Institut de Chimie - Université Liège

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L’Institut de chimie analytique et industrielle en 1982. Source: Comhaire, Université de Liège. Esquisse historique.
L’Institut de chimie générale se trouvait le long du quai (1982). Source: Comhaire, Université de Liège. Esquisse historique.

Institut de recherche et d’enseignement de l’Université de Liège consacré à la cimie générale, la chimie industrielle et la chimie analytique ; créé en 1885. Fait partie des Instituts Trasenster.


Création

Dans les années 1860 – 1870, les facultés de sciences des universités belges ont commencé à s’ouvrir à l’expérimentation et à la pratique. La Belgique a pris exemple sur l’Allemagne qui, en dehors des cours ex cathedra, avait déjà adopté un modèle expérimentaliste. Les professeurs belges d’université ont, de leur propre initiative, créé des laboratoires consacrés à l’enseignement et à la recherche. Toutefois, ils n’avaient généralement accès qu’à des locaux modestes et mal équipés ou bien exigus. Parfois, ils devaient se résoudre à recevoir des étudiants chez eux, dans leur propre laboratoire. Laurent-Guillaume De Koninck, professeur liégeois de chimie organique, a également demandé un laboratoire de chimie, à l’instar de son collègue gantois August Kekulé. Bien que soutenue par le recteur, sa requête au ministre a cependant été refusée. Dès lors, il lui était impossible de conserver sa position de pionnier dans la recherche en chimie organique. Le recours aux méthodes de laboratoire était indispensable pour pouvoir prendre part à cette discipline qui évoluait à grande vitesse. Au cours des années qui ont suivi, Guillaume De Koninck s’est, par conséquent, peu à peu réorienté vers la paléontologie animale, son deuxième centre d’intérêt.


Dans le dernier quart du XIXe siècle, Guillaume De Koninck était alors professeur émérite depuis 1876, les décideurs politiques se sont rendu compte que ces infrastructures scientifiques pitoyables n’étaient plus suffisantes. Encouragé par le premier ministre Walthère Frère-Orban, le gouvernement a décidé en 1879 d’octroyer un financement indispensable à ses deux universités d’État de Gand et de Liège. L’Université de Liège a perçu la majeure partie du financement, soit près de 3 des 4,5 millions de francs de subsides accordés. Cette entrée d’argent s’explique, en partie, par l’intervention du recteur libéral Louis Trasenster. C’est ainsi qu’a commencé la période de construction d’imposants palais de la science. Ces palais ont confirmé et renforcé le prestige croissant des disciplines de sciences naturelles dans le dernier quart du XIXe siècle.


Encouragé par Walthère Spring, professeur de chimie et successeur de Guillaume De Koninck, le conseil universitaire de Liège a opté pour un plan d’infrastructure ambitieux avec, en suivant l’exemple allemand, des bâtiments distincts pour chacun des départements de l’université. Cependant, trouver le site approprié n’était pas une mince affaire. L’intention initiale était de regrouper tous les instituts à construire, y compris celui de chimie, dans le Jardin Botanique. Les habitants du quartier, craignant les vapeurs toxiques des laboratoires, ont toutefois bloqué ce projet. Par la suite, toutes sortes d’autres options ont été envisagées. L’initiateur Walthère Spring a été bombardé de propositions par des agents immobiliers locaux. Le professeur lui-même était un grand partisan du site de Prés-Saint-Denis, un terrain légèrement isolé d’environ douze hectares, qui lui avait été promis à un prix raisonnable. Ainsi, son mécontentement était grand lorsque le conseil municipal et l’université ont décidé d’acquérir le site de l’Hospice des Incurables, plus onéreux et situé plus au centre. Walthère Spring a tenté de défendre son point de vue en mettant en avant son étude minutieuse des laboratoires chimiques allemands qui se trouvaient systématiquement en dehors du centre-ville, dans un bâtiment séparé, pour des raisons de sécurité. Malheureusement, ses arguments n’ont pas été convaincants.


Très obstiné, Walthère Spring s’est rapidement mis en désaccord avec le conseil d’administration et ses collègues à l’université. Ces derniers nourrissaient de vieilles rancœurs : ils estimaient que Walthère Spring favorisait fortement ses propres intérêts et sa discipline dans ses plans de construction pour le site de Prés-Saint-Denis. À cause de son entêtement bourru, il s’est automatiquement retrouvé dans le camp des critiques des projets de construction extrêmement coûteux de l’université. Ces critiques provenaient principalement de la presse catholique et des politiciens de l’opposition catholique. Il est difficile de savoir si le désaccord entre le professeur de chimie et l’administration en était la cause. Toutefois, l’institut de Walthère Spring a été relégué au bas de l’agenda de la construction. De plus, il était le seul à être (en partie) situé dans l’ancien complexe universitaire, rue de l’Université, non loin du centre-ville. Compte tenu de l’exiguïté du site, les différentes branches de la discipline de chimie ont dû être réparties dans différents bâtiments, ce qui ne facilitait pas le bon déroulement des opérations. Walthère Spring a donc perdu sa bataille. Selon l’auteur A. Collignon, le professeur de chimie est resté amer, s’est isolé dans son laboratoire, n’a plus impliqué personne dans ses recherches et a rendu la vie difficile à ses étudiants.

Architecture

Un laboratoire pouvant accueillir quarante étudiants, à l’Institut de chimie générale (1892). Source: Comhaire, Université de Liège. Esquisse historique.

En 1885, les travaux d’aménagement de l’Institut de Chimie à la rue de l’Université ont donc débuté. Le bâtiment, érigé dans un style néoclassique, a pu être utilisé à partir de 1892 et était destiné aux sections de chimie industrielle et analytique. Bien que communément appelé Institut de Chimie, les étages supérieurs étaient occupés par d’autres services. Selon l’auteur Charles Comhaire, les professeurs n’ont pas eu leur mot à dire quant à l’apparence et à l’aménagement du bâtiment. L’Institut était divisé en deux sections, chacune disposant de ses propres laboratoires, salles de préparation, balances et salles d’évaporation. Lucien-Louis De Koninck, professeur en chimie analytique, et Goret, professeur en chimie industrielle se partageaient le grand amphithéâtre situé dans la section de chimie analytique pour leurs cours.


Le laboratoire de chimie analytique à l’époque de Laurent-Guillaume De Koninck Source: Comhaire, Université de Liège. Esquisse historique.


Parallèlement, la construction de plusieurs ailes et annexes a commencé le long du quai de l’Université afin d’accueillir la chimie générale. Walthère Spring et ses collègues ont cette fois pu apporter leur contribution, avec Walthère Spring lui-même chargé de la conception des plans de construction. Pour préserver l’autonomie du département de chimie générale, probablement pour des raisons de sécurité, il a été contraint de rompre la connexion avec l’ancien bâtiment principal. La section de chimie générale a emménagé dans ses nouveaux locaux en 1890. Ce bâtiment était conforme aux souhaits qu’avait Walthère Spring pour son Institut de Chimie. Le bâtiment ne comportait qu’un seul étage à cause des risques d’incendie et d’explosion. Il y avait également trois annexes, dont deux étaient adjacentes au bâtiment de la rue de l’Université. L’aménagement y était à la fois pratique et simple, avec un long couloir central desservant des locaux de chaque côté. D’un côté se trouvaient cinq petits laboratoires destinés à des recherches spéciales, un laboratoire pour les manipulations chimiques, une salle de pesée, un petit auditoire destiné aux doctorants pouvant accueillir jusqu’à cinquante personnes, une bibliothèque spécialisée et un salon de lecture. De l’autre côté du couloir se trouvait un grand amphithéâtre pour 250 étudiants, ainsi qu’une salle de préparation, une salle de prélèvement pour les réactifs chimiques et un cabinet d’instrument. Les annexes comprenaient, elles aussi, plusieurs laboratoires pour les étudiants et les doctorants. Tous les laboratoires étaient reliés au système de ventilation mécanique sophistiqué installé au sous-sol. Ce système évacuait chaque heure quatre mille mètres cubes d’air pollué du bâtiment. Un espace ouvert, sans toit mais avec un auvent, se trouvait derrière le troisième bâtiment et servait de salle d’évaporation.


Évolution

En 1968, le département de chimie a été l’un des premiers à déménager vers le nouveau campus de Sart-Tilman. Le bâtiment situé sur le quai accueille aujourd’hui la Faculté de Philosophie et Lettres.


Emplacement

Les bâtiments de l’ancien Institut de Chimie se situent rue de l’Université et quai de l’Université.


Bibliographie

  • Comhaire, Charles, Université de Liège. Esquisse historique sur les bâtiments universitaires, Luik, 1892.
  • Université de Liége. Inauguration solennelle des instituts universitaires le 24 novembre 1883, Luik, 1883.
  • Le mouvement scientifique en Belgique 1830-1905, volume 1, Luik, 1907.
  • Collignon, A., "A l’origine des grands Instituts universitaires liégeois: le vieux “Quartier de Bêche”", in: Revue médicale de Liège, 41 (1986), 755-775.
  • Claude, Jacqueline, Doppagne, Philippe, Duquenne-Herla, Kathleen (e.a.), Liber memorialis 1967-1992, Université de Liège, Luik, 1993.
  • Hamoir, G., Frère-Orban (1812-1896) et l’Université de Liège? Club Universitaire Réforme et Liberté, Luik, 1996.
  • Afbeeldingen van het gebouw waarin het Institut de Chimie huisde, zoals het er vandaag uitziet, op Wikimedia Commons, geraadpleegd op 5/10/2017.


Notes