Difference between revisions of "Laurent, Émile Ghislain (1861-1904)"
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Botaniste, professeur à l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut agricole de l’État à Gembloux]] né à Gouy-lez-Piéton, le 5 septembre 1861 ; décédé en mer, le 20 février 1904. Oncle de [[Laurent, Marcel (1879-1924)|Marcel Laurent (1879-1924)]]. | Botaniste, professeur à l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut agricole de l’État à Gembloux]] né à Gouy-lez-Piéton, le 5 septembre 1861 ; décédé en mer, le 20 février 1904. Oncle de [[Laurent, Marcel (1879-1924)|Marcel Laurent (1879-1924)]]. | ||
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− | Émile Laurent est né à Gouy-lez-Piéton (Courcelles), le 5 septembre 1861. Il fit ses humanités à l’école secondaire de Mons. En 1877, il s’inscrivit à l’[[ | + | Émile Laurent est né à Gouy-lez-Piéton (Courcelles), le 5 septembre 1861. Il fit ses humanités à l’école secondaire de Mons. En 1877, il s’inscrivit à l’[[École d'horticulture de l'État (Vilvorde)|École d’Horticulture de l’État à Vilvorde]] et acheva ses études en 1880. Dans le même temps, il arriva à la tête de la section « culture » de cette École et, deux années plus tard, fut nommé professeur de botanique. Il désirait cependant se perfectionner, rechercha pour ce faire un maître et le trouva dans la personne de [[Errera, Leo Abram (1858-1905)|Leo Errera]]<ref>Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 219.</ref>. Il travailla dans son laboratoire d’anatomie et de physiologie des plantes.<br/> |
− | Laurent fut admis à l’[[Université libre de Bruxelles|ULB]], devint candidat en sciences en 1886 et docteur en sciences naturelles en 1888. Le 1er octobre de la même année, il fut premier au concours universitaire de botanique.<ref>Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 683.</ref> Il visita aussi les laboratoires de l’Institut Pasteur et à la Sorbonne (attenants à la chaire de biologie chimique).<ref> Martens, Pierre, [http:// | + | Laurent fut admis à l’[[Université libre de Bruxelles|ULB]], devint candidat en sciences en 1886 et docteur en sciences naturelles en 1888. Le 1er octobre de la même année, il fut premier au concours universitaire de botanique.<ref>Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 683.</ref> Il visita aussi les laboratoires de l’Institut Pasteur et à la Sorbonne (attenants à la chaire de biologie chimique).<ref> Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 219.</ref><br/> |
Comme la charge d’enseignement de [[Malaise, Constantin Henri Gérard Louis (1834-1916)|Constantin Malaise (1834-1905)]] à l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut Agronomique de Gembloux]] devenait trop lourde, ce professeur souhaita la déléguer. Grâce à l’intervention de [[Errera, Leo Abram (1858-1905)|Leo Errera]], c'est Laurent qui l'obtint. En 1893, il fut promu au rang de professeur ordinaire.<br/> | Comme la charge d’enseignement de [[Malaise, Constantin Henri Gérard Louis (1834-1916)|Constantin Malaise (1834-1905)]] à l’[[Gembloux Agro-Bio Tech|Institut Agronomique de Gembloux]] devenait trop lourde, ce professeur souhaita la déléguer. Grâce à l’intervention de [[Errera, Leo Abram (1858-1905)|Leo Errera]], c'est Laurent qui l'obtint. En 1893, il fut promu au rang de professeur ordinaire.<br/> | ||
− | Il continua d’y développer la chaire de botanique. Il fit bâtir des serres, rassembla toute une collection de plantes et constitua un jardin botanique.<ref> Martens, Pierre, [http:// | + | Il continua d’y développer la chaire de botanique. Il fit bâtir des serres, rassembla toute une collection de plantes et constitua un jardin botanique.<ref> Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 220.</ref><br/> |
− | Il parvint aussi à mettre sur pied un laboratoire phytopathologique, ouvert au public. Ce laboratoire fut réalisé avec l’approbation du Ministère de l’Agriculture.<ref>Martens, Pierre, [http:// | + | Il parvint aussi à mettre sur pied un laboratoire phytopathologique, ouvert au public. Ce laboratoire fut réalisé avec l’approbation du Ministère de l’Agriculture.<ref>Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 221.</ref><br/> |
Après un premier voyage dans le Mayumbe en 1893, Émile Laurent mena deux autres expéditions au Congo, en 1895-96 et 1903-04. Elles furent aux fondements d’une organisation rationnelle des services agricoles et sylvicoles, ainsi que des expérimentations agricoles. Il rassembla à cette occasion des centaines d’herbiers-monstres et des plantes encore vivantes destinées à la serre tropicale de Gembloux. Sur ses recommandations fut créé le [[Jardin botanique d'Eala|jardin expérimental d’Eala]] par le « chef de culture » local, [[Gentil, Louis (1874-1958)|Louis Gentil]]. Avec le soutien du [[Jardin Botanique de Kisantu|jardin expérimental de Kisantu]], fondé à la même époque par le jésuite [[Gillet, Justin (1866-1943)|Justin Gillet]], ainsi que des serres coloniales de Laeken, le jardin expérimental d’Eala se développa jusqu’à devenir le centre d’un réseau d’introduction et d’acclimatation de plantes utiles pour l’homme. Une des plus remarquables découvertes de Laurent remonte à 1895. Elle concerne un plant de café en provenance de Lusambo, décrit à partir de 1900 sous le nom de ''Coffea laurentii''. En réalité, il s’agissait de ''Coffea canephora'', une espèce déjà connu au Gabon, et qui gagna rapidement une grande popularité.<ref> Marc Poncelet, Henri Nicolaï, Jacques Delhal, Jean-Jacques Symoens, [http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0044.php "De overzeese wetenschappen"], in Robert Halleux et al. (red.), ''Geschiedenis van de wetenschappen in België, 1815-2000'', vol 2, Brussel, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 257.</ref><br/> | Après un premier voyage dans le Mayumbe en 1893, Émile Laurent mena deux autres expéditions au Congo, en 1895-96 et 1903-04. Elles furent aux fondements d’une organisation rationnelle des services agricoles et sylvicoles, ainsi que des expérimentations agricoles. Il rassembla à cette occasion des centaines d’herbiers-monstres et des plantes encore vivantes destinées à la serre tropicale de Gembloux. Sur ses recommandations fut créé le [[Jardin botanique d'Eala|jardin expérimental d’Eala]] par le « chef de culture » local, [[Gentil, Louis (1874-1958)|Louis Gentil]]. Avec le soutien du [[Jardin Botanique de Kisantu|jardin expérimental de Kisantu]], fondé à la même époque par le jésuite [[Gillet, Justin (1866-1943)|Justin Gillet]], ainsi que des serres coloniales de Laeken, le jardin expérimental d’Eala se développa jusqu’à devenir le centre d’un réseau d’introduction et d’acclimatation de plantes utiles pour l’homme. Une des plus remarquables découvertes de Laurent remonte à 1895. Elle concerne un plant de café en provenance de Lusambo, décrit à partir de 1900 sous le nom de ''Coffea laurentii''. En réalité, il s’agissait de ''Coffea canephora'', une espèce déjà connu au Gabon, et qui gagna rapidement une grande popularité.<ref> Marc Poncelet, Henri Nicolaï, Jacques Delhal, Jean-Jacques Symoens, [http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0044.php "De overzeese wetenschappen"], in Robert Halleux et al. (red.), ''Geschiedenis van de wetenschappen in België, 1815-2000'', vol 2, Brussel, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 257.</ref><br/> | ||
− | En 1903, Laurent retourna au Congo. Il décéda en 1904, en pleine mer, à bord du paquebot ''Albertville'' alors qu’il retournait au pays.<ref> Martens, Pierre, [http:// | + | En 1903, Laurent retourna au Congo. Il décéda en 1904, en pleine mer, à bord du paquebot ''Albertville'' alors qu’il retournait au pays.<ref> Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 223.</ref><br/> |
− | Il était devenu membre correspondant de l’[[Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique - Koninklijke Vlaamse Academie van België voor wetenschappen en kunsten|Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique]]. En 1903, sa publication ''Recherches sur la synthèse des substances albuminoïdes'' fut saluée par cette Académie.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 702.</ref> En 1907, l’Académie instaura le [[Prix Émile Laurent]].<ref> Martens, Pierre, [http:// | + | Il était devenu membre correspondant de l’[[Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique - Koninklijke Vlaamse Academie van België voor wetenschappen en kunsten|Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique]]. En 1903, sa publication ''Recherches sur la synthèse des substances albuminoïdes'' fut saluée par cette Académie.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 702.</ref> En 1907, l’Académie instaura le [[Prix Émile Laurent]].<ref> Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 223.</ref><br/>Il était Chevalier de l’Ordre de Léopold et de l’Ordre du Congo.<ref>Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 702.</ref> |
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[[File:laurentaanhetwerk.jpg|left|320px|thumb| Laurent au travail. Source : ''Le mouvement scientifique.'']] | [[File:laurentaanhetwerk.jpg|left|320px|thumb| Laurent au travail. Source : ''Le mouvement scientifique.'']] | ||
− | La première publication de Laurent remonte à 1883, auprès de la [[Société royale de botanique de Belgique]], et traitait de la présence du mildiou ou ''peronospora'' dans la région de Vilvorde.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 687.</ref> Dans le laboratoire botanique de l’[[Université libre de Bruxelles|ULB]], il réalisa sa première étude microbiologique, notamment consacrée à la fermentation du pain.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 687.</ref> Entre 1889 et 1890, il écrivit plusieurs ouvrages de physiologie consacré à la levure (entre autres la levure de bière).<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 689.</ref> À l’Institut Pasteur, il développa un appareil permettant aux plantes de grandir en environnement clôt. <ref>Martens, Pierre, [http:// | + | La première publication de Laurent remonte à 1883, auprès de la [[Société royale de botanique de Belgique]], et traitait de la présence du mildiou ou ''peronospora'' dans la région de Vilvorde.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 687.</ref> Dans le laboratoire botanique de l’[[Université libre de Bruxelles|ULB]], il réalisa sa première étude microbiologique, notamment consacrée à la fermentation du pain.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 687.</ref> Entre 1889 et 1890, il écrivit plusieurs ouvrages de physiologie consacré à la levure (entre autres la levure de bière).<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 689.</ref> À l’Institut Pasteur, il développa un appareil permettant aux plantes de grandir en environnement clôt. <ref>Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 3, p. 219.</ref> Il publia d’innombrables travaux consacrés à la nutrition minérale des plantes.<ref> Lawalrée, André, [http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0022.php "De plantkunde"], In: {{Halleux 2}}, p. 252.</ref> Il étudia entre autres la réduction des nitrates et des nitrites par les algues, les champignons, mais aussi les bactéries. <ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 690.</ref><br/> |
Sur invitation de l’État Indépendant du Congo, il réalisa trois voyages en Afrique ; il s’y consacra aux questions agricoles, mais rassembla aussi une précieuse documentation sur la flore et la végétation. <ref> Lawalrée, André, [http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0022.php "De plantkunde"], In: {{Halleux 2}}, p. 252.</ref> Il étudia aussi l’usage médicinal des plantes de la colonie.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 697.</ref><br/> | Sur invitation de l’État Indépendant du Congo, il réalisa trois voyages en Afrique ; il s’y consacra aux questions agricoles, mais rassembla aussi une précieuse documentation sur la flore et la végétation. <ref> Lawalrée, André, [http://www.dbnl.org/tekst/hall014gesc02_01/hall014gesc02_01_0022.php "De plantkunde"], In: {{Halleux 2}}, p. 252.</ref> Il étudia aussi l’usage médicinal des plantes de la colonie.<ref> Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 697.</ref><br/> | ||
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− | * Liste des publications dans: Gravis, A., [http:// | + | * Liste des publications dans: Gravis, A., [http://www.academieroyale.be/academie/documents/LAURENTEmileARB_19098125.pdf "Laurent Emile"], in: ''Annuaire ARB'', v. 1909, p. 113-119.<br/> |
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*De Wildeman, E., [http://www.kaowarsom.be/nl/notices_laurent_emile_ghislain "Laurent (Emile Ghislain)"], in: ''Biographie Coloniale Belge'', 3 (1952), 587-591. | *De Wildeman, E., [http://www.kaowarsom.be/nl/notices_laurent_emile_ghislain "Laurent (Emile Ghislain)"], in: ''Biographie Coloniale Belge'', 3 (1952), 587-591. | ||
*Notice biographique in: De Wildeman, E.,''Mission Emile Laurent (1903-1904)'', volume 1, [ix]-xxv. | *Notice biographique in: De Wildeman, E.,''Mission Emile Laurent (1903-1904)'', volume 1, [ix]-xxv. | ||
− | * Martens, Pierre, [http:// | + | * Martens, Pierre, [http://www.academieroyale.be/academie/documents/FichierPDFNouvelleBiographieNational2105.pdf#page=222 "Emile Laurent"], in: ''Nouvelle Biographie Nationale'', vol. 2, p. 219-224. |
* [http://www.br.fgov.be/PUBLIC/GENERAL/HISTORY/laurent.php "Emile Laurent"], in: National Botanic Garden, History | * [http://www.br.fgov.be/PUBLIC/GENERAL/HISTORY/laurent.php "Emile Laurent"], in: National Botanic Garden, History | ||
* Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 683-703. | * Brien, Paul, "Emile Laurent", in ''Florilège des sciences en Belgique'', 1968, p. 683-703. | ||
− | * Gravis, A., [http:// | + | * Gravis, A., [http://www.academieroyale.be/academie/documents/LAURENTEmileARB_19098125.pdf "Laurent Emile"], in: ''Annuaire ARB'', année 1909, p. 47-112. |
*''Le mouvement scientifique en Belgique 1830-1905'', volume 1, Liège, 1907.<br/> | *''Le mouvement scientifique en Belgique 1830-1905'', volume 1, Liège, 1907.<br/> | ||
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Latest revision as of 10:33, 24 August 2021
Botaniste, professeur à l’Institut agricole de l’État à Gembloux né à Gouy-lez-Piéton, le 5 septembre 1861 ; décédé en mer, le 20 février 1904. Oncle de Marcel Laurent (1879-1924).
Biographie
Émile Laurent est né à Gouy-lez-Piéton (Courcelles), le 5 septembre 1861. Il fit ses humanités à l’école secondaire de Mons. En 1877, il s’inscrivit à l’École d’Horticulture de l’État à Vilvorde et acheva ses études en 1880. Dans le même temps, il arriva à la tête de la section « culture » de cette École et, deux années plus tard, fut nommé professeur de botanique. Il désirait cependant se perfectionner, rechercha pour ce faire un maître et le trouva dans la personne de Leo Errera[1]. Il travailla dans son laboratoire d’anatomie et de physiologie des plantes.
Laurent fut admis à l’ULB, devint candidat en sciences en 1886 et docteur en sciences naturelles en 1888. Le 1er octobre de la même année, il fut premier au concours universitaire de botanique.[2] Il visita aussi les laboratoires de l’Institut Pasteur et à la Sorbonne (attenants à la chaire de biologie chimique).[3]
Comme la charge d’enseignement de Constantin Malaise (1834-1905) à l’Institut Agronomique de Gembloux devenait trop lourde, ce professeur souhaita la déléguer. Grâce à l’intervention de Leo Errera, c'est Laurent qui l'obtint. En 1893, il fut promu au rang de professeur ordinaire.
Il continua d’y développer la chaire de botanique. Il fit bâtir des serres, rassembla toute une collection de plantes et constitua un jardin botanique.[4]
Il parvint aussi à mettre sur pied un laboratoire phytopathologique, ouvert au public. Ce laboratoire fut réalisé avec l’approbation du Ministère de l’Agriculture.[5]
Après un premier voyage dans le Mayumbe en 1893, Émile Laurent mena deux autres expéditions au Congo, en 1895-96 et 1903-04. Elles furent aux fondements d’une organisation rationnelle des services agricoles et sylvicoles, ainsi que des expérimentations agricoles. Il rassembla à cette occasion des centaines d’herbiers-monstres et des plantes encore vivantes destinées à la serre tropicale de Gembloux. Sur ses recommandations fut créé le jardin expérimental d’Eala par le « chef de culture » local, Louis Gentil. Avec le soutien du jardin expérimental de Kisantu, fondé à la même époque par le jésuite Justin Gillet, ainsi que des serres coloniales de Laeken, le jardin expérimental d’Eala se développa jusqu’à devenir le centre d’un réseau d’introduction et d’acclimatation de plantes utiles pour l’homme. Une des plus remarquables découvertes de Laurent remonte à 1895. Elle concerne un plant de café en provenance de Lusambo, décrit à partir de 1900 sous le nom de Coffea laurentii. En réalité, il s’agissait de Coffea canephora, une espèce déjà connu au Gabon, et qui gagna rapidement une grande popularité.[6]
En 1903, Laurent retourna au Congo. Il décéda en 1904, en pleine mer, à bord du paquebot Albertville alors qu’il retournait au pays.[7]
Il était devenu membre correspondant de l’Académie royale des sciences des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. En 1903, sa publication Recherches sur la synthèse des substances albuminoïdes fut saluée par cette Académie.[8] En 1907, l’Académie instaura le Prix Émile Laurent.[9]
Il était Chevalier de l’Ordre de Léopold et de l’Ordre du Congo.[10]
Travaux
La première publication de Laurent remonte à 1883, auprès de la Société royale de botanique de Belgique, et traitait de la présence du mildiou ou peronospora dans la région de Vilvorde.[11] Dans le laboratoire botanique de l’ULB, il réalisa sa première étude microbiologique, notamment consacrée à la fermentation du pain.[12] Entre 1889 et 1890, il écrivit plusieurs ouvrages de physiologie consacré à la levure (entre autres la levure de bière).[13] À l’Institut Pasteur, il développa un appareil permettant aux plantes de grandir en environnement clôt. [14] Il publia d’innombrables travaux consacrés à la nutrition minérale des plantes.[15] Il étudia entre autres la réduction des nitrates et des nitrites par les algues, les champignons, mais aussi les bactéries. [16]
Sur invitation de l’État Indépendant du Congo, il réalisa trois voyages en Afrique ; il s’y consacra aux questions agricoles, mais rassembla aussi une précieuse documentation sur la flore et la végétation. [17] Il étudia aussi l’usage médicinal des plantes de la colonie.[18]
Publications
- Liste des publications dans: Gravis, A., "Laurent Emile", in: Annuaire ARB, v. 1909, p. 113-119.
Bibliographie
- De Wildeman, E., "Laurent (Emile Ghislain)", in: Biographie Coloniale Belge, 3 (1952), 587-591.
- Notice biographique in: De Wildeman, E.,Mission Emile Laurent (1903-1904), volume 1, [ix]-xxv.
- Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 2, p. 219-224.
- "Emile Laurent", in: National Botanic Garden, History
- Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 683-703.
- Gravis, A., "Laurent Emile", in: Annuaire ARB, année 1909, p. 47-112.
- Le mouvement scientifique en Belgique 1830-1905, volume 1, Liège, 1907.
Notes
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 219.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 683.
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 219.
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 220.
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 221.
- ↑ Marc Poncelet, Henri Nicolaï, Jacques Delhal, Jean-Jacques Symoens, "De overzeese wetenschappen", in Robert Halleux et al. (red.), Geschiedenis van de wetenschappen in België, 1815-2000, vol 2, Brussel, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 257.
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 223.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 702.
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 223.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 702.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 687.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 687.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 689.
- ↑ Martens, Pierre, "Emile Laurent", in: Nouvelle Biographie Nationale, vol. 3, p. 219.
- ↑ Lawalrée, André, "De plantkunde", In: Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000 sous la dir. De Robert Halleux, t. 2, Bruxelles, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 252.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 690.
- ↑ Lawalrée, André, "De plantkunde", In: Histoire des sciences en Belgique, 1815-2000 sous la dir. De Robert Halleux, t. 2, Bruxelles, Dexia/La Renaissance du Livre, 2001, p. 252.
- ↑ Brien, Paul, "Emile Laurent", in Florilège des sciences en Belgique, 1968, p. 697.