Méridienne de Quetelet à Malines
Méridienne construite par Adolphe Quetelet en 1838, à Malines.
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Présentation
Aujourd’hui, il reste peu de traces de la méridienne de Quetelet. Le tracé de la méridienne ancré dans le sol a disparu. La colonne milliaire de 6,4 mètres de haut, qui projetait l’ombre du soleil sur la ligne à midi vrai, peut toujours être contemplée sur la place devant la gare, à une dizaine de mètres de l’endroit où elle servait de gnomon. Le monument en pierre bleue surmonté d’un cône pointu en métal a été placé sur un socle composé de quatre colonnes en granit de cinq mètres de haut chacune. En souvenir de la fonction de la colonne milliaire, qui servait de gnomon, des plaques de cuivre ont été placées sur le sol de la place, marquant la position de l’ombre de la colonne milliaire au moment du solstice d’été et du solstice d’hiver.
Historique
L'astronome Adolphe Quetelet a élaboré cette méridienne à la demande des autorités (arrêté royal de février 1836). Cette installation faisait partie d’un vaste projet d’aménagement qui prévoyait d’établir pas moins de 41 méridiennes, dont 10 verront finalement le jour, à différents endroits du pays. Grâce à ce projet, les autorités voulaient coordonner le temps dans le pays. En effet, à cette époque-là, les villes et villages avaient tous leur propre méthode de détermination du temps, ce qui engendrait parfois des écarts de temps pouvant aller jusqu’à 25 minutes entre certains endroits de Belgique. Les méridiennes de Quetelet permettaient de lire bien plus facilement le midi solaire en un lieu donné. Au moyen de calculs et de comparaisons dans des tableaux de concordance, il était ainsi possible de déterminer précisément l’heure moyenne à cet endroit et dans d’autres villes.
En raison du développement du réseau ferroviaire belge (depuis 1835), l’harmonisation des heures était urgente. En effet, le décalage horaire entravait la ponctualité des trains, ce qui était non seulement embêtant, mais aussi et surtout extrêmement dangereux sur les tronçons où les trains empruntaient la même voie dans les deux sens. On devait donc savoir si le train venant en sens inverse était déjà passé.
Il était stipulé dans l’arrêté royal que Quetelet devait d’abord s’occuper des villes proches des chemins de fer, telles que Malines qui était, à cette époque, le point central du réseau ferroviaire belge. Quetelet a fait de la colonne milliaire de Malines le gnomon de sa méridienne. Cette colonne milliaire avait été construite en 1835 pour marquer le point zéro du réseau de chemin de fer. L’objectif était de tracer toutes les distances des liaisons ferroviaires à partir de là, mais après son déplacement quelques années plus tard, la colonne n’avait plus d’utilité. Avec son bout pointu, la colonne milliaire semblait, selon l’astronome bruxellois, avoir été faite pour servir de gnomon. Ce n’était pas un faisceau de lumière d’un oculus, mais bien une ombre qui coïnciderait alors avec la méridienne.
En septembre 1838, tous les travaux préparatoires étaient terminés : derrière la colonne milliaire se trouvait une bande de pierre bleue d’une largeur de 50 centimètres et d’une longueur de 21 mètres, qui était partagée en son milieu par une ligne orientée nord-sud. Le matériau utilisé pour faire le tracé de la méridienne n’est pas déterminé, mais il s’agit probablement d’une fine bande cuivrée.
Cependant, quelques années seulement après la construction de la méridienne, tout le système est devenu inutile. Les conducteurs de train prenaient une horloge avec eux et à partir de 1840, le télégraphe permettait de communiquer rapidement l'heure exacte. La méridienne est donc tombée en désuétude. La méridienne et la colonne milliaire ont définitivement perdu leur fonction d'instrument de mesure du temps à cause du déplacement de cette dernière en 1878. En 1980, à l'occasion du 150e anniversaire de la Belgique et après de nombreux déplacements, la colonne milliaire est finalement arrivée à sa place actuelle, où on peut encore l'admirer aujourd'hui : sur la place devant la gare de Malines, où elle est à nouveau à son point zéro. En 1998, lors de la rénovation de la place, elle a été érigée sur quatre colonnes, de sorte que la colonne milliaire surplombe désormais ses alentours. Sa fonction de gnomon est également rappelée lorsque, pendant les solstices d'été et d'hiver, l'ombre du sommet de la colonne milliaire est projetée sur deux plaques de cuivre placées sur la place.
Emplacement
Lors du choix d’un emplacement convenable pour la méridienne de Malines, Quetelet a d’abord pensé à la cathédrale Saint-Rombaut, comme il l'avait déjà fait pour les méridiennes existantes de Bruxelles, Termonde et Anvers, entre autres. Toutes étaient logées dans des édifices religieux. Cependant, cette option a rapidement été écartée, car la cathédrale de Malines était mal orientée. Entre-temps, Quetelet avait aussi constaté que les églises étaient souvent fermées au public aux alentours de midi. C’est pourquoi l'astronome bruxellois a opté pour une approche différente. Au lieu d'un oculus projetant un faisceau de lumière sur la méridienne, il a préféré la technique inverse, utilisant l'ombre. La colonne milliaire des chemins de fer de Malines, tombée en désuétude, lui semblait idéale à cet égard. Le ministre a fait part à Quetelet de son accord avec son choix, mais s’est demandé si l'emplacement était suffisamment accessible pour permettre au grand public d'utiliser la méridienne. Apparemment, Quetelet, qui était néanmoins sensible à cet argument, n’y a vu aucun problème. Peu de temps après, la méridienne était construite. Pour les lignes plus récentes, notamment àLierre, Bruges et Ostende, Quetelet a surtout préféré utiliser l'ombre dans des espaces ouverts.
Bibliographie
- Quetelet, Adolphe, "Rapport", dans: Correspondance mathématique et physique, 11 (1839), 314-329.
- Van Boxmeer, Henri, “Poussières d’archives. Des méridiennes de Quetelet. De celle de Malines”, dans: Ciel et terre, 111 (1995), 22-24.
- Vandenbruaene , Jan, Astronomische gids voor België, Brussel, 2009, 170.
- “De mijlpaal”, sur: Standbeelden.be, consulté le 5/06/2016.
- Lariviere, Paul, “En de mijlpaal … hij reisde voort”, dans: Het Spoor, (1980), nr. 9, overgenomen op Rixke Rail’s Archives, consulté le 5/06/2016.