Ganda-Congo

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Institution d’enseignement annexée à l’Université de Gand, fondée sur papier en 1956 à Kisantu (Congo belge), avec pour mission de former des infirmiers et de faire des recherches en médecine tropicale.



Préliminaires

Bien que le projet Ganda-Congo n’ait vu le jour qu’en 1956, les universitaires gantois n’ont pas attendu cette époque pour s’intéresser au Congo. En 1946, l’agronome et professeur Lode De Wilde fonda le Koloniale Universitaire Studiekring. Il ambitionnait la création d’une association à l’échelle de l’université, qui stimulerait les anciens élèves à entreprendre une carrière coloniale. Parmi les membres d’honneur de ce Cercle d’étude, on rencontrait le médecin Jean-Jacques Bouckaert, le professeur de littérature et africaniste Amaat Burssens, et le médecin vétérinaire Lodewijk Geurden.


En matière coloniale, Gand était à la traîne par rapport aux autres universités. Les étudiants et professeurs gantois n’étaient que modérément intéressés par l’aventure congolaise, plutôt considérée comme une entreprise catholique et francophone. De plus, le Ministère des Colonies, sous le contrôle des catholiques, ne mettait pas à disposition des universités de l’État les financements nécessaires pour stimuler l’enseignement officiel en Outre-Mer. C’était ce problème qui turlupinait De Wilde et son Cercle d’étude universitaire gantois : pour lui, il était grand temps qu’un contrepoids flamand émerge dans la colonie, grâce à la naissance d’une expertise flamande.


Les ambitions d’émancipation flamande avaient beau être au moins aussi fortes que l’appel missionnaire de l’Université catholique, elles ne débouchèrent cependant sur aucune implantation gantoise Outre-Mer au cours des dix années suivantes. En 1947, pourtant, le recteur Edgar Blancquaert avait mis en place la Congocommissie. Ses membres avaient notamment pour mission d’étudier la mise en place d’une filiale de l’Université de Gand au Congo. Le professeur de pharmacie Romain Ruyssen, l’hydrobiologiste Paul Van Oye et l’ingénieur civil Karel Bollenier, entre autres, étaient membres de cette commission. Van Oye et Bollenier s’étaient déjà frotté aux réalités congolaises. L’un et l’autre avaient effectué des missions sur le terrain au service du Ministère des Colonies. Seuls deux membres du Koloniale Universitaire Studiekring se joignirent à la nouvelle commission.


La Congocommissie végéta pendant ses huit premières années d’existence. Elle reprit vie en 1955, lorsque de nouveaux experts renommés pour leur connaissance du Congo firent leur entrée, notamment Frans Olbrechts, historien de l’art et directeur du Musée royal de l’Afrique centrale ; Victor Van Straelen, géologue et paléontologue ; Armand Hacquaert, professeur de géographie ; Rene Tavernier, professeur de géologie et membre de l’INEAC ; ou encore Jean-Jacques Bouckaert. Avec ces nouveaux membres, c’étaient aussi leurs réseaux qui entraient dans la Commission. Certains étaient ainsi liés à l’Université officielle du Congo belge et du Ruanda-Urundi, à l’IRSAC, à l’INEAC et à l’Institut des Parcs Nationaux du Congo. À la même époque, le gouvernement changea et un libéral se retrouva à la tête du Ministère des Colonies. Il devenait possible d’obtenir des subsides pour les projets coloniaux des universités de l’État. Ces projets universitaires cadraient en outre parfaitement avec le nouvel élan du colonialisme de développement que le pouvoir colonial belge choisit d’adopter après la dernière guerre mondiale. On commença à parler d’un centre universitaire médical et scientifique au Congo : Ganda-Congo.


Création


Le 23 mai 1956, Ganda-Congo fut officiellement créé comme institution d’utilité publique. La Congocommissie fusionna avec ce nouvel organisme. La mission de Ganda-Congo était d’établir un campus colonial. L’Université de Gand était alors la dernière université à s’engager dans l’aventure coloniale. En 1954 déjà, l’Université Lovanium avait connu sa première année académique : un véritable couronnement de trois décennies de présence louvaniste sous les tropiques (avec la [Fondation médicale de l'Université de Louvain au Congo|FOMULAC]] en CADULAC). Les universités de Bruxelles et de Liège avaient elles aussi déjà lancé leurs projets Outre-Mer.


Deux commissions furent mises en place et les professeurs universitaires se mirent au travail. Ganda-Congo interdisciplinair’, sous la conduite de Tavernier, se divisa en groupes de travail selon le domaine des recherches des membres.[1] Cette division supposait de facto un obstacle à l’exécution d’un projet commun, celui du centre scientifique. ‘Ganda-Congo medisch’, au contraire, avait directement pris son envol. Cette commission se trouvait sous la direction de Bouckaert, secondé par le médecin expérimenté Pieter Gustaaf Janssens. En peu de temps, on engagea un architecte, on fit un voyage d’étude et on dressa les plans d’un centre médical. Ganda-Congo medisch allait rapidement éclipser sa commission-sœur.

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Emplacement et fondation

En tant que dernier venu sur la scène universitaire colonial, Gand n’avait plus à sa disposition que des sites moins confortables et moins bien désenclavés. Les membres de la commission avaient une préférence pour le riche Katanga prisé par les investisseurs, mais Liège s’en était déjà emparé. Il ne restait plus qu’à s’installer dans un endroit attribué par les autorités, en échange de subsides : Ambaki, dans la province d’Ituri, dans le nord-est du Congo. Cette région était effectivement intéressante d’un point de vue scientifique. Les pathologies y étaient fort diverses et la population assez dense, avec notamment des ouvriers de la mine d’or de Kilo-Moto. Dans un lieu pareil, un hôpital pourrait se rendre utile. De plus, la région présentait une belle diversité biologique et géographique, avec de la savane, des forêts et des montagnes. Le Lac Albert tout proche livrait un amplement matière à études dans le domaine de l’hydrobiologie ou de la pêche.
À la demande de Bouckaert, l’architecte gantois Jan Cnops établit le plan d’un hôpital de 360 lits, avec maternité, polycliniques, logements pour les infirmiers et les assistants congolais, et villas pour les médecins. L’architecte gantois s’y connaissait en construction d’hôpitaux pour les pays tropicaux. Cette fois, le défi consistait à répondre aux besoins de l’institution médicale tout en tenant compte dans ses plans du relief accidenté du terrain. Un centre de recherche serait aussi construit. La mission de Ganda-Congo était de former le personnel hospitalier congolais, d’offrir des stages aux étudiants belges et au personnel scientifique, de faire des recherches et de garantir les services de l’hôpital. Il s’agissait de toute évidence d’une vaste entreprise, pour laquelle Bouckaert eut bien de la peine à rassembler des fonds. Outre les subsides publics et les fonds prévus par l’université, il obtint, après d’interminables négociations, le soutien financier du gouvernement général du Congo belge, de la Loterie coloniale et de sociétés privées. Au cours des vacances de l’été 1958, et à nouveau en 1949, les professeurs et leurs assistants effectuèrent des voyages de prospection pour tracer des pistes de recherche. Avant 1960, l’hôpital put délivrer ses premiers services dans des abris temporaires proches du site, avec un appareillage limité. La direction fut confiée à un médecin tout juste diplômé, M. Lambrecht ; et les activités de laboratoire étaient supervisées par l’épouse de celui-ci. Les activités de recherche furent aussi lancées, avec différents projets. Il en parut quatre publications.


Fin


Les travaux de terrassement étaient terminés et les premières plaques en béton posées lorsque l’indépendance mis brusquement fin aux travaux de construction. Les assistants et les professeurs présents prirent leurs jambes à leur cou. Initialement, ils pensaient que cette période de tumulte ne durerait qu’un temps et que les travaux pourraient reprendre. Lors de la proclamation des diplômés de médecine en 1962, on lança à nouveau un appel aux candidats pour Ganda-Congo. La réalité des années suivantes monta cependant qu’il n’y avait pas de place dans le nouveau Congo pour les initiatives de l’ancien occupant, tandis que l’intérêt pour le Congo alla déclinant dans l’Alma Mater gantoise.


Bibliographie


Notes

  1. Ainsi, le groupe de travail géologie était dirigé par Tavernier, celui d’agronomie par Lode De Wilde, celui de Biologie par Lucien De Coninck, celui de pharmacologie par Romain Buyssen. Burssens prit la tête du groupe de travail d’anthropologie, André Vlerick de celui d’économie et William De Coster de celui de psychologie.