques, et ce, pour un mandat de trois ans. Ce furent :

  • Jules Poskin, 1912-1919
  • Léon Marcas, 1919-1922
  • Georges Legrand, 1922-1925
  • Émile Marchal, 1925-1928
  • Paul Poskin, 1928-1931
  • Georges Bouckaert, 1931-1934

Anciens élèves


Les diplômés de l’Institut créèrent en 1890 une association professionnelle, l’Association des Anciens Élèves de l’Institut agronomique de l’État à Gembloux. Celle-ci travaillait en étroit contact avec le conseil académique de l’Institut pour défendre les droits des étudiants et piloter les réformes de leurs études.
L’Association des Anciens Élèves de l’Institut agronomique de l’État à Gembloux publiait un périodique, les Annales de Gembloux.

Publications

Ouvrages commémoratifs

  • Institut agricole de l’Etat à Gembloux. Historique, organisation, enseignement, annexes, Bruxelles, 1901.
  • L’institut agricole de l’Etat à Gembloux 1860-1910, Bruxelles, 1910.
  • Fêtes commémoratives du Centenaire de l’Institut Agronomique de l’Etat à Gembloux, juillet 1960, Gembloux, 1961.

Bibliographie


Lien externe

Notes

  1. L’école d’agriculture de Grignon, en France, et l’Institut d’Hohenheim, en Allemagne, servirent de modèles aux agronomes belges.
  2. Bouckaert, G., « Discours de M. G. Bouckaert, Recteur de l’Institut agronomique » in Annales de Gembloux. Numéro spécial : « Fêtes commémoratives du 75e anniversaire de la Fondation de l’Institut agronomique de l’État à Gembloux », 30 juillet 1935, p. 96.
  3. Marchal E., « La Réforme de l’Enseignement agronomique supérieur en Belgique » in Annales de Gembloux, p. 192.