Laboratoire des dunes - Onderzoeksstation in Oostende

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Bron:Hamoir, Gabriel, La révolution évolutionniste en Belgique: du fixiste Pierre-Joseph Van Beneden à son fils darwiniste Edouard, Luik, 2002, via VLIZ, Creative Commons.

Modeste laboratoire de recherche marine à Ostende, créé par Pierre-Joseph Van Beneden en 1843 ou 1842, probablement le premier du genre dans le monde.


Historique

Une petite pièce dans l’usine d’huîtres

« Une petite pièce dans l’usine d’huîtres de ses beaux-parents, avec quelques aquariums, des filets de pêches, des tables, des chaises, quelques verres et des liquides réactifs… » Voilà comment le biographe René Sand décrivait le laboratoire de recherche marine créé par Pierre Van Beneden en 1843. En 1836, ce dernier avait été nommé professeur d’anatomie comparée à l’Université de Louvain. Zoologiste marin passionné, il partageait son temps entre les cours et des expéditions sur les côtes de la mer Méditerranée. Il y observait des mollusques dans leur environnement naturel. Pierre-Joseph Van Beneden s’était également petit à petit passionné pour la faune de la côte belge. Cette passion s’explique peut-être par ses fiançailles avec Rosalie Valcke, fille d’ostréiculteurs ostendais. M. Van Beneden avait pour ambition de décrire systématiquement toutes les espèces qu’il trouvait dans les eaux côtières belges, et plus particulièrement les invertébrés marins. Au départ, il faisait rapporter à Louvain les invertébrés vivants qu’il trouvait. Étant donné que les spécimens les plus fragiles n’arrivaient pas à destination en très bon état, le professeur prit une décision pratique : si la mer ne venait pas à lui, alors il irait à la mer !


En d’autres termes, un laboratoire in situ. M. Van Beneden choisit Ostende, qui était à l’époque la seule station balnéaire belge accessible en train. Il y installa un humble laboratoire dans les bâtiments de l'exploitation ostréicole prospère de ses beaux-parents. L’usine d’huîtres et de homards se situait à l’est du chenal du port. De par la tranquillité des lieux, la proximité de la mer et l’apport constant de matériel de recherche vivant, ce site représentait un cadre idéal pour la recherche biologique.


Recherche In situ
Van Beneden, Pierre-Joseph (1809-1894)

Le laboratoire, que M. Van Beneden appelait avec fierté « mon laboratoire des dunes », servait avant tout de base pour les expéditions de collecte du professeur en mer, sur les brisants et dans la halle à marée locale. Les objets de ses récoles, qu’il attrapait qu’il soit ou non armé d’une épuisette et chaussé de bottes d’aine, étaient conservés dans des aquariums d’eau salée afin d’être étudiés de près et éventuellement au microscope. M. Van Beneden a décrit dans plusieurs publications (une pour chaque type) ce qu’il trouvait dans ses filets, avec une attention particulière portée à l’embryologie. Cette discipline représentait selon lui la clé pour établir des similitudes entre les différentes espèces. En 1843, il sortit un ouvrage sur l’embryogénèse et l’histoire naturelle des vers tubicoles. Il publia ensuite des études sur les cétacés, les cestodes, les trilobites, les crustacés, les adénomes polypeux et les Bdellidae. Il lui arrivait parfois de découvrir une nouvelle espèce. Son étude sur les cestodes et les ténias du poisson fut révolutionnaire. Dans le cadre de cette étude, M. Van Beneden examina de nombreux intestins de poissons dans la halle à marée d’Ostende, et il mena des expériences sur des chiens contaminés par le parasite. Lorsqu’il découvrit que les cysticerques ne représentaient pas une espèce à part entière, mais constituaient plutôt les premiers stades de développement (« larves ») des cestodes, il réfuta la théorie de la génération spontanée.


Observer et collectionner

Le laboratoire des dunes permettait à M. Van Beneden non seulement d’observer ses objets de recherches dans leur environnement naturel et de les examiner à l’aide d’un microscope, mais aussi de compléter ses collections zoologiques. Le professeur était en effet un collectionneur passionné : il a rassemblé un nombre remarquable de spécimens pour l’institut de zoologie – Université de Louvain, dont il était responsable. Le Musée zoologique de Louvain était un des seuls qui comprenait une collection de vers et de parasites, en partie grâce au laboratoire des dunes de M. Van Beneden.


Bien que le laboratoire fût destiné à un usage privé, des visiteurs s’y rendaient souvent. Les étudiants de M. Van Beneden, ainsi que son fils Édouard et ses futurs étudiants ont régulièrement visité le laboratoire de recherche marine, en plus de leurs cours ex cathedra. De nombreux scientifiques étrangers ont également trouvé leur chemin vers le modeste laboratoire, tels que le physiologiste Johann Müller, le spécialiste des amibes Richard Greeff, les microbiologistes Christian Ehrenberg et Max Schulze, le chimiste et agronome Justus Liebig et le biologiste français Armand de Quatrefages. Parmi les visiteurs se trouvait aussi le zoologiste français Henri de Lacaze-Duthiers qui, en 1872, aurait établi la célèbre station biologique de Roscoff.


Image de Recherches sur la faune littorale de Belgique: Les polypes.

Le moment où M. Van Beneden a démantelé son laboratoire de recherche n’est pas clair. Il peut l’avoir fait en 1879, au moment où son exploitation ostréicole a changé, mais il peut également l’avoir fait plus tôt puisque depuis 1859, le scientifique avait un autre intérêt de recherche : la paléontologie.


Les successeurs

Le fait que l’aménagement du laboratoire des dunes soit resté modeste jusqu’à sa fermeture, alors que M. Van Beneden ne ménageait ni dépenses ni efforts pour ses collections zoologiques pour l’université, prouve clairement que, déjà à cette époque, le Musée royal d’Histoire naturelle, et non le laboratoire de recherche, était considéré comme le pilier central de l’activité zoologique. Aussi modeste que le laboratoire de recherche marine fût, et aussi pratiques qu’étaient les raisons de sa création, il s’est avéré d’une grande importance pour le développement des sciences. Il peut probablement être considéré, à juste titre, comme l’un des premiers au monde, si pas le premier, de sa sorte. L’activité principale de M. Van Beneden consistait en la classification et en la description des (nouvelles) espèces, mais il menait également des recherches au microscope et des expériences. Cela s’inscrit dans le revirement qui, petit à petit, est intervenu dans la discipline de la biologie, au moment où le laboratoire de recherche de M. Van Beneden connaissait de la concurrence, surtout à partir des années 1870. Des stations biologiques célèbres ont vu le jour, comme celles de Roscoff, de Wimereux et de Naples. En Belgique, c’était Édouard Van Beneden qui œuvrait proche des autorités pour la création d’un laboratoire de recherche. Ce fût seulement en 1927, grâce à Gustave Gilson, que le pays reçut un nouvel institut d’études maritimes.

Aujourd’hui, une plaque commémorative pour le laboratoire modeste de M. Van Beneden se trouve sur la façade de l’Institut flamand de la Mer (VLIZ).

Localisation

Le petit laboratoire de recherche, dont il ne reste aucune trace, était situé sur la rive est du port d’Ostende. Il était établi dans les bâtiments de l’exploitation ostréicole Valcke-Deknuyt, non loin de l’Institut flamand de la Mer(VLIR) actuel. Gabriel Hamoir situe le laboratoire dans le bâtiment principal, voir photo.



Références