Difference between revisions of "Lefèvre, Marguerite (1894-1967)"

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<br/>En 1920, l’université catholique ouvre ses portes aux femmes – quarante ans après que [Leclercq, Emma (1851-1933) |Emma leclerq]], [[Destrée, Marie (1853-)|Marie Destrée]] et [[Popelin, Louise (1850-1937)|Louise Popelin]] ont été autorisées à s’inscrire à l’institution équivalente de Bruxelles. Pour Lefèvre, cette libéralisation arrive au bon moment. À la rentrée suivante, elle s’inscrit en élève libre, sélectionnant parmi les différentes matières celles qui lui semblent les plus utiles. En premier lieu, elle choisit tous celles qu’enseigne son patron. Comme elle ne peut pas suivre la géographie physique à Louvain, elle se rend une fois pas semaine à Liège pour y assister au cours de [[Fourmarier, Paul Frédéric Joseph (1877-1970) |Paul Fourmarier]]. Michotte juge nécessaire que sa formation lui apporte une vision large de la discipline et comprenne donc aussi bien de la géographie humaine que de la géographie physique. Finalement, Lefèvre part pour la Sorbonne, à Paris, où il existe déjà une formation spécifique. Une thèse de doctorat, intitulée ''L’Habitat rural en Belgique'', et réalisée sous la direction du professeur de géographie humaine Albert Demangeon, couronne cette formation unique en son genre[.<ref>À Paris, elle suit les cours de géographie physique d’Emmanuel de Martonne.</ref>
 
<br/>En 1920, l’université catholique ouvre ses portes aux femmes – quarante ans après que [Leclercq, Emma (1851-1933) |Emma leclerq]], [[Destrée, Marie (1853-)|Marie Destrée]] et [[Popelin, Louise (1850-1937)|Louise Popelin]] ont été autorisées à s’inscrire à l’institution équivalente de Bruxelles. Pour Lefèvre, cette libéralisation arrive au bon moment. À la rentrée suivante, elle s’inscrit en élève libre, sélectionnant parmi les différentes matières celles qui lui semblent les plus utiles. En premier lieu, elle choisit tous celles qu’enseigne son patron. Comme elle ne peut pas suivre la géographie physique à Louvain, elle se rend une fois pas semaine à Liège pour y assister au cours de [[Fourmarier, Paul Frédéric Joseph (1877-1970) |Paul Fourmarier]]. Michotte juge nécessaire que sa formation lui apporte une vision large de la discipline et comprenne donc aussi bien de la géographie humaine que de la géographie physique. Finalement, Lefèvre part pour la Sorbonne, à Paris, où il existe déjà une formation spécifique. Une thèse de doctorat, intitulée ''L’Habitat rural en Belgique'', et réalisée sous la direction du professeur de géographie humaine Albert Demangeon, couronne cette formation unique en son genre[.<ref>À Paris, elle suit les cours de géographie physique d’Emmanuel de Martonne.</ref>
  
<br/>À son retour en Belgique en 1927, Lefèvre devient immédiatement l’assistante de Michotte. Avec son doctorat ('à titre étranger'), elle est à présent mieux formée que son patron, qu’elle assiste dans ses tâches d’enseignement et de recherche. Elle enseigne également elle-même. Enfin, elle mène ses propres recherches. De 1928 à 1930, elle est en outre aspirante au [[Fonds national de la recherche scientifique]] et, de 1933 à 1939, chercheuse associée du même organisme. C’est une époque où elle publie abondamment. En 1932, elle reçoit une bourse de la [[BAEF]] grâce à laquelle elle part en tant qu’''advanced fellow'' pour l’université Columbia, à New York. Elle y travaillera avec le spécialiste en géomorphologie D.W. Johnson.
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<br/>À son retour en Belgique en 1927, Lefèvre devient immédiatement l’assistante de Michotte. Avec son doctorat ('à titre étranger'), elle est à présent mieux formée que son patron, qu’elle assiste dans ses tâches d’enseignement et de recherche. Elle enseigne également elle-même. Enfin, elle mène ses propres recherches. De 1928 à 1930, elle est en outre aspirante au [[Fonds National de la Recherche Scientifique]] et, de 1933 à 1939, chercheuse associée du même organisme. C’est une époque où elle publie abondamment. En 1932, elle reçoit une bourse de la [[Commission for Relief in Belgium
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|BAEF]] grâce à laquelle elle part en tant qu’''advanced fellow'' pour l’université Columbia, à New York. Elle y travaillera avec le spécialiste en géomorphologie D.W. Johnson.
  
 
<br/>Au décès de Michotte, en 1938, Lefèvre reprend les tâches de ce dernier. Son titre de chargée de cours temporaire reçoit un statut permanent sans que sa position ne soit définitivement ancrée dans le corps académique. Grâce aux dispositions prises par Michotte avant de mourir, elle devient directrice de l’Institut géographique.<ref>Michotte a légué l’institut, y compris son matériel, sa bibliothèque personnelle et ses collections, à l’Université de Louvain à condition que Marguerite Lefèvre lui succède en tant directrice.</ref> En 1960, Lefèvre obtient finalement sa nomination de professeur. Quatre ans plus tard, elle part à l’éméritat.  
 
<br/>Au décès de Michotte, en 1938, Lefèvre reprend les tâches de ce dernier. Son titre de chargée de cours temporaire reçoit un statut permanent sans que sa position ne soit définitivement ancrée dans le corps académique. Grâce aux dispositions prises par Michotte avant de mourir, elle devient directrice de l’Institut géographique.<ref>Michotte a légué l’institut, y compris son matériel, sa bibliothèque personnelle et ses collections, à l’Université de Louvain à condition que Marguerite Lefèvre lui succède en tant directrice.</ref> En 1960, Lefèvre obtient finalement sa nomination de professeur. Quatre ans plus tard, elle part à l’éméritat.  
  
<br/>Lefèvre a été secrétaire de l’[[Société belge d'études géographiques]] (Belgische Vereniging voor Aardrijkskundige Studies) et vice-présidente du [[Comité national de Géographie]]. Elle a également été membre de la Commission pour l’atlas et la première vice-présidente de l’Union géographique internationale.
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<br/>Lefèvre a été secrétaire de l’[[Société belge d'études géographiques]] (Belgische Vereniging voor Aardrijkskundige Studies) et vice-présidente du [[Comité National de Géographie]]. Elle a également été membre de la Commission pour l’atlas et la première vice-présidente de l’Union géographique internationale.
  
 
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Source: Rosadoc

En entier : Marguerite Alice Léonie Lefèvre.
Géographe et première femme professeur de l’Université de Louvain (1960). Née le 1er mars 1894 à Steenokkerzeel et décédée le 27 décembre 1967 à Heverlee (Louvain).


Biographie

Marguerite Lefèvre passe sa petite enfance à Steenokkerzeel. Elle est l’unique fille de la famille, qui compte trois enfants, du médecin Théophile Lefèvre et de son épouse Élisabeth Verhulst, femme au foyer. Après le décès prématuré de son père en 1899, la famille déménage à Louvain, où Marguerite Lefèvre entame une formation de régente à l’institut Paridaens. Elle enseigne déjà depuis quatre ans à l’institut des Minimes quand, en 1917, elle est engagée comme secrétaire par le professeur louvaniste Paul Michotte van den Berck. Il est probable que Lefèvre et lui se connaissent déjà bien. L’ecclésiastique a en effet enseigné la géographie à ses frères au collège Saint-Pierre. Lefèvre expliquera plus tard que son intérêt pour cette matière a été éveillé par l’enthousiasme de ses frères à propos de leur cours.


Au moment où Michotte engage Lefèvre, il enseigne la géographie industrielle aux Écoles spéciales de l’Université de Louvain et la géographie commerciale à la Haute école de commerce. Cette carrière peut paraître étrange pour un homme qui a une formation d’économiste et n’a étudié la géographie qu’en autodidacte. Pourtant, il ne diffère pas en cela de ses collègues chargés de cours en géographie des autres universités, qui sont docteurs en sciences, historiens ou économistes. Bien que la plupart des formations comprennent un volet géographique, il n’existe pas encore de formation universitaire spécifique. Tous les professeurs de géographie sont donc des autodidactes.


Elle-même passionnée de géographie, Lefèvre entre au service de Michotte alors que le cursus d’enseignement et la recherche en géographie n’en sont encore qu’à leurs débuts. La discipline se trouve en fait à un moment clé de son développement : la géographie empirique, descriptive, est en train de devenir une discipline moderne fondée sur une formation scientifique approfondie et maniant des concepts plus précis. On ignore si c’est le but poursuivi dès le début, mais Lefèvre ne tarde pas à assumer bien plus que le travail de secrétariat pour lequel elle a été embauchée. Non seulement elle participe à l’élaboration des cours de Michotte, mais elle effectue aussi ses propres recherches. Parallèlement, elle développe, tout comme Michotte, ses connaissances scientifiques.


En 1920, l’université catholique ouvre ses portes aux femmes – quarante ans après que [Leclercq, Emma (1851-1933) |Emma leclerq]], Marie Destrée et Louise Popelin ont été autorisées à s’inscrire à l’institution équivalente de Bruxelles. Pour Lefèvre, cette libéralisation arrive au bon moment. À la rentrée suivante, elle s’inscrit en élève libre, sélectionnant parmi les différentes matières celles qui lui semblent les plus utiles. En premier lieu, elle choisit tous celles qu’enseigne son patron. Comme elle ne peut pas suivre la géographie physique à Louvain, elle se rend une fois pas semaine à Liège pour y assister au cours de Paul Fourmarier. Michotte juge nécessaire que sa formation lui apporte une vision large de la discipline et comprenne donc aussi bien de la géographie humaine que de la géographie physique. Finalement, Lefèvre part pour la Sorbonne, à Paris, où il existe déjà une formation spécifique. Une thèse de doctorat, intitulée L’Habitat rural en Belgique, et réalisée sous la direction du professeur de géographie humaine Albert Demangeon, couronne cette formation unique en son genre[.[1]


À son retour en Belgique en 1927, Lefèvre devient immédiatement l’assistante de Michotte. Avec son doctorat ('à titre étranger'), elle est à présent mieux formée que son patron, qu’elle assiste dans ses tâches d’enseignement et de recherche. Elle enseigne également elle-même. Enfin, elle mène ses propres recherches. De 1928 à 1930, elle est en outre aspirante au Fonds National de la Recherche Scientifique et, de 1933 à 1939, chercheuse associée du même organisme. C’est une époque où elle publie abondamment. En 1932, elle reçoit une bourse de la [[Commission for Relief in Belgium |BAEF]] grâce à laquelle elle part en tant qu’advanced fellow pour l’université Columbia, à New York. Elle y travaillera avec le spécialiste en géomorphologie D.W. Johnson.


Au décès de Michotte, en 1938, Lefèvre reprend les tâches de ce dernier. Son titre de chargée de cours temporaire reçoit un statut permanent sans que sa position ne soit définitivement ancrée dans le corps académique. Grâce aux dispositions prises par Michotte avant de mourir, elle devient directrice de l’Institut géographique.[2] En 1960, Lefèvre obtient finalement sa nomination de professeur. Quatre ans plus tard, elle part à l’éméritat.


Lefèvre a été secrétaire de l’Société belge d'études géographiques (Belgische Vereniging voor Aardrijkskundige Studies) et vice-présidente du Comité National de Géographie. Elle a également été membre de la Commission pour l’atlas et la première vice-présidente de l’Union géographique internationale.


Travaux

La carrière de Marguerite Lefèvre coïncide avec une période charnière du développement de la géographie en tant que discipline en Belgique. Marguerite est avec Michotte à la base de la formation universitaire moderne dans cette branche. En 1929, la licence en géographie est en vertu de la loi relative à la reconnaissance des grades académiques, votée cette année-là, intégrée dans le programme des facultés. Une formation universitaire officielle avec doctorat est lancée.


Marguerite défend comme Michotte une vision globale de la discipline, à l’opposé de toute spécialisation. Ses recherches portent à la fois sur la géographie physique et humaine, la géographie régionale, la méthodologie et la cartographie.


Marguerite effectue également en Afrique et en Asie une série de voyages d’étude qui donnent lieu à des publications de longueur variable.


Publication

On trouve une liste des publications de Marguerite Lefèvre antérieures à 1964 dans Polspoel, L., « La carrière et l’activité scientifique de Mademoiselle M. A. Lefèvre, Professeur à l’Université de Louvain », in : Acta geographica lovaniensia, 3 (1964), 5-21. Elle a encore publié à six reprises après 1964.


Sources

  • Polspoel, L. , "La carrière et l’ activité scientifique de Mademoiselle M. A. Lefèvre, Professeur à l’Université de Louvain", in: Volume jubilaire M. A. Lefèvre. Acta geographica lovaniensia, 3 (1964), 5-21.
  • Denis, Jacques, "Marguerite A. Lefèvre", in: Florilège des sciences en Belgique, II, Bruxelles, 1980, 528-532.
  • Christens, R., "De vrouwelijke factor in de geschiedenis", in: Onze Alma Mater, 55 (2001).


Notes

  1. À Paris, elle suit les cours de géographie physique d’Emmanuel de Martonne.
  2. Michotte a légué l’institut, y compris son matériel, sa bibliothèque personnelle et ses collections, à l’Université de Louvain à condition que Marguerite Lefèvre lui succède en tant directrice.